Tabac et contrebande au Québec : où en sommes-nous en 2025?

Contrebande tabac

Au moment où le Québec renforce sa lutte contre la contrebande du tabac, la prévention de l’usage du tabac et des produits de vapotage est entièrement absente des priorités budgétaires de 2025. Pourquoi est-ce le cas? Comment peut-on mieux encadrer le marché illicite des produits de vapotage? Faisons la lumière sur ces questions cruciales.

Au Québec, la lutte contre le tabac continue d’évoluer et impose des mesures renforcées contre la contrebande, tout en nourrissant des discussions sur l’importance de la prévention. Alors que le gouvernement provincial déploie des stratégies pour limiter le commerce illicite du tabac, plusieurs acteurs de la santé publique dénoncent l’absence d’investissements significatifs en matière de prévention.

Une lutte efficace contre la contrebande

Depuis plusieurs années, le Québec est reconnu pour sa stratégie efficace contre la contrebande, dont les taux ont atteint un niveau historiquement bas en 2024 pour tomber sous les 10 %, grâce à des interventions ciblées et à une surveillance accrue des circuits de distribution illégaux.

Le budget de 2025 a d’ailleurs confirmé de nouvelles mesures pour renforcer cette lutte, notamment un contrôle plus serré des points de vente et une intensification des sanctions imposées aux réseaux de contrebande. Bien que ces efforts soient salués par plusieurs experts, de nombreux organismes craignent que cette approche détourne l’attention d’un autre enjeu crucial, celui de la prévention du tabagisme et de la consommation des produits de vapotage.

La prévention : la grande absente du budget de 2025

Si la lutte contre la contrebande est essentielle, la prévention demeure le levier le plus efficace pour réduire à long terme la consommation du tabac et celle des produits de vapotage. Les campagnes de sensibilisation, la prévention dans les écoles et les programmes d’aide à la cessation jouent un rôle fondamental pour encourager la population à adopter un mode de vie sans nicotine.

En dépit de quoi, en 2025, le budget provincial ne prévoit aucune nouvelle mesure pour renforcer ces initiatives. Cette absence est d’autant préoccupante que l’industrie du tabac continue d’avancer l’argument de la contrebande pour freiner l’adoption de règlements plus stricts, en alléguant un risque présumé d’augmentation des marchés illicites. Pourtant, les données montrent que ces craintes sont souvent sans fondement.

Vapotage et contrebande : un nouvel écueil

Un autre élément qui suscite l’inquiétude est le marché illicite des produits de vapotage, qui prend de l’ampleur au Québec, notamment depuis l’interdiction des saveurs dans les liquides de vapotage. Contrairement aux cigarettes, les produits de vapotage ne s’accompagnent pas d’un encadrement rigoureux visant à lutter contre la contrebande. Malgré leur popularité croissante, les cigarettes électroniques et les liquides de vapotage échappent encore aux mesures stratégiques cherchant à réguler le commerce du tabac.

Plusieurs tenants de la santé publique plaident donc pour une approche intégrée, qui permettrait de renforcer les mesures de contrôle, tout en élaborant des stratégies de prévention adaptées à tous les modes de consommation de la nicotine.

Certes, la lutte contre la contrebande progresse. Mais la prévention du tabac doit rester une priorité au Québec. Un investissement accru dans les programmes de cessation tabagique reste essentiel afin que la réduction du tabagisme demeure constante.

En 2025, il est impératif de poursuivre les efforts visant à contrer les marchés illicites et d’assurer un meilleur accès aux ressources pouvant aider les personnes qui fument à cesser leur consommation. La santé publique ne peut se limiter à des mesures répressives : elle doit aussi miser sur des politiques proactives pour bâtir réellement un avenir sans fumée.

Caroline Normandin, Ph. D.