Le nombre d’étudiants qui vapotent dans les cégeps et les universités est très élevé, mais pourquoi?

Le nombre d’étudiants qui vapotent dans les cégeps et les universités est très élevé, mais pourquoi?

Dans les cégeps et les universités, de plus en plus d’étudiants vapotent. C’est d’ailleurs chez les 20 à 24 ans que le nombre d’utilisateurs de produits de vapotage augmente le plus rapidement au Canada. Une des raisons pour lesquelles ces jeunes adultes vapotent : réduire leur stress.

Dans son document intitulé Portrait de l’usage des substances psychoactives chez les étudiants collégiaux et universitaires, 2019-2020, l’INSPQ révélait que 17 % des personnes qui fréquentent un établissement d’enseignement supérieur au Canada avaient fait usage de produits de vapotage au cours des 30 jours précédents. Ces résultats se comparent à ceux obtenus chez les 20 à 24 ans dans le cadre de l’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine (ECTN) en 2022. La proportion des jeunes adultes qui vapotent augmente également dans ce groupe d’âge (+4 % entre 2020 et 2022), ce qui en inquiète plus d’un.

Des étudiants collégiaux et universitaires dépendants et stressés

L’ECTN apporte quelques éléments de réponses concernant les motifs qui poussent les jeunes adultes à vapoter. Alors que le quart d’entre eux (24,9 %) affirmait recourir à la cigarette électronique pour le plaisir, le tiers (33 %) disait l’utiliser pour réduire le stress.

Selon une croyance populaire, la nicotine aiderait les personnes qui fument ou qui vapotent à maîtriser leur stress. Or, ce serait plutôt le contraire : elle amènerait chez l’individu un état de manque qui l’occasionne. Lorsque cette personne consomme à nouveau de la nicotine par le biais d’une cigarette, électronique ou non, son stress diminue rapidement. Le cercle vicieux de la dépendance s’installe alors, renforçant ainsi l’idée que la nicotine apaise le stress.

Une étude parue en 2018 dans le journal Molecular Psychiatry est même allée plus loin en démontrant que, chez la souris, l’exposition à la nicotine accroît la susceptibilité au stress et constitue un facteur de risque pour le développement de troubles qui y sont liés. En activant dans le cerveau certains neurones associés à la vigilance, à l’attention et à la récompense, la nicotine procurerait un sentiment de bien-être qui diminue le stress de la personne qui fume ou qui vapote.

Ces résultats se reflètent d’ailleurs dans le rapport de l’INSPQ. Ce dernier révélait que la proportion des utilisateurs de cigarette électronique sur les campus collégiaux et universitaires tend à augmenter au fur et à mesure que la santé mentale se détériore.

Aider les étudiants à se défaire d’une dépendance à la nicotine

Se débarrasser de la cigarette électronique constitue une des manières de diminuer le stress associé à la dépendance et au manque de nicotine. En cessant de vapoter, les étudiants mettent en effet toutes les chances de leur côté pour améliorer leur santé mentale.

Une revue Cochrane a d’ailleurs démontré les effets positifs de la cessation tabagique sur la santé mentale. L’analyse atteste que les personnes qui renonçaient à la cigarette constataient une réduction plus importante de leur stress et de leurs symptômes anxieux et dépressifs que celles qui fumaient toujours. Elles se sentaient également plus optimistes et affirmaient ressentir un plus grand bien-être mental.

Néanmoins, se défaire d’une dépendance peut s’avérer difficile. Dans ce contexte, les campus collégiaux et universitaires peuvent aider de plusieurs manières leurs étudiants à éteindre leur cigarette électronique.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec exige depuis novembre 2017 aux établissements d’enseignement supérieur l’adoption d’une politique de lutte contre le tabagisme. En plus d’encourager la création de milieux de vie et d’environnements sans fumée, cette politique doit promouvoir le non-tabagisme et favoriser la cessation tabagique autant chez les étudiants que chez les enseignants et le personnel. Concrètement, la politique de l’établissement pourrait par exemple prévoir le soutien des personnes qui désirent cesser de vapoter et la diffusion d’un répertoire de ressources d’aide à l’arrêt tabagique et du vapotage.

La mise en place de politiques sans fumée par les établissements d’enseignement supérieur québécois a pris du temps. Néanmoins, au 31 mars 2020, la quasi-totalité des universités et des cégeps publics (66/68) interdisait la cigarette et le vapotage sur leur territoire (cette proportion chute à 82/151 en incluant les établissements collégiaux privés et gouvernementaux). À l’échelle nationale, la Société canadienne du cancer rapportait en 2022 qu’au moins 95 universités et collèges se trouvaient désormais 100 % sans fumée.

Dans le cadre de leur politique de lutte contre le tabac, plusieurs établissements d’études supérieures ont également introduit des mesures pour soutenir les étudiants dans leurs démarches pour cesser de fumer ou de vapoter, comme les diriger vers des ressources externes de cessation tabagique. Considérant l’augmentation du nombre d’étudiants qui vapotent sur les campus, la dépendance multifactorielle à la nicotine et les nombreuses tentatives souvent incontournables pour cesser de fumer, ces différentes mesures antitabac implantées par les cégeps et les universités du pays constituent un premier pas pour renverser la tendance.

Katia Vermette, réd. a.