Des études confirment le lien entre le tabagisme passif et le diabète de type 2

La corrélation entre le cancer du poumon et le tabagisme est depuis plusieurs décennies largement reconnue.

La Société canadienne du cancer estime que près de 20 000 personnes au pays seront emportées par cette maladie cette année et que 80 % de ces décès seront reliés directement ou indirectement à l’usage du tabac. Mais saviez-vous que le tabagisme est un facteur de risque du diabète de type 2?

Les données scientifiques sur le diabète

De nombreuses études établissent des liens importants entre le tabagisme et les premiers signes du diabète ainsi que les complications qui s’ensuivent. Une étude allemande menée sur sept ans par le chercheur Kowall et ses collègues, publiée dans le European Journal of Epidemiology en avril 2010, établit que le tabagisme est un facteur de risque du diabète de type 2 chez les personnes âgées de 55 à 74 ans. Une étude parue en 2007 dans le Journal of the American Medical Association indique également un lien entre le tabagisme et un risque accru de diabète de type 2.

Le tabagisme, actif ou passif, accroît le risque d’être atteint de diabète de type 2.

Dans une étude publiée dans l’American Journal of Public Health en 1993, le chercheur Rimm et ses collègues de la Harvard School of Public Health révèlent que les fumeurs sont exposés à un risque accru de diabète et constatent une relation importante de dose-effet chez les plus gros fumeurs. Au cours d’un suivi de 1 277 589 années-personnes, 2 333 femmes ont reçu un diagnostic clinique de diabète. Le risque relatif de contracter le diabète, en tenant compte de l’obésité et d’autres facteurs de risque, est supérieur de 40 % chez les femmes qui fument 25 cigarettes par jour ou plus comparativement aux non-fumeuses. Ces chiffres suggèrent que le tabagisme peut être un facteur de risque indépendant et modifiable du développement du diabète de type 2.

Une étude menée en 2005 par l’Université de Californie à San Francisco et parue dans le journal Circulation indique que ce risque concerne également les diabétiques exposés à la fumée secondaire, puisqu’il a été établi qu’une exposition régulière à la fumée secondaire est presque aussi nocive pour la santé que la consommation d’un paquet de cigarettes par jour. Au Canada comme aux États-Unis, la fumée secondaire est classée cancérogène de classe A, ce qui signifie qu’elle fait partie des polluants reconnus pour leur capacité de provoquer le cancer chez les humains. La fumée secondaire accroît les risques de développer un diabète. En fait, 21,8 % des fumeurs contracteront le diabète, de même que 17,2 % des non-fumeurs exposés à la fumée secondaire, 14,4 % des fumeurs qui ont cessé de fumer et 11,5 % des non-fumeurs qui ne sont pas exposés à la fumée secondaire.

Les femmes enceintes devraient éviter l’usage du tabac et l’exposition à la fumée secondaire, car l’exposition foetale et néonatale à la nicotine peut accroître le risque de diabète de type 2, selon une étude menée en 2008 à l’université Purdue et publiée dans l’Oxford Journal’s Toxicological Studies.

Les recherches montrent également que les risques de complications et de mortalité chez les personnes atteintes du diabète augmentent si elles continuent de fumer. Tout comme les taux élevés de glucose sanguin, les agents chimiques nocifs présents dans la fumée de cigarette s’attaquent aux vaisseaux sanguins, durcissent les artères et entravent l’oxygénation des tissus. Par conséquent, l’Association canadienne du diabète affirme que l’abandon du tabagisme est l’un des gestes les plus importants à poser pour éviter ou retarder l’arrivée des complications associées au diabète.

Selon l’étude des chercheurs Patasi et Hall publiée au printemps de 2010 dans le journal de l’Association canadienne du diabète, Canadian Diabetes, les personnes atteintes du diabète courent trois fois plus de risques d’être victimes d’une crise cardiaque et d’un accident vasculaire cérébral, et près de 80 % d’entre elles mourront des suites de ces lésions. De plus, les taux élevés de sucre dans le sang combinés aux effets du tabagisme multiplient les dommages aux vaisseaux sanguins qui alimentent le coeur, le cerveau, les yeux, les reins et les nerfs périphériques. Le tabagisme diminue également la capacité du corps à produire de l’insuline, rendant le diabète encore plus difficile à contrôler.

Une étude parue dans Diabetes Care en juillet 2007 recommande aux professionnels de la santé de jouer un rôle plus actif auprès de leurs patients atteints du diabète, de les informer des risques du tabagisme, de vérifier s’ils fument et de leur conseiller d’arrêter si c’est le cas, et enfin d’être attentifs aux signes de complications chez les patients fumeurs en leur faisant passer les examens nécessaires et en leur donnant les soins préventifs requis.

Campagnes d’information de l’Association canadienne du diabète

Au Canada, l’effet potentiellement funeste de la combinaison diabète-tabac est peu connu. Malgré les quelques projets de sensibilisation communautaire qu’elle a menés auprès des groupes concernés, l’Association canadienne du diabète (ACD) a longtemps consacré peu de ressources et d’attention à la question du tabagisme.

En 2010, pendant la Semaine nationale [canadienne] sans fumée, l’ACD a émis un communiqué de presse à ce sujet. De même, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac de 2010, le 31 mai, l’organisme a déclaré dans un communiqué : « L’Association canadienne du diabète invite les Canadiens atteints du diabète qui fument à prendre en charge leur santé en s’informant des risques auxquels ils s’exposent et à passer à l’action en arrêtant de fumer. »

Le site Web de l’organisation consacre une page à l’abandon du tabac et offre une série de vidéos interactives en ligne sur le tabagisme et le diabète intitulée Série pour une vie saine. « La documentation est distribuée à tous les événements communautaires » et « nous travaillons également avec les professionnels des soins de la santé », écrit dans un courriel Randi Garcha, porte-parole de l’ACD.

Mais il faut faire plus. L’ACD croit que les autorités en matière de santé doivent intervenir directement dans les thérapies d’abandon du tabac des diabétiques. Dans son énoncé officiel de position, l’Association déclare que : « Les professionnels de la santé devraient informer les patients diabétiques des risques qu’ils prennent en fumant ou en s’exposant à la fumée secondaire, leur souligner les avantages de cesser de fumer, et leur présenter les thérapies offertes. Les produits d’aide à l’abandon du tabac devraient être inscrits aux formulaires provinciaux pour les patients à haut risque comme les personnes atteintes du diabète. Les gouvernements devraient adopter une loi pour protéger les citoyens contre l’exposition à la fumée secondaire dans les lieux publics et soutenir les programmes éprouvés de prévention du tabagisme dans les écoles. »

 Joey Strizzi