Pharmaciens à l’assaut du tabagisme

Dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, à Montréal, deux pharmaciens encouragent chaque jour des fumeurs à se libérer du tabac.

Les médecins et les infirmières ne sont pas les seuls professionnels de la santé qui peuvent aider les fumeurs à se défaire du tabac. Les pharmaciens, accessibles et bien au fait du dossier, sont aussi en première ligne. Copropriétaires d’une pharmacie Proxim dans l’est de l’île, les pharmaciens Catherine Cellini et Philippe Gauvin parlent le plus souvent possible de cessation tabagique avec leurs clients. « Cela ne prend que quelques minutes pour demander ‘‘Fumez-vous?’’ et ‘‘Aimeriez-vous de l’aide pour arrêter?’’ », raconte Catherine Cellini. Si la réponse est positive, ce ne sont pas les outils qui manquent pour les aider! Selon l’intérêt et les besoins du fumeur, nos pharmaciens lui remettent des dépliants sur le tabagisme ou abordent les thérapies de remplacement de la nicotine (TRN), la ligne j’Arrête ou les centres d’abandon du tabagisme. Et, s’il y a trop de clients au comptoir des ordonnances, ils lui proposent de revenir un peu plus tard.

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Les pharmaciens Catherine Cellini et Philippe Gauvin parlent le plus souvent possible de cessation tabagique avec leurs clients.
Du bon usage des TRN

« Quand un client s’arrête devant la section des TRN, on lui demande s’il connait ces médicaments et on lui rappelle que la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) rembourse jusqu’à 80 % de leur coût », ajoute Mme Cellini. La pharmacienne aborde aussi la cessation tabagique avec ceux qui ne renouvellent pas leur prescription pour une TRN. « Je leur demande ce qui s’est passé et je leur donne des conseils pratiques. Si les timbres collaient mal, je leur conseille de bien essuyer la sueur sur leur bras, voire de sécuriser le timbre en le recouvrant d’un pansement transparent un peu plus grand. »

Que la RAMQ ne rembourse qu’une seule prescription annuelle pour une TRN nuit à la cessation tabagique, estime Mme Cellini. « La plupart des fumeurs s’y reprennent à plusieurs fois pour cesser de fumer, dit-elle. Mais, s’ils s’essayent deux fois dans la même année, une seule TRN leur sera remboursée. Ça peut être le petit obstacle qui les fera reculer. »

Renouvellement des prescriptions : une autre occasion

Mme Cellini parle aussi de tabac à tous ceux qui achètent un médicament d’ordonnance, surtout s’il traite une condition causée ou aggravée par le tabac. Enfin, elle garde à l’oeil les fumeurs qui rechutent. « J’essaie de comprendre ce qui s’est passé et de trouver des solutions. Par exemple, je leur suggère d’utiliser à la fois des gommes et des timbres, ou je demande à leur médecin de leur prescrire un médicament de soutien à la cessation tabagique, comme Champix ou Zyban », dit-elle. Par contre, la pharmacienne n’insiste pas lorsqu’elle tombe sur un fumeur qui ne veut pas arrêter. « Je le note au dossier puis je lui en reparle à l’occasion, en espérant le faire éventuellement changer d’idée. »

« Ce ne sont pas tous les pharmaciens qui traitent systématiquement le tabagisme de leurs patients, reconnaît Bertrand Bolduc, président de l’Ordre. Mais ils sont de plus en plus nombreux. » On enseigne désormais l’intervention brève en cessation tabagique aux étudiants en pharmacie tandis que la majorité des pharmaciens en exercice ont reçu de l’information à ce sujet en formation continue. C’est important, puisque l’usage du tabac affecte le métabolisme de certains médicaments. Mais c’est aussi une bonne pratique d’affaires. « Aider les fumeurs à arrêter, ça fidélise la clientèle parce que c’est un service gratuit qui améliore leur santé », conclut Bertrand Bolduc.

Anick Perreault-Labelle