Cancer du poumon : le cancer qui tue le plus

Le cancer du poumon tuera 6600 Québécois en 2010 (3700 hommes et 2900 femmes), prévoit la Société, soit 18 par jour en moyenne.
Le cancer du poumon est le plus meurtrier de tous les cancers, tant chez les femmes que les hommes, aussi bien au Canada qu’au Québec, et 85 % des cancers du poumon sont attribuables au tabagisme.

Voilà des faits que la Société canadienne du cancer (SCC) constate une fois de plus en 2010,  qui lui font considérer « le tabagisme comme sa première priorité nationale » et lui font revendiquer un gel de la mise en marché légale de nouveaux produits du tabac, ainsi qu’une action étendue contre les produits de contrebande.

Tueur en série

Les experts scientifiques de la SCC estiment que 2900 Québécoises vont mourir du cancer du poumon en 2010, soit deux fois plus que du cancer du sein (1400 décès). Le cancer du côlon et du rectum tuera 1150 autres femmes au Québec, pour un total de 9600 décès de femmes attribuables à l’ensemble des 15 types de cancers répertoriés au registre de Statistique Canada. Pendant ce temps, les cancers feront mourir un total de 10 700 hommes au Québec, en frappant particulièrement leurs poumons (3700 décès), leur côlon et leur rectum (1350 décès) ainsi que leur prostate (870 décès).

Le cancer du poumon est donc responsable d’environ le tiers des décès causés par l’ensemble des cancers (6 600 sur 20 300 décès) dans la province francophone, longtemps perçue comme le « fumoir » du royaume canadien. Au Canada dans son ensemble, les décès par cancer du poumon correspondent à « seulement » environ le quart des décès par cancer, soit 20 600 décès sur 76 200.

Tendances discordantes

Dans l’ensemble du pays, le nombre annuel des décès par divers cancers poursuit sa lente augmentation. Cependant, lorsque les statisticiens veulent mesurer des tendances sociales en tenant compte de l’accroissement de la population totale et de son vieillissement plus ou moins rapide, ils calculent des taux de mortalité normalisés selon l’âge (TMNA) pour les différents types de cancer.

En observant l’évolution de ces TMNA, la Société canadienne du cancer note que la mortalité normalisée par cancer du poumon chez les hommes est passée d’un sommet de 81,2 décès par 100 000 hommes en 1988 à 59,8 en 2005, et devrait descendre à 57,1 en 2010. Chez les hommes, la mortalité normalisée due au cancer du poumon a décliné de 2,2 % par année entre 1996 et 2005. De son côté, la mortalité normalisée des femmes n’a pratiquement pas cessé de monter depuis une trentaine d’années, passant de 17,9 décès par 100 000 femmes en 1981 à un taux projeté de 39,4 en 2010.

Les analystes de la SCC expliquent que « les différences dans les tendances entre les hommes et les femmes sont le reflet des différences passées dans les profils de consommation du tabac, notamment de la diminution du tabagisme qui s’est amorcée au milieu des années 1960 dans le cas des hommes, puis beaucoup plus tard, soit au milieu des années 1980, pour ce qui est des femmes. » Les hommes continuent toutefois d’être plus nombreux que les femmes à fumer.

Dissuader le tabagisme

La SCC considère que des produits du tabac accessibles à bas prix, grâce à la contrebande, « encouragent  l’adoption du tabagisme, surtout chez les jeunes adultes, et dissuadent les fumeurs de cesser de fumer ». Tout en réclamant de « s’attaquer à la source du problème sur les réserves autochtones », la SCC demande l’extension à l’ensemble du Québec de VITAL (pour Vente Illégale de Tabac À Laval), un projet-pilote de lutte contre les revendeurs de quartier lancé en 2008 par la police de Laval avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), et adopté à l’automne 2009 par les villes de St-Jérôme et de Montréal, toujours avec le parrainage du ministère de la Santé.

En octobre 2009, au moment où VITAL a été étendu à la ville de St-Jérôme, le Service de lutte contre le tabagisme du MSSS et la police estimaient qu’environ le tiers du tabac fumé au Québec provenait du marché noir. Ce genre de situation ne manque pas de susciter de l’inquiétude parmi les 20 000 bénévoles québécois de la Société canadienne du cancer.

Selon une étude citée dans la brochure Statistiques canadiennes sur le cancer 2010, il en coûte annuellement 50 305 $ pour soigner une seule personne atteinte du cancer du poumon, généralement à la fin de sa vie raccourcie. Ce montant ne tient pas compte des coûts et des peines de l’entourage du malade.

Pierre Croteau