Démystifier les mythes entourant le tabagisme et le vapotage

Démystifier les mythes entourant le tabagisme et le vapotage

Bien que le tabac soit présent dans notre environnement depuis des années, de nombreux mythes et croyances persistent. Dans cet article, Info-tabac a décidé de s’attaquer aux mythes les plus répandus dans la population générale, mais également chez les professionnels de la santé.

Démystifier les mythes entourant le tabagisme et le vapotage

Habitude de vie ou dépendance?
Le tabac est une habitude de vie – fumer est un choix

Le tabagisme n’est pas une habitude de vie. C’est  une dépendance occasionnée par la nicotine contenue dans le produit. Drogue psychostimulante, la nicotine entraine rapidement une dépendance. Le tabagisme peut également être considéré comme une maladie chronique.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : La stigmatisation en santé, un frein à la réussite de l’arrêt tabagique

Les personnes qui n’arrêtent pas de fumer manquent de volonté

Ces personnes ne manquent pas de volonté. La nicotine contenue dans les produits du tabac crée une forte dépendance. Santé Canada la compare à celle de la cocaïne ou de l’héroïne. La volonté d’une personne n’est pas impliquée dans ce processus.

Fumeur un jour, fumeur toujours

Un grand nombre de personnes réussissent à cesser de fumer. Au Québec, en 2015, 18,6 % de la population fumait comparativement à 13,2 % en 2022. Cette diminution indique donc qu’il est possible pour les personnes qui fument d’écraser définitivement.

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Une démarche d’arrêt tabagique peut varier en difficulté, puisqu’il s’agit d’un processus propre à chaque individu. Les personnes qui fument peuvent augmenter le taux de réussite de leur cessation en ayant recours à des thérapies de remplacement de la nicotine (TRN), des aides pharmacologiques comme la varénicline ou le bupropion, à  du counseling et à un réseau de soutien.

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Le tabagisme et l’économie dans tout ça?
Les cigarettes sont beaucoup taxées. Le gouvernement fait de l’argent avec ça

Le gouvernement perçoit effectivement des taxes sur les cigarettes, mais les revenus engendrés sont bien loin de couvrir tous les coûts associés au tabagisme (soins de santé, incendie, décès, etc.). De plus, les produits du tabac ne sont pas soumis à la taxe de vente du Québec (TVQ). En 2022-2023, la taxe-tabac a rapporté 899 millions de dollars. Les coûts directs du tabagisme sont de 1,2 milliard de dollars. Et quand on considère les coûts indirects, cela augmente à 3,7 milliards de dollars. Le Québec est également la province qui taxe le moins les produits du tabac : près de 30 $ de moins que la moyenne des autres provinces et territoires du Canada.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : État des lieux : les coûts et méfaits de la consommation du tabac au Québec.

La consommation de tabac est bonne pour l’économie

L’industrie du tabac est puissante et emploie un grand nombre de personnes. Il s’agit également d’un choix sociétal. La santé économique prime-t-elle sur la santé des populations? Notons qu’en l’absence de tabac, les gens dépenseraient dans d’autres biens et services qui à leur tour créeraient de nouveaux emplois et de nouvelles opportunités économiques afin de compenser les pertes de revenus provenant de l’industrie du tabac.

Et les campagnes de sensibilisation dans tout ça?
Ce n’est pas nécessaire d’en parler, on en parle déjà partout depuis longtemps

Plusieurs études montrent qu’une exposition répétée à des messages sur les bienfaits et l’importance de la cessation tabagique par exemple, suscitera une meilleure assimilation de l’information. L’impact est encore plus grand lorsqu’il s’agit d’un professionnel de la santé qui en parle, que ce soit un médecin, un pharmacien, un psychologue, etc., notamment en raison de son statut professionnel et de sa crédibilité.

Le problème du tabagisme n’est pas résolu, puisque près de 13 % de la population fume encore au Québec. Des études démontrent   que la baisse de la prévention dans un domaine entraine souvent un retour des problématiques, notamment pour celles qui sont liées à la santé. Sans compter que lesnouvelles générations sont susceptibles de consommer des produits du tabac.

Tout le monde sait que fumer c’est mauvais pour la santé

La majorité des gens savent que fumer est néfaste pour la santé. Il ne faut pas oublier les nouvelles générations qui commencent à consommer ces produits. Sans compter tous les nouveaux articles à base de nicotine mis sur le marché : pochettes de nicotine, perles de nicotine, etc. Les industries du tabac regorgent d’imagination pour attirer de nouveaux consommateurs. Certains mythes persistent également chez les personnes plus âgées qui ont grandi dans une société où le tabagisme était beaucoup plus présent et normalisé.

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De plus, bien des gens ne connaissent pas tous les méfaits qui y sont associés. Il est connu que le tabagisme est l’une des premières causes du cancer du poumon. Les produits du tabac sont également des facteurs de risque dans 16 cancers, sans compter leur implication dans les maladies cardiovasculaires, les problèmes de fertilité, etc. Certains problèmes de santé visent un sexe plus spécifique. Les femmes risquent plus de développer de l’ostéoporose, par exemple. Les hommes sont deux à trois fois plus atteints de cancer de la bouche que les femmes.

Les campagnes de peur ne fonctionnent pas

Un rapport de l’INSPQ mentionne que les messages clés des campagnes axées sur les effets négatifs du tabagisme pour la santé sont plus efficaces auprès de tous les groupes sociaux. De plus, il s’agit de la meilleure stratégie afin de joindre les groupes sociaux défavorisés comparativement aux messages clés portant sur la norme sociale, l’industrie du tabac ou sur les façons d’arrêter de fumer. Les messages clés qui utilisent des témoignages, des représentations visuelles et qui évoquent des émotions fortes ont plus d’impact auprès des groupes défavorisés que les messages conventionnels et informatifs.

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Le problème du tabagisme est déjà réglé

La problématique du tabagisme est toujours présente. On compte encore près d’un million de personnes qui fument au Québec. Environ 13 000  personnes décèdent des suites du tabagisme chaque année au Québec. Ce chiffre monte à 8 millions pour la population mondiale.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : Endgame : une lutte sans merci contre le tabac

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Et la santé dans tout ça?
Ça fait longtemps que je fume, ça ne sert à rien d’arrêter

Les bienfaits de la cessation tabagique se font sentir dès les premières minutes suivant la dernière cigarette. Même si la personne fume depuis longtemps, elle y verra des bénéfices; il y aura une diminution des risques de plusieurs maladies, comme les maladies cardiovasculaires, son risque de développer un cancer diminuera, son espérance de vie augmentera.

L’espérance de vie d’une personne qui arrête de fumer à 60 ans peut augmenter de trois ans.

Si la fumée de cigarette n’est pas inhalée, il n’y a pas de danger

La fumée de cigarette entre dans la bouche et affecte tout de même la cavité buccale. De plus, l’exposition à la fumée secondaire reste tout aussi nocive que l’inhalation de la fumée de cigarette. La fumée secondaire contient des milliers de produits chimiques, dont plus de 70 carcinogènes.

Fumer occasionnellement ou peu n’est pas dommageable pour la santé

Il n’existe pas de seuil sécuritaire en dessous duquel fumer est sans danger. Certaines maladies, comme le cancer du poumon, sont doses-réponses dépendantes. D’autres maladies, comme les maladies cardiovasculaires, sont plus susceptibles d’être développées à la suite d’une consommation quotidienne de trois à cinq cigarettes seulement. Même si la consommation de tabac est occasionnelle, on note tout de même une exposition à des produits chimiques présents dans les cigarettes et dans la fumée secondaire. Cependant, il a été démontré qu’une personne qui ne désire pas cesser de fumer augmente ses probabilités de réussite en réduisant sa consommation quotidienne de cigarettes.

Les filtres rendent les cigarettes moins dangereuses

Les filtres n’ont aucun effet sur la dangerosité du produit et apportent un faux sentiment de sécurité aux personnes qui fument. Il s’agit d’une stratégie de l’industrie du tabac mise en place dans les années 50 afin d’apaiser les consommateurs se questionnant sur la sécurité du produit et son lien de causalité avec le cancer du poumon. Le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon était peu connu du grand public à ce moment, ce lien n’ayant été clairement établi qu’en 1964. La commercialisation des filtres a d’ailleurs été qualifiée de fraude la plus meurtrière de l’histoire de la civilisation humaine dans The New-York Times Magazine.

Fumer aide à relaxer

Fumer aide à soulager les symptômes de manque de nicotine. Lorsqu’une personne fume et qu’elle se sent détendue, c’est parce que la nicotine contenue dans la cigarette comble l’état de manque (de nicotine) dans lequel la personne se trouvait. La fausse détente ressentie survient lorsque les symptômes de sevrage dus à la dépendance à la nicotine sont apaisés.

Le tabac naturel est sans danger, ce sont les fabricants qui le rendent mauvais

Traditionnelles ou naturelles, les cigarettes contiennent du tabac et libèrent des produits chimiques et carcinogènes lorsqu’elles sont consommées. C’est le tabac contenu dans les cigarettes qui pose un problème lorsque celui-ci est brulé. Et c’est la nicotine contenue dans le tabac qui cause la dépendance. Pour ce qui est des produits de vapotage, lorsque le e-liquide est chauffé, il y a une libération de produits chimiques et une exposition à des produits carcinogènes.

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La cessation tabagique et les troubles de santé mentale dans tout ça?

Nombreux sont les mythes entourant le tabagisme et les problèmes de santé mentale. Proposer et discuter de la cessation tabagique avec les personnes atteintes d’un trouble de santé mentale (TSM) peut sembler être une mauvaise utilisation des ressources pour certains estimant que des problèmes plus importants doivent être gérés. Mais en sachant que la cessation tabagique procure des bienfaits sur les plans physique, psychologique et émotionnel, il est essentiel d’en faire une priorité dans notre façon de traiter les personnes atteintes d’un TSM. Il ne faut pas oublier le côté pratique de la cessation tabagique : un surplus d’argent, une meilleure acceptabilité sociale et de meilleures habitudes de vie accompagnent généralement l’arrêt tabagique. De plus, 32 % des gens atteints de TSM fument. Ce taux grimpe à 66 % chez les personnes atteintes d’un TSM sévère et un grand nombre de celles-ci se retrouvent dans un contexte socioéconomique défavorisé. Toutes ces conditions font en sorte d’ajouter des obstacles à la cessation tabagique, d’où l’importance d’en discuter.

La cigarette n’est pas une dépendance grave ou importante (comparativement à certaines drogues)

Le tabagisme est une dépendance qui en accompagne souvent une autre, comme la dépendance à l’alcool. Cependant, on lui accorde moins d’importance, possiblement à cause des fausses croyances qui entourent le tabagisme. Bien que le tabac ait des effets psychoactifs moins intenses que d’autres substances, ses méfaits sur la santé physique et psychologique sont indéniables. Puisque l’arrêt tabagique aide à diminuer les symptômes causés par un TSM, comme le stress et l’anxiété, il devrait toujours être proposé comme traitement par les professionnels de la santé.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : Les torts du tabac en psychiatrie

La consommation de tabac aide les personnes atteintes de troubles mentaux graves à gérer leurs problèmes de manière plus efficace – Les personnes souffrant de troubles mentaux utilisent le tabac comme automédication.

La nicotine contenue dans la cigarette aggrave les symptômes associés aux TSM. Et comme la nicotine interfère avec les médicaments, souvent le dosage de ceux-ci doit être revu à la hausse.

Si les personnes prenant des médicaments pour leurs troubles mentaux ne consommaient pas de tabac, leur dosage de médicaments devrait être plus élevé.

En fait, c’est l’inverse qui se produit. Lors d’un processus d’arrêt tabagique, il est important pour une personne atteinte d’un TSM d’être accompagnée par un professionnel de la santé. La nicotine contenue dans le tabac peut interférer avec certains médicaments comme les antipsychotiques et réduire leur demi-vie (le temps que le médicament est actif dans le corps). De ce fait, le dosage est revu à la hausse afin de balancer les effets de la nicotine. Une étude a démontré que les bienfaits de la cessation tabagique pourraient se comparer à ceux d’une thérapie pharmacologique de type antidépresseur.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : Le tabagisme enfume le corps et l’esprit.

Les consommateurs de tabac souffrant de troubles mentaux peuvent être incapables de gérer les symptômes de sevrage nicotinique lorsqu’ils tentent d’arrêter

La nicotine contenue dans le tabac engendre du stress et de l’anxiété en plus d’exacerber certains symptômes de TSM. En cessant de fumer, ces symptômes diminueront, en plus de stabiliser le traitement pharmacologique utilisé pour traiter le TSM. Il est important que la démarche d’arrêt tabagique chez les personnes touchées par un TSM soit accompagnée tout au long du processus, d’une part, pour leur apporter du soutien et pour leur offrir du counseling et, d’autre part, pour surveiller les effets de la cessation tabagique sur le traitement pharmacologique. Finalement, des thérapies de remplacement de la nicotine peuvent s’ajouter à la démarche d’arrêt tabagique afin d’aider la gestion des symptômes de sevrage.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : Le tabagisme enfume le corps et l’esprit.

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Et le vapotage dans tout ça?

Eh bien, beaucoup de mythes et de fausses croyances l’entourent, notamment chez les jeunes qui ne savent pas, ou ne comprennent pas, ce qu’ils consomment.

Ce n’est que de la vapeur d’eau

Le produit de vapotage expiré par la personne qui vapote n’est pas de la vapeur d’eau. En fait, le liquide des cigarettes électroniques ne contient pratiquement jamais d’eau. On ne parle pas non plus de fumée, puisque le produit n’est pas brulé. Le liquide étant chauffé, on parle d’aérosol. Cet aérosol contient aussi des produits chimiques, du propylène-glycol, de la glycérine, etc. La liste complète des ingrédients des e-liquides n’est généralement pas connue.

L’un des effets pervers de la vapoteuse est son nom, souvent appelé vape par les plus jeunes. Ce terme anglophone fait référence à de la vapeur, ce qui a pour effet de minimiser les risques reliés à ce produit.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article : Fumée, ou aérosol : les différences entre la cigarette et la cigarette électronique.

Je peux arrêter quand je veux

La grande majorité des produits de vapotage contiennent de la nicotine. Cette molécule crée une forte dépendance, aussi puissante que celle de la cocaïne ou de l’héroïne. Chez plus de 60 % des jeunes, un biais d’optimisme, en ce qui a trait à leur capacité d’arrêter leur consommation des produits de vapotage, se présente. En d’autres mots, ils croient être en mesure de cesser de vapoter beaucoup plus facilement que leurs pairs.

Pour plus de détails sur les jeunes et la dépendance à la nicotine, vous pouvez consulter cet article : Comment aider les adolescents à se libérer du tabac et des produits du vapotage?

L’achat en ligne est la principale source d’accès aux produits de vapotage

Contrairement à ce que l’on croit, les jeunes n’achètent pas leurs produits de vapotage sur Internet. Leur source d’approvisionnement vient principalement de leur entourage, de leurs amis ou de leur famille.

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Mettre toutes les chances de son côté pour vaincre la dépendance à la nicotine
Les thérapies de remplacements de la nicotine ne fonctionnent pas

Les thérapies de remplacement de la nicotine (TRN) sont des produits homologués par Santé Canada. L’homologation établit que le produit répond à des critères spécifiques et est conçu pour offrir une performance mesurable dans un contexte donné. Cela signifie que l’efficacité des TRN a été prouvée. Lorsqu’une TRN est ajoutée à une démarche d’arrêt tabagique, et qu’elle est utilisée de manière adéquate, cela peut doubler les chances de réussite. Il est possible que la TRN ne soit pas adaptée en fonction de la quantité de cigarettes fumées. Jumeler une forme de TRN à action lente comme les timbres et une TRN à action rapide comme les gommes peut tripler les chances de réussite.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter ces articles : Pour un meilleur remboursement des TRN, Cessation tabagique : le rôle essentiel des professionnels de la santé travaillant en première ligne

Caroline Normandin, Ph. D.