Agir contre la cigarette électronique, et maintenant!
Mars 2025 - No 172
La Conférence annuelle d’Ottawa a connu sa 17e édition, forte d’une programmation des plus pertinentes, invitant des pionniers et des pionnières du domaine de la lutte contre le tabagisme et le vapotage à entamer des discussions et à partager leurs connaissances.
Le sujet prédominant de cette conférence était sans contredit le vapotage. Car il s’agit d’un problème de santé publique toujours aussi préoccupant, particulièrement chez les jeunes.
« Il faut arrêter le débat sur le vapotage, qui cherche à établir s’il s’agit d’une méthode de cessation tabagique efficace ou non, et il faut commencer à faire de la réglementation en s’inspirant de ce qui a été fait pour la cigarette. »*
– David Hammond, Ph. D.
L’équipe d’Info-tabac s’est entretenue avec le chercheur David Hammond de l’Université de Waterloo, qui adopte une approche critique de la cigarette électronique quand il aborde la question de sa pertinence comme outil de cessation.
Voici l’essentiel de ses propos. Selon lui, une nette distinction doit être établie entre le vapotage récréatif pratiqué surtout par des jeunes qui n’ont jamais fumé et le vapotage employé comme moyen de cessation tabagique **. Aussi, affirme-t-il, les messages de santé publique qu’on retrouve dans les campagnes de prévention et de cessation liées à la cigarette électronique devraient postuler les deux constats suivants :
- Les jeunes ne devraient pas vapoter.
- Les personnes qui souhaitent arrêter de fumer devraient recourir à des thérapies de remplacement de la nicotine (TRN) homologuées plutôt que s’en remettre à la cigarette électronique. Celle-ci ne devrait être utilisée qu’en dernier recours.
On entend souvent l’argument selon lequel la cigarette électronique est moins dommageable que la cigarette. C’est un constat des plus évidents, puisqu’il n’y a rien de pire que la cigarette, fait remarquer David Hammond. Le vapotage n’est pas pour autant inoffensif. Comparer le nombre de produits chimiques cancérigènes contenus dans la cigarette à celui que renferme la cigarette électronique est aussi un argument courant. Mais s’exposer à un seul produit chimique cancérigène ou à une soixantaine n’en demeure pas moins nocif!
Les produits jugés très néfastes pour la population ne sont normalement pas offerts en vente libre. C’est ainsi qu’au Québec, le cannabis est vendu exclusivement à la Société québécoise du cannabis (SQDC) où tous les clients doivent présenter une carte d’identité pour prouver qu’ils ont atteint la majorité. Les sachets de nicotine Zonnic, les seuls dont la vente soit autorisée au Canada, sont désormais relégués derrière les comptoirs des pharmacies afin de protéger les jeunes. Alors pourquoi donc les cigarettes et les cigarettes électroniques, trouvées dans n’importe quel dépanneur, ne font-elles pas l’objet des mêmes restrictions de vente?
L’histoire nous a appris que malgré tous les efforts déployés pour endiguer la consommation de la cigarette, celle-ci connaît une diminution, mais demeure toujours présente. On peut présumer qu’il en sera de même pour la cigarette électronique, d’où l’importance d’adopter une stratégie intégrée si l’on veut arriver à endiguer ce fléau.
*Il s’agit d’une traduction libre et **d’une synthèse de la réponse à la question posée au chercheur.
Caroline Normandin, Ph. D.