Le tabac et le réchauffement climatique : un impact sous-estimé

Tabac et réchauffement climatique

Le tabac ne nuit pas seulement à la santé humaine, il représente aussi une menace pour l’environnement. Et comme le réchauffement climatique s’intensifie, on doit sérieusement considérer l’impact du tabac sur notre planète et sur la santé publique.

Alors que les discussions sur le réchauffement climatique se concentrent souvent sur les énergies fossiles et la déforestation, un facteur moins connu joue également un rôle important dans ce phénomène : l’industrie du tabac. Depuis sa culture jusqu’à la pollution causée par les mégots résultant de sa consommation, le tabac, à chaque étape de son cycle de vie, contribue aux émissions de gaz à effet de serre et à la destruction de l’environnement.

Émissions de gaz à effet de serre et consommation de ressources

La production, la transformation et le transport du tabac émettent des quantités importantes de gaz à effet de serre, surtout du dioxyde de carbone (CO₂), mais aussi du méthane et des oxydes d’azote. À elle seule, l’industrie du tabac génère 84 millions de tonnes de CO₂ par an, soit environ 0,2 % des émissions mondiales.

Chaque cigarette produit 14 grammes de CO₂ dans l’ensemble de son cycle de vie, et nécessite 3,7 litres d’eau pour être fabriquée. De plus, l’agriculture du tabac émet plus de carbone qu’elle n’en absorbe, nuisant ainsi au bilan carbone global.

Déforestation et dégradation des terres

La culture du tabac occasionne une importante déforestation, notamment dans les pays à faibles revenus où la réglementation environnementale est moins sévère. Chaque année, 200 000 hectares de forêts sont détruits pour cultiver le tabac, ce qui représente environ 5 % de la déforestation mondiale.

Cette destruction des forêts libère du carbone stocké et réduit la capacité des terres à absorber le CO₂, aggravant ainsi le réchauffement climatique. En outre, le tabac entre en compétition avec les cultures vivrières (destinées à l’alimentation) pour l’utilisation des terres et de l’eau, ce qui exerce une pression sur les ressources essentielles. Un grand nombre de pays producteurs de tabac connaissent de l’insécurité alimentaire et dépendent d’autres nations pour nourrir leur population. Ils emploient les devises provenant de l’exportation des feuilles de tabac pour acheter de la nourriture alors qu’ils disposent des terres pour assurer eux-mêmes une production alimentaire.

Pollution et déchets plastiques

Les mégots de cigarettes sont l’un des déchets les plus répandus dans l’environnement. Non biodégradables, ils renferment des substances toxiques qui polluent les sols et les eaux. Leur toxicité augmente à des températures plus élevées, ce qui accentue leur impact négatif sur les écosystèmes aquatiques.

L’essor des cigarettes électroniques pose également un problème environnemental croissant. Les dispositifs jetables ou mal recyclés contribuent à la pollution plastique et électronique , sans compter les piles qui contiennent des métaux lourds, ajoutant ainsi une nouvelle menace à la biodiversité et un enjeu à la gestion des déchets.

Les changements climatiques et la santé humaine

Le réchauffement climatique ne se limite pas aux impacts environnementaux : il atteint directement la santé humaine. La hausse des températures entraîne des vagues de chaleur plus fréquentes, qui peuvent accentuer le risque de contracter des maladies cardiovasculaires, respiratoires et psychologiques  .

Les événements climatiques extrêmes, comme les inondations et les incendies de forêt, multiplient les risques de blessures, de maladies infectieuses et de stress psychologique. Qui plus est, la pollution de l’air, exacerbée par les émissions de gaz à effet de serre, aggrave les maladies respiratoires et cardiovasculaires.

Les populations les plus vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques, sont particulièrement exposées aux effets néfastes des changements climatiques sur la santé.

Réduire le tabagisme pour protéger l’environnement

Au-delà de ses effets néfastes sur la santé humaine, le tabagisme a un coût écologique majeur. En le réduisant, il est possible de diminuer ses impacts sur le climat, la biodiversité et les ressources naturelles. Les politiques publiques visant à limiter l’usage du tabac et à sensibiliser le public à ses conséquences environnementales peuvent ainsi jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le réchauffement climatique.

En présence de ces enjeux climatiques, chaque geste compte. Éteindre une cigarette, c’est peut-être aussi contribuer, à une échelle modeste, mais de façon indéniable, à préserver la planète.

Caroline Normandin, Ph. D.