L’OMS encense les mises en garde illustrées contre le tabac

Des avertissements sanitaires avec illustration imprimés sur les emballages de produits du tabac sont une mesure efficace et très économique pour sensibiliser les fumeurs à la gravité des risques pour la santé de leur comportement.

Voilà un message que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a voulu passer à nouveau dans sa 3e synthèse annuelle sur la pandémie de tabagisme, publiée le 7 juillet. L’OMS précise que des mises en garde sanitaires illustrées accroissent la probabilité que le fumeur réfléchisse à la possibilité de cesser de fumer et réduise sa consommation.

L’organisation basée à Genève souligne que ce genre de mesure a aussi un effet dissuasif auprès des jeunes non-fumeurs, ne coûte pratiquement rien aux pouvoirs publics, et jouit d’un large appui dans la population, y compris chez les fumeurs. L’OMS estime que les images de mise en garde sur les emballages doivent être renouvelées régulièrement pour conserver leur impact.

Fin septembre à l’Organisation des Nations Unies (ONU), à New York, les chefs d’État ont félicité l’Organisation mondiale de la santé pour l’implantation de sa Convention-cadre pour la lutte antitabac. Le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, ouvre ici une réunion de l’Assemblée générale portant sur les maladies non transmissibles. Voir notre reportage dans Info-tabac no 90.

Il y a maintenant 42 pays qui exigent l’inclusion d’une photo ou d’un pictogramme dans les mises en garde imprimées sur les paquets de cigarettes. Au moins 29 de ces pays ont un revenu national par habitant moins élevé que le Canada.

Le Rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, 2011 trace un portrait des progrès récents de la lutte antitabac dans l’ensemble du monde, autant sur le front de la débanalisation des produits qu’en matière de protection des non-fumeurs ou d’aide au sevrage des fumeurs. On compte désormais 173 pays souverains qui ont ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.

Campagnes médiatiques

Entre janvier 2009 et août 2010, selon le décompte de l’OMS, 71 pays ont utilisé la télévision, la radio ou d’autres médias de masse pour informer leur population des dangers du tabac. Au moins 46 de ces pays ont un revenu national par habitant moins élevé que le Canada.

Dans 48 pays, le but premier des campagnes dans les médias était de faire mieux connaître les dangers du tabagisme actif. L’objectif d’informer des dangers de la fumée secondaire du tabac figurait parmi les visées de 35 pays.

Taxation des cigarettes

Le rapport de l’OMS montre qu’en 2010, il y avait 56 pays dans le monde où la part des taxes dans le prix du paquet de cigarettes était plus élevée qu’au Canada (en moyenne 67 % avec des écarts considérables entre les provinces).

Dans 27 pays, c’est plus de 75 % du prix du paquet qui servait à financer les dépenses publiques, dont souvent les dépenses pour les soins de santé.  Israël, la France, la Turquie, le Royaume-Uni et l’Italie figurent parmi ces 27 États qui pratiquent cette fiscalité à la hauteur des recommandations de l’OMS.

La Bulgarie, la Pologne et la Grèce appliquent la taxation la plus dissuasive au monde (autour de 86 % de ce que débourse le fumeur). La Libye, l’Irak et l’Afghanistan sont les endroits du globe où la cigarette est la moins taxée.

L’OMS calcule qu’aux États-Unis, c’est en moyenne 45 % du prix qui va au Trésor public (fédéral et États seulement). Cependant, chez l’Oncle Sam, plus de 400 comtés et 60 municipalités imposent aussi des taxes sur le tabac (voir note 1), selon la Campaign for Tobacco-Free Kids, un organisme établi à Washington. Cela fait en sorte qu’un paquet de cigarettes de la marque la plus vendue localement peut coûter plus cher dans les villes de New York et de Chicago qu’à Québec ou à Toronto.

L’argent ne va pas à la prévention

L’OMS déplore que « malgré les progrès accomplis […] dans l’imposition de taxes sur le tabac génératrices de revenu, les gouvernements ne financent toujours pas suffisamment […] la lutte antitabac ». Le rapport sur l’épidémie de tabagisme précise que « les gouvernements [de la Terre] perçoivent près de 133 milliards $US en recettes des impôts indirects sur le tabac mais dépensent moins d’un milliard de dollars » à prévenir les dégâts. L’OMS croit ce « déficit (sic) plus évident dans les pays à revenu faible ou moyen ».

Pierre Croteau

Note [1] : Le but déclaré n’est pas nécessairement de dissuader le tabagisme, mais parfois de financer le ramassage des mégots.