Neuf groupes pro-santé réclament des améliorations à la loi fédérale de 2009

Des petits cigares ont remplacé les cigarillos
Il faut mettre fin à la mise en marché de produits du tabac attrayants pour les jeunes, déclarent en chœur les Médecins pour un Canada sans fumée (MCSF), l’Association dentaire canadienne (ADC) et sept autres groupes pro-santé, dont la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. 

« À l’ombre de la colline parlementaire, nous avons facilement acheté des produits du tabac qui ressemblent à des bonbons. Il s’agit du même type de produits que le gouvernement a tenté d’interdire il y a de cela trois ans », a déclaré le Dr Atul Kapur, président des MCSF, lors d’une conférence de presse tenue à Ottawa le 17 janvier. 

En conférence de presse à Ottawa, le Dr Atul Kapur dénonce les petits cigares qui ressemblent encore à des bonbons.

En compagnie du Dr Euan Swan, porte-parole de l’ADC, le Dr Kapur a montré à la presse un échantillon des 19 produits différents, disponibles en une soixantaine de saveurs ou arômes. Les journalistes ont été en mesure de constater par eux-mêmes qu’il n’est pas facile de distinguer, sans les déballer et les examiner attentivement, les cigarillos dont la vente est encore permise en 2012, et ceux dont la vente est interdite au Canada depuis l’entrée en vigueur complète de la Loi restreignant la commercialisation du tabac auprès des jeunes, en juillet 2010. 

Cette Loi, proposée par la ministre de la Santé Leona Aglukkaq en mai 2009, a été adoptée à l’unanimité par le Parlement fédéral en octobre de la même année. La loi Aglukkaq a banni l’ajout de plusieurs substances aux cigarettes et aux « petits cigares », plus précisément d’additifs comme le sucre et divers aromates, qui favorisent la fixation de la nicotine par le corps ou qui dissimulent l’âcreté du tabac, ce qui en augmente l’attrait. La Loi a aussi banni la vente des petits cigares autrement qu’en emballages de 20 unités et plus.

L’interdiction des aromates et l’obligation d’une quantité minimale ne s’appliquent cependant pas aux produits de tabac sans combustion, tels que les chiques, les pastilles au tabac, les sachets de snus, le tabac en pâte ou en poudre. Les normes de la législation de 2009 ne couvrent pas non plus les mélanges secs ou les pâtes destinés à être fumés dans une pipe ordinaire ou une pipe à eau, ni même les cigares, à moins que ceux-ci soient munis d’un filtre à cigarette ou pèsent moins de 1,4 gramme, ce qui les fait classer parmi les petits cigares.

Les cigarillos maintenant sur le marché sont donc dépourvus de filtre à cigarette et sont souvent un brin plus lourds que les cigarillos d’avant 2010, mais pas toujours, comme l’a montré en 2011 la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Avec autant de force que les anciens, les cigarillos actuels dégagent un parfum de friandises au raisin, à la cerise, à la fraise, à la menthe, etc.

L’Association dentaire canadienne souligne que l’usage du tabac sans combustion, par exemple du tabac à chiquer, cause de très graves maladies de la bouche. « Pourtant, ces produits sont toujours sur le marché, disponibles en saveurs alléchantes pour nos jeunes, et ce, sans mises en garde adéquates. Nous demandons une interdiction complète des produits du tabac aromatisés. »

25 millions de cigarillos saisis

Santé Canada a procédé fin janvier aux premières saisies selon la Loi restreignant la commercialisation du tabac auprès des jeunes. Au final, 41 lignes de produits du tabac ont été touchées et plus de 25 millions d’unités saisies. Les trois grands distributeurs québécois de petits cigares ont été frappés : Casa Cubana, Groupe Tabac Scandinave et Distribution GVA Inc.

La Loi restreignant la commercialisation du tabac auprès des jeunes, adoptée en 2010, interdit notamment les paquets de cigarillos de moins de 20 unités et les cigares de 1,4 gramme ou moins aromatisés. Les produits saisis contrevenaient à deux dispositions de la loi, a expliqué le Bureau de la réglementation et de la conformité de Santé Canada à notre publication soeur, Tobacco Info. Ils ne respectaient pas le nombre minimum d’unités par paquet, ni l’interdiction de promouvoir la saveur du tabac directement sur l’emballage. Ironiquement, cette importante opération de Santé Canada a été précédée deux semaines auparavant par une conférence de presse des groupes pro-santé – dont Médecins pour un Canada sans fumée et l’Association dentaire canadienne – sur l’importance de renforcer la Loi restreignant la commercialisation du tabac auprès des jeunes.

Pierre Croteau