La cessation tabagique et ses différences chez les femmes et les hommes

Cessation tabagique homme et femme

Les femmes ont plus de difficulté que les hommes à cesser de fumer. On s’en doutait depuis longtemps, sans pour autant pouvoir l’expliquer précisément. Or, nous avons à présent quelques pistes de réponses.

Lorsqu’il est question d’arrêt tabagique, hommes et femmes ne partent pas sur un pied d’égalité. Selon les données d’un sondage mené auprès de quelque 8 000 fumeuses et fumeurs provenant de quatre pays (Canada, Australie, États-Unis et Royaume-Uni), les femmes auraient 31 % moins de chances de réussir à se défaire d’une dépendance à la nicotine que les hommes. Pourquoi est-ce le cas?

Plus de symptômes de sevrage chez les femmes

Si vous êtes une femme et que vous prenez la décision d’arrêter de fumer, vous êtes plus susceptible qu’un homme d’anticiper les symptômes de sevrage.

Dans une étude parue en 2016 dans le journal Drug and Alcohol Dependence, on apprend que les femmes qui cessent de fumer signalent en moyenne un plus grand nombre de symptômes de sevrage que les hommes (2,6 par rapport à 2,0) et que ces symptômes sont plus fréquents. L’étude révèle aussi que les fumeuses ont davantage tendance à anticiper le sevrage de nicotine que les fumeurs, ce qui influencerait leur motivation à décider d’écraser.

Plus récemment, en 2022, une méta-analyse et méta-régression publiée dans la revue Addictive Behavior conclut que les rechutes dans les 24 heures suivant l’arrêt tabagique sont plus fréquentes chez les femmes. Les auteurs expliquent ces résultats par le fait que les symptômes de sevrage, même s’ils apparaissaient chez les deux sexes, s’avéraient plus courants du côté des femmes.

Rappelons que, de manière générale, quel que soit le sexe de la personne, les symptômes de sevrage tendent à être plus intenses au début du processus de cessation tabagique, plus précisément au cours des 5 à 10  jours suivant la dernière cigarette. C’est d’ailleurs pendant cette période que le risque de rechute est le plus élevé.

L’influence du genre sur l’issue de la cessation

En règle générale, les personnes qui fument et plus particulièrement celles qui sont enceintes ou qui prennent des contraceptifs oraux, éliminent plus rapidement la nicotine de leur organisme que les fumeurs. On croit que cette différence dans le métabolisme de la nicotine serait due à la concentration plus élevée d’œstrogènes chez les femmes. Par conséquent, ces dernières ressentiraient plus vite l’envie pressante de fumer entre deux cigarettes. Certains experts croient que cette variation au niveau du métabolisme expliquerait en partie pourquoi les femmes tendent à moins bien répondre aux timbres de nicotine.

D’autres facteurs interviennent

Les femmes et les hommes adoptent aussi des comportements différents face au tabagisme. Les hommes, par exemple, fumeraient d’abord pour l’effet physique stimulant que leur procure la nicotine. Ils auraient également tendance à associer l’action de fumer à celle de manger ou de consommer de l’alcool. Dans ce contexte, des interventions pharmacologiques comme les thérapies de remplacement de la nicotine connaîtraient chez eux une bonne efficacité.

Les femmes, de leur côté, fumeraient surtout sous l’effet du stress, qui déclencherait chez elles plus d’envies pressantes. Elles associeraient aussi la cessation à une prise de poids. Chez elles, la dépendance serait donc plus comportementale que physique, ce qui expliquerait en partie pourquoi elles éprouvent plus de difficultés à abandonner le tabac.

La cessation tabagique constitue un défi de taille pour toute personne qui désire se défaire d’une dépendance à la nicotine. En plus des comportements liés au tabagisme et des facteurs sociodémographiques propres à chaque fumeur, le genre devrait être ajouté à l’équation lors du choix des interventions pouvant être efficaces chez un fumeur ou une fumeuse. Il s’agit là d’un pas de plus vers la personnalisation de l’arrêt tabagique!

Katia Vermette