Une lutte mondiale

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L’automne dernier, plus de 1100 fonctionnaires, militants et chercheurs venus de partout à travers le monde se sont rencontrés pour discuter de l’application de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, la feuille de route internationale de la lutte contre le tabagisme.

Le tabac est un produit dangereux qui affecte tous les pays et est vendu par des multinationales. Il est donc normal qu’il soit strictement encadré par un traité international. En novembre dernier, plus de 1100 représentants de presque 150 pays et territoires, dont le Canada, ont discuté pendant six jours de la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) : un traité en vigueur depuis 2005 qui a été adopté sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé.

Assurer l’application du traité

Cette rencontre représentait la 7e Conférence des parties, ou COP7. Les premières réunions de la COP avaient été consacrées à la formulation et l’adoption des lignes directrices du traité, c’est-à-dire aux façons concrètes de le mettre en œuvre. Aujourd’hui, « les obligations découlant de cette entente internationale sont claires, dit Rob Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer, qui participait à la rencontre. Ce qui nous manque, ce sont les moyens financiers et logistiques pour mettre en application les lignes directrices et mesurer les progrès accomplis. » Cette année, heureusement, « les parties se sont entendues pour développer des stratégies afin de trouver de nouvelles sources de financement », dit Francis Thompson, directeur général du Framework Convention Alliance, qui participait également à la conférence. Parmi les stratégies retenues, on trouve notamment le fait de rendre obligatoires – plutôt que volontaires – les contributions financières des parties.

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« Cette rencontre internationale a inquiété l’industrie du tabac, avec raison. » — Rob Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer

Cette rencontre de six jours a été l’occasion d’aborder plusieurs autres thèmes : les produits du tabac émergents (cigarette électronique, chicha), la représentation des produits du tabac dans les médias de divertissement (cinéma, télévision, etc.), les poursuites judiciaires opposant les cigarettiers aux gouvernements ou aux victimes du tabac, etc.

Débat autour de la cigarette électronique
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Francis Thompson dirige le Framework Convention Alliance, un organisme qui travaille au développement et à l’implantation de la CCLAT.

Malgré la variété des ateliers, les reportages parus dans les médias grand public sur la COP7 ont principalement couvert deux sujets. Le premier est l’encadrement de la cigarette électronique. Ainsi, en prévision de la rencontre des membres de la CCLAT, des chercheurs britanniques ont dénoncé haut et fort l’adhésion de la COP au rapport de l’OMS sur la cigarette électronique. Or, « les partis n’ont pas encore statué sur ce rapport, rappelle Francis Thompson. Le secrétariat de la CCLAT a commandé ce rapport à l’OMS pour nourrir la réflexion des délégués et parvenir éventuellement à un consensus et à des lignes directrices. » Pour l’instant, le débat reste ouvert.

Le deuxième élément de la conférence abordé par les médias grand public est l’accès des représentants de l’industrie et des journalistes aux ateliers. En effet, plusieurs entreprises (dont le cigarettier JTI) ont dénoncé avec véhémence l’exclusion des producteurs de tabac et d’autres industriels des ateliers. « Cela montre à quel point cette rencontre internationale les inquiète », analyse Rob Cunningham. Avec raison : le CCLAT facilite l’adoption de mesures contre la fabrication, la vente et l’usage du tabac. Par contre, même si l’industrie en est officiellement exclue, elle arrive tout de même à s’y infiltrer. En effet, certains délégués ont tenté de diluer les décisions de rencontres antérieures ou questionné les principes mêmes du CCLAT. « Cela laisse croire qu’ils travaillaient pour l’industrie du tabac », estime Francis Thompson. Une preuve de plus, s’il en fallait une, de l’importance de ce traité.

Anick Labelle