Devrait-on bannir les cigarettes électroniques à usage unique par souci environnemental?

Devrait-on bannir les cigarettes électroniques à usage unique par souci environnemental?

Parce qu’on ne peut pas les recycler, parce qu’elles sont contaminées et parce qu’on ne veut plus de plastiques à usage unique, les cigarettes électroniques à usage unique devraient être interdites.

Le Canada s’est doté en 2020 du Règlement interdisant les plastiques à usage unique (RIPUU). La mise en place de cette réglementation fait partie d’un plan visant à atteindre l’objectif de zéro déchet de plastique d’ici 2030 que le gouvernement fédéral s’est fixé, ce qui permettra de diminuer la pollution plastique et réduire les émissions de gaz à effets de serre. Pour le moment, le règlement interdit la fabrication, l’importation et la vente : de sacs d’emplettes, d’ustensiles, de récipients alimentaires, d’anneaux pour emballages de boissons, de bâtonnets à mélanger et de pailles en plastique à usage unique. Bien que les cigarettes électroniques à usage unique ne figurent pas parmi cette liste, elles devraient s’y retrouver.

Malgré ce constat, peu d’élus canadiens sont ouverts à l’idée d’interdire les cigarettes électroniques jetables. Plusieurs dirigeants d’autres pays, comme les ministres de la Santé de la France et de l’Australie, s’entendent sur la nécessité de bannir ces dispositifs qui représentent un fléau pour la santé publique et pour l’environnement. Des élus en Allemagne et en Irlande y réfléchissent également.

Les impacts environnementaux des produits fabriqués par l’industrie du tabac et du vapotage sont considérables et ne figurent pas encore à l’avant-plan des cibles gouvernementales pour réduire la pollution. En effet, en plus d’entraîner des problèmes de santé, les cigarettes électroniques créent des problèmes environnementaux en ajoutant encore plus de matières difficilement recyclables sur le marché.

Explosion de cigarette électronique dans les centre de tri

Comment disposer des cigarettes électroniques?

De nombreuses personnes mettent leur cigarette électronique au recyclage, pensant bien faire. Malheureusement, les cigarettes électroniques contiennent des batteries au lithium qui, une fois mises sous pression, peuvent exploser et créer des incendies. C’est ce qui est arrivé à des dizaines de reprises, cette année seulement, dans des centres de tri du Québec, notamment à Rivière-du-Loup en mai dernier. Il n’est pas non plus recommandé de jeter les cigarettes électroniques à la poubelle, où elles risqueraient de provoquer des incendies dans les camions de transport ou dans les sites d’enfouissement.

Pour le moment, le mieux est de conserver les cigarettes électroniques à usage unique ou qui ne servent plus chez soi, dans un endroit sécuritaire, et d’attendre la mise en place d’un programme de recyclage conçu à cet effet. L’élaboration d’un plan et d’un programme en lien avec cet enjeu en est encore à ses débuts. Plusieurs entreprises avant-gardistes tentent de résoudre le problème en se penchant sur des programmes de recyclage spécialisés.

Ce n’est que depuis juin 2022 que le Règlement sur la récupération et la valorisation de produits par les entreprises précise que les piles des cigarettes électroniques sont incluses dans les produits visés par celui-ci. Pour le moment, la pile est le seul composant de la cigarette électronique qui est visé par le règlement. Il faut cependant que celle-ci soit accessible afin de pouvoir en disposer aux points de dépôts d’Appel à recycler.

Actuellement, Appel à recycler Canada est l’organisme reconnu par RECYC-QUÉBEC en ce qui a trait à la gestion des batteries et des piles rechargeables ou non visées par le règlement. Cet organisme a la responsabilité de développer un programme de récupération et de valorisation des cigarettes électroniques, ce qui représente un défi assez complexe, puisque ces dernières sont multimatières, que leur démantèlement s’avère difficile et que leurs usages ultérieurs sont encore trop peu prisés ou définis.

Qu’en est-il de la responsabilité des entreprises?

Le principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP) stipule que les entreprises qui mettent des produits sur le marché au Québec sont responsables de leur gestion en fin de vie. Les entreprises mettant en marché des produits visés par la REP peuvent confier la responsabilité de la gestion de ceux-ci à un organisme de gestion reconnu (comme Appel à recycler) ou opérer leur propre programme individuel.

Ces mêmes entités qui ont menti et déformé la science par le passé? Doit-on faire confiance aux cigarettiers qui sont derrière les entreprises de produits de vapotage et qui prétendent être en mesure de recycler efficacement tous les composants de la cigarette électronique?

L’environnement est au cœur de nombreuses discussions et, afin de redorer leurs images aux yeux de leur clientèle, plusieurs industries développent des produits ou des programmes soi-disant respectueux de la nature et écologiques (ecofriendly ). C’est une nouvelle tendance en marketing qui est appelée l’écoblanchiment, mieux connu sous le terme anglais greenwashing. Selon l’Oxford English Dictionary, ce terme se définit ainsi : « Désinformations diffusées par une organisation afin de présenter une image publique respectueuse de l’environnement*. » C’est donc dans cette optique que les principaux cigarettiers de ce monde utilisent cette tactique et proposent des programmes de gestion des déchets. Reste à voir si ces programmes sont efficaces et respectueux de l’environnement, ou si cela ne représente qu’une autre technique de greenwashing.

Cigarette et pollution

Et la gestion des déchets de cigarettes dans tout ça?

La cigarette n’est pas plus écologique et entraîne énormément de pollution. Selon OcéanOpolis, un centre national de culture scientifique dédié à l’océan, les mégots de cigarettes sont les déchets les plus trouvés dans les milieux marins. Comme la cigarette est présente depuis bien plus longtemps que les produits de vapotage, des programmes de valorisation sont disponibles pour la gestion des déchets liés à sa consommation, bien que cela ne soit pas la meilleure solution pour enrayer la problématique.

Afin d’assurer un avenir environnemental plus sain, la prévention et la cessation du tabac et du vapotage se révèlent être des mesures importantes pour la santé et l’environnement, en plus de l’interdiction des produits nuisibles, puisque cela réduirait nécessairement la pollution associée.

* Traduction libre

Caroline Normandin, Ph. D.