État des lieux : les coûts et méfaits de la consommation du tabac au Québec

Le tabac compte pour près du quart des coûts associés à la consommation de substances au Canada.

Les coûts associés à l’usage de substances au Canada sont énormes. En 2020, la consommation d’alcool, de tabac, d’opioïdes, de cannabis, de stimulants ou de dépresseurs du système nerveux central et d’autres substances représentait 49 milliards de dollars. À lui seul, le tabagisme entraînait des coûts de 11,2 milliards de dollars, ce qui représente 22,7 % du total.

 

Pour mieux déterminer et évaluer les coûts associés au tabagisme, on les a divisés en quatre catégories distinctes : les coûts reliés aux soins de santé, à la perte de productivité, à la justice pénale ainsi qu’une multitude d’autres coûts directement liés à la consommation du tabac.

Tableau 1. Types de coûts associés à l’usage du tabac au Canada en 2020.

Définitions tirées du rapport Coûts et méfaits de l’usage de substances au Canada (2007-2020)

Note tirée du rapport : « Ces estimations n’incluent pas les coûts associés aux hospitalisations, aux chirurgies d’un jour, aux visites à l’urgence et aux services ambulanciers pour le Québec ni les coûts associés à la perte de productivité attribuable aux décès prématurés pour le Yukon (uniquement pour 2017 à 2020). Elles sont donc probablement de 2,1 % plus élevées que ce qui est indiqué ici. »

Les efforts de lutte contre le tabagisme ont réduit le fardeau économique du tabac.

Une analyse des coûts reliés au tabac montre qu’ils ont diminué de 365 $ à 294 $ par personne entre 2007 et 2020. Cela représente une baisse de 19,5 % en 13 ans. La diminution des hospitalisations et celle des décès reliés au tabagisme en sont à l’origine. Le taux de tabagisme a également diminué au cours de cette période, passant de 19,4 % en 2007 à 12,3 % en 2020. Au cours des dernières années, les programmes de sensibilisation, de prévention et de cessation tabagique ont pris de l’ampleur, de sorte qu’ils ont aidé un grand nombre de personnes à cesser de fumer. En outre, on a instauré plusieurs politiques de santé publique destinées à réduire le tabagisme, soit notamment les avertissements sur les paquets de cigarettes, une hausse de la taxation et des restrictions imposées aux publicités. Le Canada est d’ailleurs considéré comme un pionnier en ce qui a trait aux avertissements sur les emballages de cigarettes et sur les cigarettes elles-mêmes.

 

Malheureusement, on entend souvent dire que le gouvernement profite de cette dépendance pour s’enrichir à même les taxes sur les produits du tabac. Mais qu’en est-il réellement? Au Canada, en 2020, la taxe d’accise était de 0,62725 $ pour une quantité de 5 cigarettes, de 3,14 $ pour un paquet et de 25,09 $ pour une cartouche. En 2023, celle-ci avait augmenté pour atteindre 0,79162 $ pour cinq cigarettes, 3,94 $ pour un paquet et 31,66 $ pour une cartouche. En 2020, le marché total des produits du tabac au Canada est évalué à 7,5 milliards de dollars, et à 2,5 milliards au Québec. Une disparité assez importante pour affirmer que la consommation de tabac n’est pas une source de revenus suffisamment élevée pour compenser les coûts qu’elle engendre.

Le tabac est la substance qui cause le plus de décès au Canada

Selon le rapport intitulé Coûts et méfaits de l’usage de substances au Canada (2007-2020), 12 371 personnes sont décédées des suites de l’usage du tabac au Québec, ce qui représente 16,6 % de tous les décès québécois, selon Statistique Québec, une proportion à tout le moins considérable.

 

Pour ce qui est de l’ensemble du Canada, le nombre de décès associé à l’usage de substances est de 73 994 personnes en 2020. Pour le tabagisme uniquement, ce nombre s’élève à 46 366 personnes, ce qui représente 62,7 % de tous les décès. De ce nombre 26,7 % étaient Québécois, ce qui s’avère assez proportionnel à la taille de la population québécoise comparée à celle du Canada.

Malgré une diminution du taux de tabagisme survenue au Canada entre 2007 et 2020, le nombre de décès, lui, a peu baissé, ne passant que de 47 252 à 46 366.

Selon le rapport, l’une des façons de réduire les coûts associés à l’usage de substances passe par « l’investissement dans des politiques et programmes fondés sur des données probantes, par leur mise en œuvre et par leur expansion dans tout le continuum de prévention et de soins ».

Caroline Normandin, Ph. D.