Un important réseau de contrebandiers est démantelé

Le 8 novembre, une vaste opération impliquant plus de 300 membres des forces de l’ordre a permis de démanteler un important réseau de contrebande de cigarettes qui agissait principalement au Québec et dans l’Ouest canadien. De grandes quantités de tabac et du matériel servant à sa transformation ont été saisis lors des 80 perquisitions effectuées à Sherbrooke, Trois-Rivières, Hamilton, Montréal, Vancouver et Calgary.

Au total, 32 personnes ont été arrêtées, y compris la présumée tête dirigeante du réseau, Bertrand Beaupré. L’homme de 51 ans a été appréhendé à son domicile de Repentigny en matinée. Il fait face à des accusations de complot et de trafic de tabac, en vertu de la Loi sur l’accise fédérale. Il a comparu au palais de justice de Sherbrooke le 10 novembre et doit revenir en Cour au début février.

Bertrand Beaupré n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. « En 2001, alors qu’il habitait dans les Cantons-de-l’Est, il a été accusé de 54 infractions aux lois fédérales sur le tabac. Par la suite, il a plaidé coupable, par l’entremise de sa compagnie Bertrand Beaupré Tabaconiste Ltée, à sept chefs d’accusation pour avoir vendu du tabac de contrebande à des commerçants qui ne détenaient pas de permis en Colombie-Britannique et a été condamné à 35 000 $ d’amende », rapportait The Gazette.

« En ce qui concerne la contrebande de tabac, on fait face à un problème particulier, remarque le directeur du bureau québécois de l’Association pour les droits des non-fumeurs, François Damphousse. Il est possible que des gens s’intéressent davantage au trafic de tabac qu’à celui des stupéfiants parce qu’ils peuvent faire beaucoup d’argent et que les sanctions ne sont pas assez sévères. »

De son côté, Revenu Québec a annoncé avoir eu recours à des mesures de perception exceptionnelles afin de recouvrer une partie des sommes que lui doivent Bertrand Beaupré et John Cianci – un autre individu impliqué dans le réseau de contrebande. Le Ministère estime avoir été privé de près de 2 millions $ en taxes.

Un réseau bien structuré

Bien structuré, aux dires des policiers, le réseau s’approvisionnait auprès de tabaculteurs du Québec et de l’Ontario. Le tabac était transformé dans des usines clandestines situées en Estrie et à Trois-Rivières, pour être ensuite distribué à des revendeurs. Si une partie de ces cigarettes servaient à alimenter le marché noir québécois, la majorité était écoulée dans l’Ouest du pays. À Vancouver, où une cartouche de 200 cigarettes sur laquelle les taxes sont perçues coûte environ 80 $, les contrebandiers offraient leurs produits à demi-prix.

La marchandise et l’argent saisis dans le cadre des perquisitions du 8 novembre sont évalués à plus de 3 millions $, selon le bilan fourni par le gouvernement du Québec. Les policiers ont mis la main sur 27 456 sacs de 200g de tabac, 7 087 cartouches de cigarettes, quelque 127 ballots de tabac de 20 kg, 1 657 kg de tabac haché, 21g de marijuana, 500 plants de cannabis, 197 g de cocaïne, 30 véhicules, 250 000 $ en argent comptant, 5 détonateurs, des armes à feu, de même que des équipements servant à la transformation du tabac.

Notons que d’autres perquisitions ont également eu lieu en cours d’enquête. Si on les comptabilise, la valeur totale des saisies de l’opération Monopole se chiffre à 6 millions $.

L’enquête

Amorcée en juillet 2004, l’enquête fut menée par la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le Service de police de la Ville de Montréal et Revenu Québec dans le cadre du projet ACCES (Actions concertées pour contrer les économies souterraines). C’est le partage des connaissances entre les instances qui a permis de réaliser ce coup de filet.

L’opération Monopole est la suite du projet Malabar qui s’est soldé par le démantèlement d’un réseau de trafiquants de tabac en avril 2004. À l’époque, 18 personnes avaient été arrêtées et le montant des perquisitions s’élevait à plus de 12 millions $.

Josée Hamelin