Un lien entre le volume de matière grise du cerveau et l’initiation au tabagisme chez les adolescents

La nicotine modifie considérablement le cerveau des jeunes qui en consomment.

Le cerveau est un organe complexe qui, malgré ce qu’on pourrait croire, se développe jusqu’à l’âge de 25 ans. C’est un âge déjà assez avancé où l’on a déjà vécu toutes sortes d’expériences, sans oublier toutes les substances auxquelles on a été exposé, volontairement ou non. Les jeunes, que ce soient les enfants ou les adolescents, sont plus sensibles aux facteurs capables de modifier leur cerveau en entraînant des conséquences.

« Plus vous êtes jeune lorsque vous commencez à fumer, plus vous avez de chances de devenir dépendant »

La plupart des personnes commencent à fumer à l’adolescence. Or, la Mayo Clinic précise que « Plus vous êtes jeune lorsque vous commencez à fumer, plus vous avez de chances de devenir dépendant ». On a montré à plusieurs reprises que la dépendance à la nicotine survenait avant l’âge de 18 ans. Les adolescents qui n’ont pas commencé à fumer à cet âge ont beaucoup moins de risques de présenter une dépendance à la nicotine plus tard.

En outre, un facteur génétique entre en ligne de compte. La probabilité que certaines personnes commencent à fumer ou continuent à le faire peut-être, en partie, héritée de leurs parents. Certains facteurs génétiques peuvent influencer le comportement des récepteurs nicotiniques des cellules nerveuses du cerveau en réponse à de fortes doses de nicotine. Ce phénomène pourrait notamment expliquer pourquoi certaines personnes sont plus ou moins dépendantes à la nicotine malgré une même consommation de cigarettes que d’autres.

Voilà plusieurs années que des études suggèrent que la nicotine a une incidence négative sur le cerveau des enfants et des adolescents. Le tabagisme est associé à de nombreuses conditions psychologiques ainsi qu’à des fonctions cognitives , qui pourraient être attribuables aux effets de la nicotine sur le cerveau en développement.

Et si l’on pouvait prédire la dépendance au tabagisme?

Une nouvelle étude parue cet été dans la revue Nature Communications montre qu’au-delà des facteurs de risques externes et environnementaux, des facteurs physiologiques peuvent influer sur la dépendance à la nicotine. Le volume du cortex préfrontal ventromédian gauche, une partie de la matière grise du cerveau, est associé à l’initiation de la consommation de cigarettes. La matière grise est la partie du cerveau qui contient les cellules nerveuses, appelées neurones, responsables du traitement de l’information et de la prise de décision. Elle joue un rôle essentiel dans les fonctions cognitives, telles que la pensée, la mémoire, l’apprentissage et la perception sensorielle.

Le volume du cortex préfrontal ventromédian gauche, une partie de la matière grise du cerveau, est associé à l’initiation de la consommation de cigarettes.

Cette étude suggère que des différences structurelles dans cette région du cerveau pourraient jouer un rôle dans la prise de décision liée au tabagisme à l’adolescence.

Il s’agirait donc d’un biomarqueur, une caractéristique mesurable dans l’organisme, qui peut fournir des informations sur l’état de santé, le fonctionnement physiologique, la progression d’une maladie ou la réponse à un traitement, et qui est susceptible de déterminer si une personne court plus ou moins le risque d’acquérir une dépendance à la nicotine.

Prévenir le tabagisme à un jeune âge peut éviter cette accoutumance dont il est difficile de se défaire. La découverte de ces biomarqueurs pourrait éventuellement contribuer à prévenir et à traiter la dépendance chez certaines personnes.

Caroline Normandin, Ph. D.