Nouvelle évaluation des interventions en cessation

Ayant pour rôle de « soutenir le ministre de la Santé et des Services sociaux et les Régies régionales dans l’exercice de leur mission de santé publique », l’Institut national de santé publique du Québec vient de publier un tout nouveau document sur les interventions en matière de cessation tabagique.

Ce rapport d’une cinquantaine de pages est en fait une recension des écrits sur les principales interventions ayant fait l’objet d’évaluations rigoureuses. Les auteurs, les Drs Michèle Tremblay et André Gervais, présentent pour chaque intervention retenue, une description, l’efficacité de la mesure, et un estimé de l’impact potentiel et des coûts d’implantation au Québec.

Parmi les interventions discutées on retrouve la ligne téléphonique d’information et de référence, le counseling téléphonique proactif, le counseling individuel par les professionnels de la santé, et les approches pharmacologiques de sevrage de la nicotine. On a aussi étudié le matériel autodidacte, le counseling de groupe, les approches de masse comme les « Quit and win », les politiques fiscales et l’accessibilité à des lieux publics et des milieux de travail où il est interdit de fumer.

Les auteurs illustrent dans deux tableaux combien d’ex-fumeurs chaque intervention pourrait générer et quels seraient les coûts de mise en oeuvre. Par la suite, ils présentent plusieurs constats dont voici quelques extraits :

  • « le counseling individuel par les médecins accompagné ou non d’une pharmacothérapie est l’intervention qui a le potentiel le plus élevé pouvant générer un peu plus de 37 000 ex-fumeurs au cours d’une année;
  • l’augmentation de 10% du prix des cigarettes est une mesure qui pourrait résulter en presque 34 000 ex-fumeurs;
  • l’application du chapitre II de la Loi sur le tabac est une mesure très efficace, avec un potentiel de près de 25 000 ex-fumeurs; cet impact se produit probablement lors de l’implantation de la mesure et non pas de façon répétée. »

Les Drs Tremblay et Gervais terminent en discutant de l’importance de promouvoir le counseling individuel par les professionnels de la santé dont notamment les médecins, les dentistes et les pharmaciens. Ils estiment également qu’il est essentiel de poursuivre le programme de financement des aides pharmacologiques de sevrage de la nicotine tout comme le Défi « J’arrête, j’y gagne! », considéré comme une campagne médiatique, composante de base très importante d’un programme global de réduction du tabagisme. Enfin, ils rappellent que la hausse des taxes est une intervention environnementale qui réduit la consommation de tabac, en particulier chez les jeunes.

Ce document de l’Institut national de santé publique fournit une vue d’ensemble des interventions en matière de cessation tabagique ayant fait l’objet d’évaluations rigoureuses, afin d’en comparer leur efficacité relative et leurs coûts d’implantation au Québec. Intitulé Interventions en matière de cessation tabagique : description, efficacité, impact, coûts estimés pour le Québec, il est disponible sur le site www.inspq.qc.ca.

Johanne Laguë, coordonnatrice scientifique, unité habitudes de vie, Institut national de santé publique du Québec