Québec augmente la taxe sur le tabac
Janvier-Février 2013 - No 95
Le premier budget du gouvernement péquiste de Pauline Marois, déposé fin novembre 2012, augmente la taxe sur le tabac. Une mesure qu’une majorité de Québécois approuve, selon un sondage réalisé par la firme de recherche Léger.
Les fumeurs paieront désormais leur tabac un peu plus cher. Le premier budget du ministre des Finances et de l’Économie du Québec, Nicolas Marceau, hausse les taxes de 4 $ sur les cartouches de 200 cigarettes. Cela représente deux cents par cigarette.
Plus de taxes, moins de fumeurs
Cette mesure réjouit les groupes de santé. En effet, « augmenter le coût des produits du tabac est l’un des moyens les plus efficaces pour réduire [le] fléau [du tabagisme] », a rappelé M. Marceau. Ainsi, ces deux cents de plus par cigarette devrait pousser quelque 50 000 fumeurs à écraser, estime le gouvernement. Mieux : à partir de 2013-2014, les taxes sur le tabac procureront presque un milliard de dollars de plus à la province chaque année. De l’argent bienvenu, sachant que 1,5 million de fumeurs du Québec – ou environ 20 % de la population – engendrent 1,6 milliard de dollars de frais en soins de santé annuels.
Les organismes prosanté ont évidemment joué un rôle dans cette décision gouvernementale. À l’initiative de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, par exemple, une centaine d’entre eux ont réclamé une hausse des taxes à quelques semaines du dépôt du budget dans une publicité choc parue dans les journaux.
Plus de taxes? Les Québécois approuvent!
On ne le croirait pas en voyant les titres parus dans les médias, mais la majorité des Québécois appuie cette mesure. Selon un sondage Léger réalisé en octobre dernier, presque un sur deux approuverait même une augmentation de 50 $ sur le prix des cartouches de cigarettes! Après tout, même en tenant compte de la plus récente hausse, le Québec reste la province où le tabac est le moins taxé : en moyenne, la vente d’une cartouche de cigarettes rapporte 18,05 $ de moins en taxes au gouvernement qu’ailleurs au pays.
La contrebande : plus d’un facteur à considérer
Grâce à cette nouvelle ponction fiscale, le Québec va donc gagner en richesse et en santé. Et, contrairement à ce qu’affirment les cigarettiers et les associations de dépanneurs, ces taxes supplémentaires ne favoriseront pas nécessairement la contrebande. En effet, le commerce illicite du tabac ne dépend pas uniquement du niveau de taxes, mais aussi de la présence de groupes criminels, de l’application des lois et du degré de corruption des autorités. « Si la contrebande constitue indéniablement un problème sérieux […], ce n’est pas en réduisant les taxes ni en renonçant à les augmenter qu’il convient de réagir, mais en réprimant la criminalité », note un rapport de la Banque mondiale publié en 2000. Le budget Marceau prévoit d’ailleurs de nouvelles mesures pour entraver le marché noir du tabac. Celles-ci, recommandées par la Commission des finances publiques en 2012, incluent notamment un timbre fiscal québécois et des pouvoirs d’enquête élargis pour les policiers.
Un marché noir qui perd du terrain
Bref, la province devrait augmenter ses revenus tout en réduisant le trafic de tabac illicite. D’ailleurs, celui-ci perd déjà du terrain : en cinq ans, il est passé de 30 % à 15 % du marché, selon les derniers chiffres du ministère des Finances et de l’Économie. Cela serait dû, entre autres, aux efforts d’ACCÈS Tabac (Actions concertées pour contrer les économies souterraines tabac), un comité qui regroupe l’Agence du revenu du Canada, les corps de police et le ministère de la Sécurité publique du Québec, entre autres.
Anick Labelle