L’OMS adopte la Convention-cadre à l’unanimité

Lors de la séance plénière du 21 mai, l’Assemblée mondiale de la santé, organe suprême de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a adopté à l’unanimité de ses 192 pays membres le projet de Convention-cadre pour la lutte antitabac.

Il s’agit du premier traité international négocié sous l’égide de l’OMS. Entrant en vigueur 90 jours après sa ratification par 40 pays, la Convention demande aux signataires d’imposer des restrictions sur la publicité, le parrainage et la promotion du tabac, de mettre en place un nouvel étiquetage, d’adopter des mesures de protection des non-fumeurs et de renforcer la législation pour supprimer la contrebande du tabac.

« Il s’agit d’un moment qui fera date en matière de santé publique mondiale et qui montre la volonté internationale de s’attaquer à l’une des menaces qui pèsent sur le santé », a déclaré le Dr Gro Harlem Brundtland, directrice générale sortante de l’OMS. Le mandat de cinq ans de Mme Brundtland se terminant en juillet, l’Assemblée mondiale de la santé a aussi élu son successeur, le Dr Jong-Wook Lee, premier Sud-coréen à diriger une agence de l’Organisation des nations unies.

Présente à Genève, siège de l’OMS, la ministre de la Santé du Canada, Anne McLellan, s’est réjouie de l’adoption du traité. « Nous assistons à une étape collective majeure, a-t-elle déclaré à CBC Newsworld. L’ensemble du monde prend conscience des dangers du tabac et entreprend d’y faire face résolument. » Quant au Secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis, Tommy G. Thompson, il a surpris bien des observateurs en appuyant le traité après quelques semaines de tergiversations. « Voilà une journée superbe, quand vous pouvez vous lever et faire un bond énorme en faveur de la santé publique sur Terre », a lancé le représentant de l’administration Bush. Tout comme l’américaine, les délégations allemande et japonaise, très hésitantes lors des négociations, ont emboîté le pas de la communauté internationale. Il est prévu que l’Allemagne signe le traité, alors que l’engagement des États-Unis nécessitera l’accord de son Congrès.

Le tabac tue actuellement environ cinq millions de personnes par année, selon l’OMS. Le nombre de décès pourrait doubler d’ici 2020 si les pays n’appliquent pas rapidement les mesures énoncées dans la Convention-cadre, prévient l’organisme onusien. Le taux de tabagisme décline dans certains pays industrialisés mais il augmente, notamment chez les jeunes, dans de nombreux pays en développement. Moins nantis, ces derniers compteront plus de 70 % des décès prévus; ils furent d’ailleurs parmi les actifs supporteurs d’un traité plus sévère.

Bien que le Canada, promoteur indéfectible de la convention depuis huit ans, en respecte déjà la majeure partie des dispositions, des améliorations devront être apportées dans certains secteurs, telles l’interdiction des appellations trompeuses (légères, douces, etc.) et la protection des non-fumeurs dans les provinces retardataires.

Denis Côté