Nouvelles brèves

Alexandre,15 ans et engagé
Le Conseil québécois sur le tabac et la santé a remis la 5e édition du prix Marcel-Boulanger à Alexandre Tremblay. Ce prix, assorti d’une bourse de 500 $, récompense un jeune de 12 à 18 ans pour son engagement dans la lutte contre le tabagisme.

Alexandre a commencé par joindre La gang allumée de son école, il y a quatre ans. « Ça m’attirait parce que c’est une activité de groupe et que mes deux parents fument », dit l’adolescent de la Ville de Saguenay (arrondissement de Chicoutimi).

Depuis, ce jeune de 15 ans (né le jour de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai!) a participé à de nombreuses activités pour allumer les jeunes de son âge aux avantages de ne pas fumer. Il a joué dans In vivo, un spectacle multimédia sur le rôle du tabac dans le développement du cancer. Il a aussi participé au concours On sang mêle, dans lequel les jeunes devaient produire une vidéo contre le tabac mettant en scène des vampires.

Alexandre est aussi membre du Réseau conseil de la gang allumée, un groupe de 16 adolescents représentant chacun une région du Québec. Grâce au travail de ce groupe, les élus de 15 municipalités se sont engagés à ne pas fumer dans leur voiture le 18 janvier dernier lorsque des enfants étaient à bord. Ces mêmes élus ont adopté une résolution invitant les citoyens à faire de même. Un geste d’une journée qui pourrait se répéter… toute l’année!

Hausse des taxes sur le tabac

Le gouvernement conservateur du Nouveau-Brunswick a haussé ses taxes sur les produits du tabac de plus de 44 % dans son budget déposé en mars. C’est la première fois depuis 2002 que la province maritime augmente sa taxation du tabac. Sur une cartouche de 200 cigarettes, celle-ci est passée de 23,50 à 34 $, alors qu’un paquet de 100 grammes de tabac à rouler se détaille 5,25 $ de plus.

À l’Île-du-Prince-Édouard, le gouvernement libéral a aussi annoncé une hausse des taxes sur le tabac. Le budget d’avril a ajouté 5,90 $ au prix d’une cartouche de 200 cigarettes et 3,29 $ à celui d’un paquet de 100 grammes de tabac à rouler. La province insulaire devient ainsi l’un des endroits au pays où le tabac est le plus dispendieux.

Au Manitoba, le budget néo-démocrate déposé en avril a majoré les taxes sur le tabac. Les fumeurs déboursent désormais 4 $ de plus pour une cartouche de 200 cigarettes et 2 $ de plus pour un paquet de 100 grammes de tabac à rouler.

Enfin, dans les Territoires du Nord-Ouest (TNO), les taxes sur le tabac sont ajustées à l’inflation depuis le 1er avril 2011. Les taxes ont crû de 2,40 $ pour une cartouche de 200 cigarettes et de 3 $ pour un paquet de 100 grammes de tabac à rouler. Les TNO sont l’endroit au Canada où le tabac est le plus cher. Cela était déjà vrai avant cette dernière majoration.

Nouveaux timbres d’accise

Selon la Loi de 2001 sur l’accise, telle qu’amendée en 2010, les manufacturiers et les importateurs avaient jusqu’à avril 2011 pour mettre sur le marché canadien des produits du tabac munis des nouveaux timbres d’accise.

Ces nouveaux timbres contribuent à la lutte contre la contrebande. En effet, ils sont conçus pour demeurer sur le paquet, même une fois celui-ci ouvert, et ils sont munis d’éléments de sécurité similaires à ceux qu’on retrouve sur les billets de banque. Ils sont aussi uniquement accessibles aux titulaires d’une licence de tabac, contrairement aux anciens timbres d’accise.

Mises en garde illustrées aux É.-U.

La U.S. Food and Drug Administration (FDA) a déposé en juin dernier un nouveau règlement qui obligera les cigarettiers à imprimer dès septembre 2012 une mise en garde illustrée sur tous les paquets de cigarettes vendus aux États-Unis. Plusieurs des neuf illustrations choisies par la FDA sont frappantes : poumons en santé aux côtés de poumons malades, un fumeur aspirant une cigarette par une trachéotomie, un cadavre… Ces mises en garde occuperont obligatoirement la moitié supérieure des faces avant et arrière des paquets de cigarettes et le cinquième supérieur des publicités pour ces produits.

Selon la FDA, ces avertissements (les premiers à être introduits depuis plus de 25 ans) pousseront 213 000 fumeurs à écraser en 2013. Cela représente 0,3 % des quelque 46 millions de fumeurs américains. D’autres réductions devraient survenir dans les années suivantes. La FDA calcule aussi que cette mesure engendrera des économies annuelles de 130 à 900 millions $ US pendant 20 ans pour le gouvernement américain.

Quasi-moratoire de la FDA

Les règles entourant l’introduction de nouveaux produits du tabac aux États-Unis sont désormais plus sévères. Depuis janvier 2011, la U.S. Food and Drug Administration exige que tous les nouveaux produits – incluant les produits modifiés – soient substantiellement équivalents à ceux disponibles sur le marché américain avant le 15 février 2007. Cette « équivalence » englobe toutes les caractéristiques des produits, dont leur design, leurs ingrédients et leur taux de nicotine.

Cela dit, de nouveaux cigares, cigarettes ou autres produits du tabac pourront être vendus aux États-Unis même s’ils n’ont pas d’équivalent antérieur. À une condition : qu’ils ne nuisent pas davantage à la santé publique que les produits existants parce qu’ils sont plus toxiques ou perçus comme moins dangereux, par exemple.

Enfin, un règlement en préparation prévoit certaines exemptions au nouveau règlement. Celles-ci seront accordées uniquement aux produits du tabac dont le manufacturier souhaite modifier la quantité d’additifs, et à condition que cette modification soit mineure et sans danger pour la santé publique.

Les fumeurs consultent plus

Le tabagisme est à l’origine de plus du quart des consultations auprès des infirmiers et infirmières du Québec en dehors des séjours hospitaliers, montre une étude du Groupe d’analyse, un bureau de consultants en économie, finance et stratégie. En d’autres mots : la dépendance au tabac ajoute une pression sur des professionnels de la santé qui n’en ont guère besoin.

L’étude, commandée par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, s’appuie sur les données recueillies par Santé Canada lors de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes 2007-2008. Cette enquête avait sondé 23 500 Québécois au sujet, entre autres, de leur utilisation des services médicaux et de leur tabagisme actuel et passé. En mettant en relation ces deux variables et en contrôlant les autres (comme l’âge et le revenu), le Groupe d’analyse conclut que les fumeurs consultent en moyenne 27 % plus souvent les infirmiers et les infirmières que les non-fumeurs.

Certes, les fumeurs reçoivent du counseling en arrêt tabagique de la part du personnel infirmier. Mais cela n’explique pas tout, estime le Groupe d’analyse. « À maladies égales, les séjours hospitaliers sont significativement plus longs pour les fumeurs actuels et les anciens fumeurs, conclut l’étude. Ceci est probablement causé par la nature plus aiguë des crises, un plus grand nombre de complications et une durée plus importante de la période de guérison chez les fumeurs. » Il est vraisemblable que les mêmes causes expliquent la demande accrue pour des soins infirmiers en dehors des séjours hospitaliers, rapportent les analystes.

Statistiques sur le cancer

La Société canadienne du cancer (SCC) a publié en mai ses plus récentes statistiques sur cette maladie. Coup de projecteur sur les effets du tabagisme, encore responsable d’environ 30 % de tous les décès dus au cancer et de 85 % des cancers du poumon.

Puisque moins de Canadiens fument, les mortalités attribuables aux cancers du poumon et de la bouche ont diminué de plus de 2,2 % chaque année entre 1997 et 2006.

Le tabagisme continue toutefois à endeuiller bien des familles. En effet, 20 100 Québécois mourront d’un cancer en 2011 et le tiers d’entre eux succomberont à un cancer du poumon. Ce dernier type de cancer offre un très bas taux de survie : seules 16 % des personnes diagnostiquées sont encore en vie cinq ans plus tard. C’est le cas de 62 % des patients atteints d’un cancer, en moyenne.

Le cancer du poumon demeure le deuxième cancer le plus commun pour les deux sexes, autant au Québec qu’au Canada (le cancer le plus fréquent chez les hommes est celui de la prostate tandis que chez les femmes, c’est le cancer du sein). Pire : depuis 1986, les nouveaux cas de cancer du poumon ont presque doublé chez les femmes même s’ils diminuent chez les hommes. En effet, les dames ont commencé à fumer après ces messieurs… et donc à écraser après eux.

Pour favoriser la lutte contre le cancer, la section québécoise de la SCC fait trois recommandations au gouvernement du Québec : interdire aux mineurs les lits de bronzage et la publicité pour ceux-ci, améliorer le dépistage du cancer du sein, du col de l’utérus et de la prostate et… renforcer la Loi sur le tabac.

De nouveaux défis

Deux acteurs majeurs ont quitté, en juin, la scène de la lutte antitabac québécoise, Marc Drolet et Johanne Corneau.

Chef des affaires publiques de la division québécoise de la Société canadienne du cancer (SCC) depuis 2007, Marc Drolet vient d’accepter la direction du bureau canadien d’Handicap International, un organisme qui milite contre les dommages causés par la guerre, notamment contre les mines antipersonnel. M. Drolet s’est distingué en aidant la SCC à s’impliquer énergiquement contre le tabac.

Au Service de lutte contre le tabagisme (SLCT) du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, c’est la professionnelle Johanne Corneau qui vient d’accepter un poste semblable au Bureau de la Capitale-Nationale. Au cours de ses quatre années au SLCT, Mme Corneau a su mettre à profit son sens de l’organisation, son dynamisme, sa rigueur et sa capacité à mener de nombreux dossiers simultanément.

Après une année d’incertitude, le Ministère a décidé de maintenir le SLCT dans son intégrité. Le département des inspecteurs restera sous son aile et un nouveau chef est entré en fonction le 18 juillet, en remplacement de Marjolaine Imbeault qui avait pris sa retraite en juin 2010. Il s’agit de Jean-François Therrien, un spécialiste en ressources humaines qui fut député de Terrebonne pour l’Action démocratique du Québec en 2007 et 2008.