Fort appui aux lieux sans fumée

Le désir de respirer de l’air pur est loin d’être limité à nos voisins ontariens et américains, révèle un sondage commandité par la Direction de la santé publique de l’Outaouais auprès de 425 Hullois.

Contrairement aux stéréotypes souvent véhiculés, il est même possible que la tolérance envers les lieux publics enfumés soit moins élevée de ce côté-ci de la Rivière des Outaouais.

En effet, pas moins de 62,4 p. 100 des répondants hullois se disent d’accord pour que leur conseil municipal réglemente l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Lorsqu’on leur demande dans quels types de lieux la fumée devrait être complètement interdite, il y a des majorités claires partout, sauf pour les milieux de travail (52,5 p. 100), les salles de bingo (44,0), les restaurants (39,4) et les bars (27,2).

    Hull  Québec /Chaudière-Appalaches Ontario(***)
Ascenseurs ou escaliers publics 91,1
Écoles primaires et secondaires 86,1 63,9
Hôpitaux 78,8
Taxis 77,6
Salles de spectacles 74,4
Commerces et boutiques 74,1
Arénas 68,9 54
Buanderies 65,6
Universités et Cégeps 63,2
Salles des jeux électroniques 62,0
Bureaux de professionnels 61,0
Salons de barbier et coiffure 60,3
Milieux de travail 52,5 58 40
Salles de bingo 44,0 32
Restaurants 39,4 49 37
Bars 27,2 14

Appui à l’interdiction totale de fumer dans certains lieux publics, en pourcentages. (Sondages de 1996.)

***Les chiffres ontariens ne sont pas directement comparables, puisqu’on offrait aux répondants le choix entre une interdiction totale, une interdiction partielle et pas de restrictions du tout. Dans le sondage hullois, l’appui à une éventuelle interdiction partielle a été sondé par une deuxième série de questions.

À titre de comparaison, le dernier sondage de l’Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario indique des niveaux d’appui moins élevés chez la population ontarienne envers l’interdiction totale : de l’ordre de 40 p. 100 pour les milieux de travail, et de seulement 14 p. 100 pour les bars.

Bien que les sondages ne soient pas directement comparables, les questions n’étant pas formulées de la même manière, le sondage de Hull vient confirmer les résultats tout aussi concluants d’une étude réalisée en janvier 1996 dans les régions de Chaudière-Appalaches et de Québec.

L’écart entre les fumeurs réguliers et les autres est très prononcé dans le sondage à Hull. En milieu de travail, 67,5 p. 100 des non-fumeurs et 65,0 p. 100 des ex-fumeurs sont en faveur d’une interdiction totale, tout comme 60,0 p. 100 des fumeurs occasionnels. (En termes statistiques, les différences entre ces trois catégories ne sont pas significatives.) Par contre, il n’y a que 18,1 p. 100 des fumeurs réguliers pour appuyer une telle mesure.

Par rapport aux restaurants, les concepteurs du sondage ont proposé plusieurs règlements possibles. La solution adoptée par la suite par le conseil municipal – 50 p. 100 des places réservées aux non-fumeurs dans les restaurants de 25 places et plus d’ici un an – a recueilli l’appui de 88,2 p. 100 des sondés.

Parmi les répondants qui étaient en désaccord avec l’interdiction complète de la cigarette dans les divers types de lieux publics, il y avait tout de même une forte majorité, même parmi les fumeurs réguliers, en faveur de la création de sections fumeurs et non-fumeurs partout, des restaurants (84,0 p. 100) aux hôpitaux (64,7 p. 100), en passant par les centres d’achat (78,2 p. 100) et les buanderies (69,6 p. 100).

Respect de la réglementation antitabagique

Le sondage révèle aussi l’existence d’un obstacle éventuel : seulement 50 p. 100 des fumeurs réguliers se disent prêts à respecter des interdictions de fumer imposées par la ville.

En Ontario, par contre, les trois-quarts des fumeurs (réguliers et occasionnels confondus) affirment qu’ils respecteraient de telles restrictions, même si aucun système de contraventions n’était mis en place. L’échantillon assez petit à Hull (124 fumeurs réguliers) pourrait expliquer cet écart; sinon, il faut conclure que sur ce point particulier, les Québécois ont du rattrapage à faire en matière de civisme.

Le sondage a été réalisé en collaboration avec l’Université du Québec à Hull; les entrevues téléphoniques ont été réalisées en avril 1996.

Pour des résultats plus complets, adressez-vous à la Direction de la santé publique de l’Outaouais au (819) 777-3871.

Francis Thompson