Ottawa a fait prospérer la culture du tabac en Ontario en 2009

284 millions $ partis en fumée: un rapport du Vérificateur général du Canada confirme les craintes de MCSF
En 2009, le gouvernement fédéral, à travers un office provincial de mise en marché des feuilles de tabac, a versé 284 millions $ à des agriculteurs ontariens pour qu’ils cultivent désormais autre chose, et plusieurs d’entre eux ont empoché l’aide tout en transférant les quotas de production à d’autres fermiers.

Ceux-ci ont semé du tabac, si bien que la récolte a été plus abondante en 2009 et en 2010 qu’en 2008. Le « programme de transition » lancé à la hâte en 2008 a été si mal conçu que l’État fédéral ne pourra pas récupérer son argent.

Voilà ce qu’établit l’audit du Vérificateur général du Canada par intérim, John Wiersema, déposé au Parlement d’Ottawa le 22 novembre.  Se trouvent donc confirmées les craintes exprimées dès mars 2009 par le directeur de la recherche de Médecins pour un Canada sans fumée (MCSF), Neil Collishaw (interviewé à ce sujet dans l’édition de juillet 2010 d’Info-tabac).

Parmi ce que l’audit de M. Wiersema appelle pudiquement les « faiblesses du programme », on relève que « les producteurs n’en ont pas bien compris l’objectif », et qu’entre le ministère fédéral de l’Agriculture et l’Office de commercialisation des producteurs du tabac jaune de l’Ontario, « l’entente de financement aurait dû contenir des dispositions sur les transferts de quota ». On lit aussi que cet office « représente les intérêts de tous les producteurs » et que « cela pourrait être perçu comme un conflit d’intérêts »… dans l’avenir du programme. Agriculture Canada a accepté toutes les recommandations du vérificateur.

Une page tournée au Québec

De 1986 à 1999, puis à nouveau en 2005, les tabaculteurs québécois, comme leurs homologues du reste du Canada, ont pu profiter de plus de 136 millions $ d’aide fédérale pour se convertir à d’autres cultures. En 2005, le gouvernement du Québec a ajouté une aide de 10 millions $ dans le même but.

En 2011, selon le journal L’Action, de Joliette, les trois derniers agriculteurs à avoir un permis de culture du tabac au Québec, tous établis dans la région de Lanaudière, ont semé d’autres plantes que du tabac ou ont loué leurs terres à des fermiers cultivant autre chose, cela à défaut d’avoir trouvé un débouché lucratif pour la récolte de l’an 2010.

Pierre Croteau