Le tabac, « une priorité » pour le nouveau gouvernement à Québec

Fumeur

Bien des politiciens québécois reconnaissent que le tabac coûte cher à la société. Plusieurs hésitent toutefois à passer à l’action. L’élection du Parti libéral changera-t-elle la donne?

Le système de santé québécois a fait l’objet de bien des débats lors de la dernière campagne électorale au Québec. Malheureusement, on a très peu entendu parler de tabac. Il reste pourtant la première cause évitable de maladies et de décès.

Maintenant qu’il a été élu, que nous promet le gouvernement libéral de Philippe Couillard? « Le tabac figure parmi mes priorités », dit Lucie Charlebois. À titre de ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, ce sera elle qui aura sous sa charge le contrôle du tabac. « Nous sommes rendus à l’étape d’une révision de la Loi sur le tabac », dit-elle en entrevue avec Info-tabac.

Protéger les jeunes

Questionnée sur les mesures particulières qu’elle envisage, Mme Charlebois promet d’examiner les recommandations déposées à ce sujet par la Commission de la santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale, fin 2013. « L’exposition des enfants à la fumée secondaire, notamment lorsqu’ils sont en voiture, me préoccupe beaucoup », ajoute la ministre déléguée. Les saveurs représentent un autre enjeu important « Elles font paraître le tabac moins nocif et elles attirent les jeunes », dit-elle. Enfin, la députée de Soulanges compte réfléchir à comment légiférer sur la cigarette électronique.

L’engagement des partis : une certitude

Bien que Mme Charlebois refuse de dévoiler un échéancier, la mise à jour de la Loi sur le tabac semble certaine. D’autant plus que tous les partis ont reconnu lors des dernières élections l’importance de cette révision.

Charlebois
Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique

En effet, en réponse à une question de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), le Parti libéral du Québec a affirmé que « le renforcement de la loi est souhaitable »; le Parti québécois s’est engagé à « apporter des modifications à la Loi sur le tabac avant la fin de l’année 2014 » et la Coalition Avenir Québec a promis de « collaborer pour qu’un renforcement soit adopté le plus tôt possible ».

Des économies assurées

Ces engagements cadrent avec l’assainissement des finances publiques annoncé par le gouvernement libéral. En effet, le tabac est directement responsable du tiers des coûts causés par les journées d’hospitalisation complètes. C’est ce que concluait une étude réalisée en 2010, pour le compte de la CQCT, par le Groupe d’analyse, un bureau de consultants en économie, finance et stratégie.

Heureusement, la détermination de Lucie Charlebois et les antécédents du premier ministre permettent d’espérer le meilleur. Après tout, c’est un gouvernement libéral qui, en 1986, a déposé la toute première loi québécoise sur le tabac : la Loi sur la protection des non-fumeurs dans certains lieux publics. Ce sont aussi des libéraux qui, en 2005, ont renforcé la Loi sur le tabac – sous la gouverne de Philippe Couillard, alors ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec. À suivre!

Du tabac de plus en plus cher

Depuis juin, grâce au travail soutenu de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) et d’une vingtaine de groupes de santé, le tabac coûte un peu plus cher.

Lors de la présentation de son budget, le nouveau gouvernement libéral du Québec a annoncé une hausse de quatre dollars de la taxe sur les cartouches de 200 cigarettes. Cela représente 50 cents par paquet de 25 cigarettes. Ottawa a procédé à la même hausse en février. Ottawa est allé plus loin en indexant sa taxe à l’indice des prix à la consommation et en l’appliquant aux boutiques hors taxes. D’ici 2016, grâce à ces mesures, les gouvernements provincial et fédéral ajouteront respectivement à leur cagnotte 325 millions de dollars et 1,4 milliard de dollars. Sans compter qu’ils sauveront des milliers de vies.

Une mesure populaire

Les groupes de santé se réjouissent évidemment de ces hausses. Augmenter le prix des produits du tabac est l’une des meilleures façons d’en diminuer l’usage : la mesure est efficace, ne coûte rien au gouvernement et reçoit l’appui de la population. En effet, pas moins de 75 % des citoyens favorisent une taxe québécoise sur les produits du tabac qui serait au moins équivalente à celle qui prévaut en Ontario, montre un sondage de la CQCT. Malheureusement, malgré la dernière augmentation, la cartouche de 200 cigarettes québécoise demeure la moins chère au Canada.

Il reste à espérer que le gouvernement québécois nouvellement en poste révise la Loi sur le tabac afin de renforcer encore la lutte contre ce produit toxique qui tue un utilisateur régulier sur deux.

Anick Perreault-Labelle