Les femmes atteintes d’un cancer du sein ayant cessé de fumer ont un meilleur taux de survie
Décembre 2022 - No 159
Le tabagisme est de nouveau indubitablement associé au cancer. Cette fois cependant, il s’agit du cancer du sein.
Le cancer du sein est le deuxième en importance chez les femmes au Canada, en matière de mortalité. Selon la Société canadienne du cancer, on estime qu’il touchera une femme sur huit, ce qui représente environ 2,5 millions de Canadiennes.
Le tabagisme favorise le développement du cancer du sein
Bon nombre d’études scientifiques se sont penchées sur les facteurs de risques associés au cancer du sein, tel le tabagisme. Il y a déjà plusieurs années, un lien entre la nicotine et le développement tumoral de nombreux types de cancers a été établi, notamment le cancer du sein. On a démontré que la nicotine induit la prolifération des cellules cancéreuses. Elle provoque l’angiogenèse, un processus qui entraîne la formation de nouveaux vaisseaux sanguins servant à alimenter la tumeur croissante en oxygène et en nutriments. La nicotine, de surcroît, inhibe l’apoptose, une forme de mort cellulaire programmée qui est normalement enclenchée par la cellule lorsque celle-ci se transforme en cellule cancéreuse, ce qui évite la formation d’une tumeur. La nicotine favorise l’invasion des cellules cancéreuses dans des tissus voisins, une invasion qui engendre un risque accru de métastases. Tous ces effets contribuent à l’augmentation de la taille de la tumeur.
Cependant, il est essentiel de préciser que l’arrêt tabagique, même en présence de thérapies de remplacements de la nicotine, apporte de réels bénéfices.
La cigarette est nocive, que ce soit en raison des produits chimiques qu’elle contient ou de ceux qu’elle émet comme produit de sa combustion. Au fait, la cigarette contient plus de 7000 produits chimiques plus carcinogènes les uns que les autres. Sans grande surprise, on sait que le tabac est un facteur de risque pour de nombreux cancers, dont 14 sont répertoriés dans l’étude ComPARe. La cigarette affecte non seulement les femmes qui fument, mais également les femmes non-fumeuses en les exposant à la fumée secondaire, qui augmente leur risque de développer un cancer du sein, même si elles n’ont jamais fumé.
La cigarette a un impact négatif sur la survie des patientes atteintes du cancer du sein et surtout chez celles qui fument depuis longtemps. Le taux de survie après 10 ans est sensiblement plus élevé chez les femmes n’ayant jamais fumé que chez les femmes qui fument. Nouvelle encourageante, on a observé que les femmes ayant déjà fumé, puis renoncé au tabac, avaient un taux de survie après 10 ans supérieur à celui des fumeuses. Ce fait indique que l’arrêt tabagique améliore le pronostic du cancer du sein et souligne l’importance de la démarche de cessation après que survient un diagnostic.
L’exposition à la fumée secondaire augmente le risque de développer un cancer du sein, et ce sans même n’avoir jamais fumé.
En matière de cancer du sein, rappelons que la prévention consiste notamment à éviter les facteurs de risques comme la cigarette. De plus, le dépistage, via la mammographie, est le moyen le plus efficace pour déceler l’apparition du cancer.
L’étude ComPARe établit aussi qu’environ 28 % des cas de cancer du sein sont évitables, et notamment par la cessation tabagique. On n’insistera jamais assez sur les bienfaits de l’abandon, que ce soit pour améliorer la santé du cœur, la survie des personnes atteintes du cancer du poumon ou celle des femmes atteintes du cancer du sein.
Le Mémo-Mamo, parce qu’on vous aime en santé
Octobre était le mois de la sensibilisation au cancer du sein. À cet effet, la Société canadienne du cancer a lancé, cette année encore, sa campagne sociétale du Mémo-Mamo, qui invite les femmes de 50 à 69 ans à participer au Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) lancé par le ministère de la Santé et des Services sociaux en 1998. C’est par l’intermédiaire du PQDCS que ces femmes reçoivent une lettre servant d’ordonnance pour une mammographie. Rappelons que plus un cancer est détecté de façon précoce, plus il est facile de le traiter et d’augmenter grandement les chances de survies des patients.
Cette année, la campagne a mis l’accent sur la sensibilisation des femmes appartenant à différentes communautés ethnoculturelles, qui sont malheureusement moins nombreuses à se soumettre au dépistage. Aussi, la lettre d’ordonnance et le site Internet du Mémo-Mamo ont été traduits en plusieurs langues : l’anglais, le créole, l’haïtien et l’arabe.
Bien que la campagne du Mémo-Mamo se termine en décembre, elle continue de souligner l’importance du dépistage par la mammographie tout au long de l’année.
Caroline Normandin