La nicotine synthétique n’est nulle autre que de la nicotine

Nicotine synthétique, nicotine

La nicotine synthétique a fait son apparition dans les industries du tabac, et motive certaines personnes à croire que remplacer la nicotine naturelle par une nicotine artificielle serait « meilleur » pour la santé, ce qui leur permettrait de satisfaire un manque de nicotine sans encourir autant de dommages. En pratique, c’est faux.

La nicotine synthétique

Même si elle est fabriquée artificiellement en laboratoire, la nicotine synthétique est le même produit que le produit naturel, si ce n’est par des différences chimiques. En effet, les molécules de nicotine naturelle existent presque totalement, soit à plus de 99 %, sous la forme S, alors que les molécules de nicotines produites en laboratoire existent sous deux formes, soit la (R)-nicotine et la (S)-nicotine, en référence à leur configuration chimique. De ces deux stéréo-isomères ou plus communément appelées formes chimiques, la molécule (S)-nicotine est beaucoup plus active, c’est-à-dire qu’elle a les mêmes propriétés que la nicotine naturellement produite par les plantes Nicotiana tabacum. La (R)-nicotine, quant à elle, est beaucoup moins active et ne présente donc pas les mêmes propriétés que la nicotine naturelle. La forme synthétique est moins concentrée que la naturelle, puisqu’elle contient uniquement 50 % de (S)-nicotine, donc de nicotine active. Cependant, la (R)-nicotine a les mêmes effets néfastes que la nicotine naturelle. Il est donc faux de croire que puisque la nicotine synthétique ne provient pas d’un produit du tabac, elle est moins nocive que la naturelle. En outre, on ne connaît pas les effets pharmacologiques et métaboliques qu’a sur la santé la (R)-nicotine, qui compose le reste (50 %) de la nicotine synthétique.

Les industries tentent de détourner les lois

Les industries du tabac et du vapotage font preuve de grande créativité pour trouver des stratagèmes leur permettant de déjouer les lois régissant le contrôle des produits du tabac. C’est la situation qui prévalait aux États-Unis, qui étaient aux prises avec des produits de vapotage renfermant de la nicotine synthétique pour remplacer la nicotine issue du tabac. Ces produits échappaient aux lois relevant de la Food and Drug Administration (FDA), de sorte que certaines compagnies telles que PuffBar peuvent incorporer à leurs produits une quantité de nicotine beaucoup plus importante que permise. Davantage de nicotine entraîne davantage de dépendance, et une plus grande difficulté à cesser de vapoter. Aussi, le 14 avril 2022, la loi sur la prévention et le contrôle du tabac permettant à la FDA de réguler les produits contenant de la nicotine synthétique est entrée en vigueur aux États-Unis. Il a suffi d’une simple modification du texte législatif précédent, qui est venue ajouter les produits contenant de la nicotine, de toute origine, à la réglementation sur les produits du tabac et de vapotage. Cette mesure met un terme à l’échappatoire juridique dont se prévalait ou se servait l’industrie du vapotage pour contourner les recommandations législatives émises par la FDA.

Ces problèmes survenus notamment aux États-Unis n’ont cours ni au Québec ni au Canada. La loi régissant ici les produits du tabac englobe également les produits contenant de la nicotine synthétique, comme quoi le Canada avait prévu le coup.

Peu importe sa provenance, les méfaits de la nicotine sur la santé restent les mêmes (dépendance, stress, anxiété, insomnie, etc.), sans compter les dommages inconnus de la (R)-nicotine. Qu’elle soit extraite de la plante du tabac ou synthétisée dans un laboratoire, la nicotine est néfaste, point.

Caroline Normandin