La francophonie mondiale se réunira à Montréal pour contrer la pandémie du tabac

Du 15 au 18 septembre prochain, soit dans à peine huit mois, de 500 à 1 000 participants sont attendus au Palais des Congrès de Montréal pour la première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac.

Ayant obtenu l’été dernier des engagements de la part des deux principaux bailleurs de fonds pressentis, Santé Canada et le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (qui investiront chacun 250 000 $), les organisateurs sont aujourd’hui confrontés davantage à un défi d’échéancier qu’à des soucis financiers. Les dirigeants de l’Association pour la santé publique du Québec et de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), hôtes de la Conférence, sont satisfaits du progrès des préparatifs et ravis des appuis qui se confirment dans la francophonie.

Le président de la Conférence et coordonnateur de la CQCT, Louis Gauvin, revient d’une tournée de promotion qui l’a amené en France, en Belgique, en Suisse et au Mali. « Je suis enchanté de ces rencontres, a-t-il déclaré. Partout, mes interlocuteurs se sont montrés enthousiasmés à l’idée de partager, en français, leurs projets et préoccupations dans la lutte contre le tabac, et ce, dans le cadre d’un grand événement international. » La rencontre est coprésidée par le professeur Albert Hirsch pour l’Europe, sommité de la lutte antitabac en France, et par Mahamane Cissé pour l’Afrique, président de SOS Tabagisme-Mali.

À court terme, la Conférence permettra d’échanger sur les stratégies traditionnelles de lutte contre le tabagisme, en particulier les programmes de prévention auprès des jeunes, les aides à l’arrêt tabagique et la protection des non-fumeurs. Mais elle jettera surtout un regard approfondi sur de nouvelles approches fondées sur l’action publique – advocacy -, l’action politique et la dénormalisation, incluant la responsabilité de l’industrie et le contrôle du produit.

À plus long terme, ses promoteurs souhaitent renforcer le mouvement antitabac mondial – en particulier celui actif dans la francophonie -, créer un véritable réseau des intervenants de diverses disciplines et lancer des axes de collaboration Est/Ouest et Nord/Sud sur la lutte contre le tabac.

Modèle québécois

Selon les continents, les populations francophones sont aux prises avec des situations très différentes, voire extrêmes en matière de tabagisme. Alors que le Québec ne fait que rattraper son retard dans l’Amérique du Nord anglophone, il fait par contre figure de modèle dans la francophonie, grâce principalement à sa loi antitabac globale adoptée en 1998 et aux budgets gouvernementaux octroyés à ce secteur. Membre du Comité scientifique de la Conférence et attaché au dossier du tabac à la Direction de la Santé publique de Québec, Mario Champagne remarque que notre situation est enviée à l’étranger. « En France, nos collègues sont handicapés par une culture assez complaisante face au tabac; de surcroît, ils ne disposent que de subventions publiques très marginales », remarque-t-il, après la première réunion du Comité, en novembre.

Quant aux pays africains, leur situation est encore plus accablante. « Là-bas, indique Fernand Turcotte, également de Québec et membre du Comité, l’industrie du tabac est souvent perçue comme bienfaitrice. Non seulement les fabricants sont d’efficaces publicitaires et commanditaires, comme il y a quelques années ici, mais le reste de l’économie est très faible. »

Depuis deux ans, les responsables de la Coalition québécoise multiplient les contacts avec leurs homologues étrangers pour les impliquer dans ce projet ambitieux et leurs démarches sont aisées et fructueuses. Tous y voient une tribune et un forum d’échanges en français, faisant ainsi contrepoids aux autres événements du genre qui se déroulent quasi totalement en anglais. On peut s’attendre à ce que l’intérêt pour les pays en développement soit encore plus visible à Montréal que lors des conférences tenues en anglais, où les délégués les plus volubiles, les anglophones, proviennent de régions aisées, à l’avant-garde de la lutte antitabac, comme les États-Unis, le Canada anglais, l’Australie et la Grande-Bretagne. D’ailleurs, l’organisation compte disposer d’un programme d’aide facilitant la présence de représentants de pays en développement.

Le réseau Internet sera abondamment utilisé pour promouvoir l’inscription (qui s’élève à 450 $) et la participation active à la Conférence. Le site www.cifcot.com enregistre pour l’instant les coordonnées des personnes intéressées, lesquelles recevront par courriel un bulletin mensuel sur les préparatifs. L’ensemble du site présentera bientôt en détail la programmation et une foule d’autres renseignements pertinents.

Du lundi au mercredi (16 au 18 septembre), outre les activités sociales ou protocolaires, le programme inclut une série de grandes conférences plénières et une multitude de présentations en simultané. La cérémonie de clôture comportera l’adoption d’une « Déclaration de Montréal », reflétant les voeux et engagements des congressistes.

En janvier 2002, un appel aux communications sera lancé à l’intention des éventuels conférenciers d’ateliers ou de séances plénières. Les aspirants sont donc priés de s’assurer d’être bien sur la liste d’envoi du bulletin de la Conférence.

Denis Côté