Québec compte en finir avec les saveurs de fruits et de menthe dans les produits de vapotage!

Interdiction des saveurs de vapotage

Melon d’eau, baies givrées et passion kiwi ne sont que quelques-unes des saveurs qui seront probablement interdites dans les produits de vapotage. Seuls les produits sans arômes ou à saveur de tabac seront permis.

Le verdict est tombé le 19 avril dernier. Le gouvernement Legault et son ministre de la Santé Christian Dubé vont maintenant de l’avant en déposant leur projet de règlements sur l’interdiction des saveurs dans les produits de vapotage. Ce fut l’une des sept recommandations émises en août 2020 par la Santé publique. Le projet de loi qui a été déposé entrerait en vigueur le 26 juillet 2023, soit 98 jours après la publication du texte intitulé Projet de règlement : Loi concernant la lutte contre le tabagisme (chapitre L-6.2) dans la Gazette officielle du Québec.

À la première heure, le 19 avril 2023, on pouvait lire le Tweet suivant émis par le ministre de la Santé, Christian Dubé : « On s’était engagé à agir pour mieux encadrer le vapotage et c’est ce qu’on fait aujourd’hui. On agit ainsi en prévention, un des piliers de notre Plan santé. Il s’agit d’actions concrètes pour favoriser de saines habitudes de vie et améliorer la santé de la population. »

saveurs de vapotage

Rappelons que les saveurs sont l’un des principaux éléments incitant les jeunes à s’initier au vapotage. Selon un sondage réalisé par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, 90 % de ceux et celles qui vapotent affirment que les saveurs sont l’une des raisons principales pour lesquelles ils continuent de le faire. Il semble que les produits aux arômes de fruits, par exemple, soient perçus comme étant moins nocifs que ceux à saveur de tabac, sans doute en raison de leurs emballages colorés, de leur goût et de leur parfum agréables. Une perception évidemment erronée. On pourra sans doute s’attendre à une diminution des taux d’initiation et de consommation de produits de vapotage après l’entrée en vigueur de cette loi.

De plus, la concentration en nicotine dans les produits de vapotage serait limitée à 20 mg/ml, une mesure qu’a déjà mise en place le gouvernement fédéral. Son inclusion dans les règlements provinciaux permettrait au Québec de se charger des inspections veillant à la conformité, compte tenu des effectifs limités déployés par le gouvernement fédéral à cet égard. Pour diminuer encore plus l’attrait qu’exercent les vapoteuses sur les jeunes, ces dernières ne pourront plus revêtir une apparence particulièrement alléchante pour les mineurs, en adoptant la forme de jouets, de bijoux, de personnages réels ou fictifs ou un format facilitant le vapotage furtif. Finalement, on fixera le volume maximal de liquide à vapoter à deux millilitres dans les vapoteuses et à 30 millilitres dans les contenants de recharge.

Toutes ces nouvelles mesures sont évidemment applaudies par plusieurs organismes, comme la Société canadienne du cancer, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) et le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), qui militaient depuis plusieurs années pour que les règlements sur les produits de vapotage soient plus sévères. « Les règlements annoncés aujourd’hui par le ministre de la Santé représentent de grandes avancées qui vont faire du Québec un leader en la matière », a déclaré David Raynaud, gestionnaire à la Défense de l’intérêt public de la Société canadienne du cancer. Pour sa part, Flory Doucas, la codirectrice et porte-parole de la CQCT précise que « l’interdiction des saveurs est la mesure la plus importante pour réduire l’attrait du vapotage auprès des jeunes. […] Ce projet de règlement […] est une excellente nouvelle pour la santé des jeunes. Les dispositions s’inspirent de ce qui se fait dans d’autres endroits, mais en combinant plusieurs de ces mesures, le Québec aura l’un des encadrements les plus complets au monde. » La directrice générale du CQTS, Annie Papageorgiou, a également réagi à la nouvelle :

« Le projet de règlement d’interdire tous les arômes est essentiel à la lutte contre la dépendance à la nicotine. C’est une mesure concrète et courageuse, et nous remercions le ministre de la Santé, Monsieur Christian Dubé, d’agir concrètement contre le fléau du vapotage pour protéger les jeunes. »

Après une telle avancée, il faudra suivre de près ce que devient le taux de vapotage chez les jeunes, ainsi que les efforts et stratagèmes déployés par l’industrie du tabac et du vapotage pour y réagir.

Caroline Normandin, Ph. D.