Les jeunes tentent souvent d’écraser

Les jeunes Canadiens fument beaucoup. Mais ils essaient souvent de se libérer de la nicotine. Voilà deux des conclusions de l’enquête de Santé Canada sur le tabagisme en 1999, dévoilée en novembre dernier.

L’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC) est basée sur des entrevues de 22 000 personnes. Dans chaque province, deux fois l’an, environ 500 jeunes de 15 à 24 ans et autant d’adultes de 25 ans et plus ont été interrogés, de manière à bien suivre l’évolution du tabagisme parmi les jeunes et à permettre des comparaisons provinciales valables.

Le sondage rapporte que le tabagisme s’accroît rapidement à l’adolescence pour atteindre un sommet à l’âge de 20-22 ans, alors que 42 % des Canadiens et 34 % des Canadiennes fument à chaque jour ou occasionnellement. Cette tendance s’atténue ensuite graduellement avec le temps; parmi les 45-54 ans, 26 % des hommes et 22 % des femmes fument. Chez les aînés de 55 ans et plus, il ne reste que 16 % de fumeurs et 14 % de fumeuses.

« Au Québec, où les cigarettes sont vendues à meilleur prix, 36 % des adolescents fument, ce qui est bien au-dessus de la moyenne nationale pour ce groupe », constate Santé Canada dans son résumé. Même si les jeunes sont nombreux à fumer, ils tentent souvent de renoncer à cette habitude. Parmi les fumeurs quotidiens de 15 à 19 ans (à savoir les deux tiers des fumeurs « actuels » de cet âge), seulement 24 % d’entre eux (et elles) n’ont pas essayé de rompre avec la cigarette au cours de l’année précédente; 53 % ont fait d’une à trois tentatives et 23 % ont essayé quatre fois ou plus. Chez les 45 ans et plus, ces efforts sont beaucoup moins fréquents : 59 % n’ont pas essayé, 32 % ont fait d’une à trois tentatives et seulement 9 % ont fait 4 tentatives ou plus.

Dans l’ensemble du pays, il demeure 25 % de fumeurs parmi les 15 ans et plus; ils étaient 50 % en 1965. Depuis 1981, la moyenne a baissé régulièrement, de 37 % à 25 %. Chez les 15-19 ans, par contre, la proportion avait diminué régulièrement, de 43 % en 1981 jusqu’à 22 % en 1990, pour ensuite remonter à 30 % en 1996, ce qui correspond à la période de la contrebande des cigarettes et de la chute de taxes.

Les Québécois sont encore les plus gros fumeurs au pays, avec une prévalence de 30 %, suivis de près par leurs concitoyens des provinces maritimes à environ 28 %. L’Ontario et le Manitoba affichent une moyenne de 23 % alors que la Colombie-Britannique est la plus saine, avec un taux de 20 %. Ce sondage s’ajoute à d’autres pour indiquer une amélioration au Québec, dont la proportion de fumeurs est passée de 33 % à 30 % environ en trois ans.

30 % de fumeurs à Montréal

En octobre dernier, la Direction de la santé publique de l’Île de Montréal dévoilait une enquête qui conclut à une proportion de 30 % de fumeurs dans cette région en 1999. Ce chiffre a été confirmé pour les données de l’année 2000, a par la suite révélé Danièle Brochu, de l’unité Santé physique.

« Depuis 1987, la prévalence du tabagisme chez la population de 15 ans et plus est à la baisse sur l’Île de Montréal. De 39 % en 1987, la proportion de fumeurs actuels a chuté à 30 % en 1999. Cette baisse s’est produite en deux temps, d’abord entre 1987 et 1992-1993, puis entre 1997 et 1999 », indiquent madame Brochu et son collègue Jean Gratton dans leur Enquête de surveillance du tabagisme à Montréal-Centre 1999. Les chercheurs constatent que la réduction amorcée dernièrement est uniquement attribuable aux femmes, dont « la proportion de fumeuses actuelles a dégringolé de 38 % en 1987 à 27 % en 1999 ».

La collecte des données de l’enquête montréalaise a été effectuée en juin 1999 par la firme Sondagem auprès de 2034 répondants. Le sondage, d’une vingtaine de questions, porte notamment sur la volonté, les motivations et les tentatives de cessation, la dépendance à la nicotine, l’usage du cigare et l’exposition à la fumée de tabac. On apprend que seulement 18 % des personnes mariées fument alors que cette proportion monte à 38 % chez les célibataires ou les personnes en union libre. Pas moins de 42 % des séparés ou divorcés encouragent l’industrie du tabac.

On peut se procurer le rapport de cette enquête, au coût de 10 $, auprès de la Direction de la santé publique de Montréal-Centre. Pour information : (514) 528-2400, poste 3646.

Denis Côté