Le vapotage chez les jeunes, un premier pas vers le tabagisme

Le vapotage chez les jeunes, un premier pas vers le tabagisme

Le vapotage est une calamité chez les jeunes, sans parler du fait que ceux-ci auront plus tendance à commencer à fumer.

Une étude publiée dans le journal Tobacco Control a révélé que les jeunes qui vapotaient étaient plus susceptibles de devenir des personnes qui fument régulièrement, que ce soit aux États-Unis (aOR 5,11)* ou au Royaume-Uni (aOR=2.01)*, comparativement aux jeunes qui n’avaient jamais vapoté. Dans la cohorte américaine, 42 % des jeunes adolescents ayant vapoté ont commencé à fumer plus tard. Pour ce qui est de la cohorte britannique, c’est 61 % des jeunes qui ont commencé à fumer. Malgré les différences en matière de réglementation et de commercialisation dans ces deux pays, le constat est le même : une probabilité plus élevée de fumer plus tard suivant l’utilisation de la cigarette électronique à l’adolescence. Dans la même veine, une autre étude publiée dans le journal BMC Public Health a démontré que les jeunes qui vapotent augmenteraient de 4 fois leur risque de commencer à fumer.

Selon l’article de recherche Corrélats du vapotage parmi les adolescents au Canada, « Il est à craindre qu’une adoption généralisée du vapotage puisse nuire aux réductions à long terme du tabagisme et mener à la renormalisation du tabagisme. » En effet, plusieurs études ont montré que les personnes qui vapotent seraient plus susceptibles de commencer à fumer que les personnes qui ne vapotent pas. En outre, selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2020, 66 % des jeunes fumeurs de 12 à 17 ans avaient utilisé la cigarette électronique avant de consommer des cigarettes de tabac.

Depuis la légalisation, en 2018, par le gouvernement fédéral de la vente de produits de vapotage contenant de la nicotine, le Québec est aux prises avec un taux de vapotage grandissant chez les jeunes. Entre 2018 et 2022, le taux de vapotage chez les élèves de la 4e et 5e secondaire a augmenté de 4,5 %, ayant grimpé de 22,4 % à 26,9 %. C’est donc un peu plus du quart de ces élèves qui vapotent. Il s’agit là d’une statistique quelque peu alarmante. Pour contrer ce fléau, le gouvernement provincial, bien qu’il ait tardé à combler certaines lacunes dans la loi sur les produits de vapotage, s’est rattrapé en proposant un projet de réglementation sur les saveurs dans les produits de vapotage. Ce projet, s’il est adopté, sera l’un des encadrements les plus complets à ce jour.

Un des principaux attraits des produits de vapotage pour les jeunes était les saveurs. Maintenant que le ministre de la Santé compte les interdire dans les prochains mois, va-t-on observer une diminution du vapotage chez les jeunes, et donc une éventuelle diminution du taux de tabagisme?

*L’odd ratio ajusté (aOR), ou le rapport des cotes ajusté, est une mesure statistique souvent utilisée en épidémiologie. Celle-ci permet de mettre en évidence la force d’association entre des facteurs de risque et des résultats cliniques. Si l’OR est égal à 1, le facteur de risque n’a pas eu d’effets sur les résultats cliniques. Si l’OR est inférieur à 1, le facteur de risque est faiblement associé aux résultats cliniques. Si l’OR est supérieur à 1, le facteur de risque est grandement associé aux résultats cliniques.

Caroline Normandin, Ph. D.