Plus d’un jeune sur 10 est accro au tabac

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L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié à l’automne 2012 le premier tome d’une vaste enquête sur la santé des jeunes Québécois.

Sur la base d’un échantillon de 63 000 élèves, L’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011 (EQSJS) décrit la santé des quelque 430 000 adolescents qui fréquentent actuellement une école secondaire.

Un élève sur trois a déjà essayé la cigarette

Cette première édition nous apprend qu’un jeune sur trois a déjà goûté à une cigarette. Heureusement, la majorité d’entre eux choisissent finalement de vivre sans. En effet, « seulement » 11 % des élèves du secondaire fument, c’est-à-dire qu’ils ont consommé au moins une cigarette complète au cours des 30 derniers jours. Par contre, 7 %, ou presque 30 000 élèves, ont brûlé plus de 100 cigarettes au cours de leur (courte) vie. La bonne nouvelle : 89 % des jeunes du secondaire ne fument pas de cigarettes et 78 % de ceux-ci n’en ont jamais fumé une complète.

Une dépendance qui croît avec l’âge

Plus ils avancent en âge, plus les jeunes sont susceptibles d’être des fumeurs. Ainsi, 3 % des élèves de première secondaire fument, alors que c’est le cas de 16 % des élèves de cinquième secondaire.

Ces jeunes sont généralement de petits fumeurs. En effet, 53 % d’entre eux consomment en moyenne deux cigarettes ou moins par jour. Par contre, 11 % de ces accros au tabac – ou 5000 jeunes – en fument quotidiennement 11 ou plus! On retrouve plus de garçons que de filles parmi ces gros fumeurs : 12 % contre 9 %. Les filles, par contre, sont légèrement plus nombreuses que les garçons à avoir déjà fumé une cigarette au complet (24 % contre 22 %).

Le poids du milieu socioéconomique

Tristement, les jeunes fumeurs sont plus susceptibles de vivre dans des conditions difficiles. Ainsi, 5 % de ceux qui habitent avec les deux parents biologiques fument : la proportion grimpe à environ 12 % parmi ceux provenant d’une famille monoparentale ou reconstituée. De même, les jeunes fumeurs ont des parents peu éduqués : 13 % n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaires et seulement 6 % ont fréquenté le cégep ou l’université. Ce n’est pas un hasard si 10 % des élèves en formation générale sont accros au tabac, contre 24 % de ceux qui visent l’obtention d’un certificat de formation préparatoire au travail ou un certificat de formation à un métier semi-spécialisé.

Les cigarillos : les grands oubliés

L’EQSJS examine seulement la consommation de cigarettes en laissant de côté tous les autres produits du tabac. Pour la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), il s’agit d’un portrait incomplet qui pourrait contribuer « à l’immobilisme gouvernemental sur la question des petits cigares aromatisés. » Un immobilisme – notamment législatif – alors qu’il y a urgence. En effet, en 2008, 15 % des jeunes fumaient la cigarette, alors que 18 % consommaient des cigarillos, selon l’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire (ETADJES).

« La CQCT n’a pas tort, reconnaît Patrick Laprise, l’un des rédacteurs de l’EQSJS. Mais l’administration d’un questionnaire ne peut pas durer des heures et nous devions couper quelque part. » Finalement, l’équipe a éliminé les questions sur les cigarillos parce que l’ETADJES recueille déjà cette information.

Anick Labelle