Le tabagisme enfume le corps et l’esprit

Le tabac et le vapotage affecte la santé mentale

Quels liens peut-on établir entre le tabagisme et la santé mentale?

Les dépendances de tout type sont dommageables pour la santé, que ce soit sur la santé physique ou la santé mentale des personnes touchées. D’autant plus que certaines dépendances, comme le tabagisme, affectent non seulement la santé physique, mais aussi la santé mentale de ceux et celles qui fument.

Un taux plus élevé de fumeurs

Près du tiers (32 %) des personnes souffrant de maladies mentales sont aux prises avec une dépendance à la nicotine. Ce taux monte à 66 % chez les personnes atteintes de maladies mentales sévères, telles que les troubles bipolaires et les troubles psychotiques. Des facteurs socioéconomiques, l’automédication afin d’alléger les symptômes de stress ou d’anxiété présents ou le fait que la nicotine affecte plus durement leur système nerveux, augmentant ainsi leur dépendance à la nicotine, pourraient expliquer ces chiffres.

L’arrêt tabagique pour améliorer la santé mentale

La nicotine a des effets particulièrement néfastes sur les personnes souffrant de maladies mentales telles que l’anxiété, la dépression et les troubles bipolaires : par exemple, elle aggraverait leurs symptômes de stress et d’anxiété, en plus d’avoir un effet négatif sur les traitements psychiatriques et pharmacologiques employés dans le cadre du traitement associé à leur maladie. Dans certains cas, la nicotine peut interférer ou inhiber les effets de la médication. Celle-ci devra alors être réajustée ou augmentée afin de contrer les méfaits de la nicotine sur le traitement. L’arrêt tabagique contribue à recouvrer une bonne santé mentale en diminuant les symptômes aggravés par la nicotine et le débalancement des traitements pharmacologiques utilisés. La nicotine n’étant plus consommée, la posologie de certains médicaments pourrait être revue à la baisse : une réduction de près de 25 % de la dose d’antipsychotiques pourrait être observée. Le cas échéant, il y aurait une diminution des effets secondaires associés à la prise du médicament et une diminution de ses effets négatifs à long terme sur l’organisme. Selon une étude, les bienfaits de l’arrêt tabagique sont comparables à ceux apporter par une thérapie pharmacologique de type antidépresseur.

Il est à noter que le suivi par des professionnels de la santé spécialisés en cessation tabagique est recommandé pour les patients prenant des médicaments sur une base régulière dans le cadre d’une thérapie pharmacologique, comme le mentionne le Dr André Gervais, ancien pneumologue et médecin-conseil à la Direction régionale de santé publique de Montréal.

Qu’en est-il du vapotage?

Il existe une croyance répandue selon laquelle le vapotage serait moins nocif pour la santé que le tabagisme. De nombreuses études ont démontré que les effets du vapotage étaient toutefois loin d’être négligeables. Les produits de vapotage contenant de la nicotine ont également des effets nuisibles sur la santé mentale des gens qui les consomment. Ces derniers sont généralement beaucoup plus jeune que les personnes qui fument. Malheureusement, jusqu’à l’âge de 25 ans, le cerveau est encore en développement, et il est donc plus altéré par la nicotine présente dans les produits de vapotage. Les jeunes sont donc plus vulnérables aux méfaits du tabagisme et du vapotage.

Le vapotage augmente de 2,4 fois les risques de dépressions chez les jeunes de moins de 18 ans. Selon cette étude, les symptômes de dépressions sont également plus intenses chez les vapoteurs que chez les non-vapoteurs.

Les bienfaits de l’arrêt tabagique sur la santé physique et mentale des personnes atteintes de maladies mentales sont indéniables. Cela devrait donc être au cœur des interventions psychosociales, au même titre que la prise en charge d’une dépendance à une drogue ou à l’alcool. Notons que la dépendance à la nicotine est tout aussi problématique qu’une dépendance aux autres drogues.

Caroline Normandin