Nouvelles brèves

Bénéfices de 967 millions pour Imperial

Le géant canadien Imperial Tobacco a réalisé des bénéfices d’exploitation record de 967 millions de dollars en 2001, en hausse de 6,3 % sur l’année précédente, selon son bilan disponible sur le Web. Les revenus, sans les taxes sur le tabac, étaient de 1,926 milliard et les coûts d’opération de 959 millions, pour un rapport bénéficiaire inouï dépassant maintenant 50 %. Les profits nets pour le propriétaire, la multinationale BAT, se chiffrent à 298 millions, après l’amortissement des marques de 410 millions (la compagnie a acheté ses propres marques pour 8,2 milliards en 2000, amorties sur 20 ans), les frais d’intérêts de 85 millions et des impôts de 174 millions.

C’est donc dans un climat de prospérité que le fabricant des cigarettes Player’s et du Maurier a inauguré son nouveau siège social dans le quartier Saint-Henri à Montréal, au début de mai. Totalisant 175 000 pieds carrés, l’immeuble de cinq étages a coûté la bagatelle de 32,7 millions. Selon la compagnie, les employés seront en mesure de « se dépasser », disposant maintenant d’installations à la fine pointe. Ils pourront notamment se dépasser sur la piste de jogging aménagée sur le toit.

Cancer du poumon : toujours l’hécatombe

Le jour même de l’inauguration du siège social d’Imperial Tobacco, le 6 mai, la division québécoise de la Société canadienne du cancer présentait aux médias un portrait des ravages, du traitement et de la prévention du cancer du poumon. Président du Comité de l’éducation, Marcel Girard a indiqué qu’en 2002, le cancer du poumon tuera environ 3 600 hommes et 2 200 femmes au Québec. Cette maladie, dont le taux de survie est inférieur à 15 % après cinq ans, arrive au premier rang des décès par cancer. « La plupart des types de cancer du poumon se développent de façon sournoise et les symptômes n’apparaissent qu’assez tard. Toutefois, ce cancer est évitable dans une large mesure. Et la meilleure forme de prévention, c’est de ne pas fumer », a-t-il rappelé. Le tabagisme est expressément lié à environ 87 % des cancers du poumon, selon la Société.

Pneumologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, Dr Rita Jean-François a déploré le faible dépistage du cancer du poumon effectué au Québec. De plus grands efforts en ce sens, auprès des fumeurs et ex-fumeurs, pourraient permettre des soins précoces qui aboutiraient à un taux de survie doublé, soit 30 % après cinq ans selon elle. Pour sa part, Dr Michèle Tremblay, de la DSP de Montréal, a résumé la stratégie déployée pour réduire le tabagisme.

Questionnée par Info-tabac sur le comportement des fumeurs après un diagnostic de cancer du poumon, Dr Jean-François dit qu’ils se montrent assez résignés, désirant garder leur énergie pour mettre de l’ordre dans leurs affaires, le temps qu’il leur reste. Ils sont souvent plus inquiets pour leurs proches que pour eux. Ils manifestent peu de rancune à propos de leur tabagisme passé, ni contre l’industrie du tabac. « Il y aurait pourtant de la place pour de la colère contre l’industrie, compte tenu de tout ce qu’elle fait pour populariser un produit qu’elle sait mortel », dit-elle.

Dernière émission de Peter Gzowski

Animateur vedette pendant des décennies au réseau anglais de Radio-Canada, le journaliste Peter Gzowski a tenu à livrer un dernier message à la fin de sa vie, contre la MPOC ou « maladie pulmonaire obstructive chronique ». Lui-même atteint d’une MPOC, résultat de quelque cinquante années de tabagisme, M. Gzowski est décédé en janvier dernier à l’âge de 67 ans. Il avait enregistré la présentation d’un documentaire de 30 minutes, With Every Breath, produit pour l’Association pulmonaire du Canada et qui fut diffusé le 28 avril sur le réseau Global.

M. Gzowski étant peu connu au Québec, une adaptation fut réalisée en français, animée par la comédienne Andrée Champagne et présentée la veille au réseau TVA. Une quinzaine de médecins spécialistes ou de victimes francophones y livrent de convaincants témoignages sur ces maladies, soit l’emphysème et la bronchite chronique, qui touchent un million de Canadiens et en emportent un à l’heure. En très grande majorité, les MPOC, traitables mais non guérissables, sont dues à l’usage du tabac.

Grâce au soutien de la compagnie pharmaceutique Boehringer Ingelheim, il est possible d’obtenir gratuitement une copie VHS de l’émission, en appelant au 1-866 633-0446. Il est dommage que l’émission francophone, touchante et très crédible, n’ait pas été vue par un grand nombre de Québécois, puisqu’elle était diffusée un samedi après-midi, après les info-publicités, et de surcroît en compétition avec un match Canadien-Bruins des séries éliminatoires de hockey.

Danse sans fumée

Au Québec, danser sans fumée est aussi difficile, sinon davantage, que de manger sans fumée. Line Robitaille et son frère, DJ Réal, tentent pourtant depuis cinq ans de créer une brèche dans l’univers enfumé du disco. Un samedi sur deux, ils présentent à Montréal une soirée de danse Pop Rock, World Beat, qui attire une centaine de personnes de 25 à 55 ans environ. Formée essentiellement de non-fumeurs, la clientèle arrive tôt (vers 22h), danse beaucoup et boit peu, raconte Mme Robitaille. L’activité, nommée DansEnCorps Sans Fumée, se tient au 4445, Saint-Laurent, près de Mont-Royal. Les prochaines soirées ont lieu les 1er, 15 et 29 juin, 13 et 27 juillet; l’admission est de 8 $. Renseignements au (514) 525-2419.

Rétention en Australie

La filiale australienne de la multinationale British American Tobacco (BAT) vient de subir une défaite significative. Le 22 mars, le juge Geoffrey Eames, de la Cour suprême de l’État de Victoria (Supreme Court of Victoria), a rejeté d’emblée la défense de BAT Australia, sans que la cause de la plaignante, Rolah Ann McCabe, ne soit entendue. Ensuite, le 11 avril, le jury a accordé à cette dernière la somme de 700 000 $AU pour les dommages. Madame McCabe, 51 ans, est en train de mourir d’un cancer du poumon.

Le plus prometteur dans cette affaire est la raison pour laquelle Madame McCabe a pu remporter sa cause par défaut. Le juge Eames a expliqué que, sous le nom de « Politique de rétention des documents » (Document Retention Policy), BAT Australia avait plutôt détruit, et non retenu, d’énormes quantités de documents-clé, ce qui rendait impossible l’élaboration de la poursuite. Ce jugement est susceptible de faire jurisprudence et d’encourager des milliers d’Australiens à porter plainte.

Au Canada, dans les années 1990, le conseiller juridique d’Imperial Tobacco dans la poursuite actuelle contre la loi fédérale sur le tabac, Simon Potter, fut associé à l’élimination de documents pour cette autre filiale de BAT. Cette habileté serait susceptible de donner du poids aux poursuites présentes ou éventuelles contre le fabricant cachottier. (Source : Cifcot.com)

Le Canada en Cour suprême américaine

Début mars, la Cour suprême des Etats-Unis a été saisie d’une demande d’appel du gouvernement canadien concernant des pertes de revenus provoquées par la contrebande du tabac. Des tribunaux inférieurs de l’État de New York avaient conclu que les pertes fiscales étrangères ne pouvaient pas être recouvertes par l’entremise de tribunaux américains, en vertu d’une règle datant du XVIIIe siècle. Le Canada accuse la firme R.J. Reynolds d’avoir provoqué le commerce illicite de ses cigarettes Export « A » au début des années 1990, entraînant une fraude fiscale de plus d’un milliard US.

Le 13 mai, la Cour suprême a demandé l’avis de la Maison Blanche sur cette cause, étant donné qu’elle a des répercussions sur les relations internationales des États-Unis. Il est peu probable que la Cour décide avant l’automne si elle accepte, ou non, d’entendre l’appel canadien. L’affaire a coûté déjà plus de 17 millions $ en frais juridiques aux contribuables. Mais il s’agirait d’un bon placement, selon un fonctionnaire fédéral voulant demeure anonyme, puisqu’il démontre, même en cas d’échec, le sérieux du gouvernement canadien à combattre la contrebande.

Cornwall sans fumée

Depuis le 1er mai, il est interdit de fumer dans les restaurants de Cornwall, en Ontario, en vertu d’un règlement municipal adopté en janvier dernier. Cette norme s’étendra un an plus tard, le 1er mai 2003, aux bars, salles de bingo ou de billard, et aux clubs privés, lesquels doivent toutefois être déjà à 50 % non-fumeurs. Ville de 47 000 habitants, à 25 % francophone, Cornwall n’est qu’à 3 km de l’extrémité ouest de la Montérégie à vol d’oiseau. Mais les voitures doivent passer par les États-Unis pour y accéder, en traversant la réserve Mohawk d’Akwesasne, bien connue pour sa contribution à la contrebande de cigarettes au début des années 1990. La région est de l’Ontario compte 31,6 % de fumeurs, selon la toute récente enquête canadienne sur les collectivités.

Loi avant-gardiste en Nouvelle-Écosse

Le 26 avril, le ministre de la Santé de Nouvelle-Écosse, Jamie Muir, a déposé un projet de loi qui entendait interdire de fumer, à compter du 1er janvier 2003, dans tous les endroits publics accessibles aux jeunes de moins de 19 ans. De nombreux intervenants, notamment des parlementaires de tous les partis, estiment que le projet de loi ne va pas assez loin et exigent un bannissement complet, comme à Ottawa. Des députés ont demandé un vote libre sur le sujet, ce qu’a refusé le premier ministre John Hamm.

Fin mai, le ministre Muir a déposé un amendement pour étendre la mesure aux bars, sauf dans des pièces pour fumeurs, ce qui n’a pas amadoué l’opposition. La ténacité des députés contre la fumée ambiante surprend agréablement, puisque la Nouvelle-Écosse dispute au Québec la plus haute prévalence de tabagisme au Canada, soit de 25 % à 30 % selon les sondages.

Il s’agit de la troisième province canadienne à régir sérieusement l’usage du tabac dans ses restaurants, après la Colombie-Britannique et Terre-Neuve. Les restaurateurs pourront toutefois offrir des salles fermées pour les fumeurs, interdites aux mineurs et ne comportant pas plus que 25 % des places. L’expérience a montré, à Toronto et à Edmonton par exemple, que peu de restaurants choisissent cette alternative onéreuse. Les municipalités pourront maintenir ou adopter des règlements plus sévères.
(Précision ajoutée sur cette page Web : Ce projet de loi a été adopté par une faible majorité le 28 mai 2002.)

Le Cabaret écrase

Le Cabaret du Casino de Montréal ne défie plus la Loi sur le tabac. Ses repas et ses spectacles sont sans fumée depuis le 19 mai. En réaction à la manchette du Journal de Montréal du 13 mars, « Loi sur le tabac – Le Casino défie Québec », le nouveau président de Loto-Québec, Gaétan Frigon, avait aussitôt décrété que le Cabaret allait être 100 % non-fumeur. Bien illustré sur les trois premières pages du tabloïd aux deux millions de lecteurs, le convaincant reportage de Patrick Lagacé incluait des entrevues du ministre Roger Bertrand, du député Russell Williams, du chef du Service de lutte contre le tabagisme, Lise Talbot, et du directeur du Capitole de Québec, Jean Pilote.

Le Casino du Lac-Leamy, à Gatineau, est davantage proactif en matière de protection de son personnel. Depuis le 3 juin, il est interdit de fumer aux tables de jeu, cela même dans la section fumeur déjà réduite à environ 30 % de la superficie.

Infraction au Stade

Si le Journal de Montréal ou un autre média veut encore donner un bon coup de main à l’application de la Loi sur le tabac, il pourrait faire enquête au Stade Olympique, lors des matchs de baseball des Expos. Malgré quelques enseignes d’interdiction, les préposés à la sécurité ont la consigne de laisser fumer les gens partout, sauf dans les estrades. La Régie des installations olympiques, autre créature du gouvernement québécois, se moque ainsi ouvertement de la loi, au lieu de la défier subtilement comme le faisait le Cabaret du Casino sous prétexte d’interprétation juridique divergente. Au fait, « Expos – La RIO se moque de la Loi sur le tabac » semblerait une excellente manchette.

Inspection à Info-tabac

La Loi sur le tabac est respectée à Info-tabac, ont constaté le 30 avril deux inspecteurs du Service de lutte contre le tabagisme, une division du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Faisant une tournée de routine dans l’édifice de la Polyclinique médicale populaire de Montréal – où sont situés nos locaux -, les inspecteurs Louis Pichette et Jean-Marc Laplante, bien identifiés par leurs insignes, ont convenu que personne ne fumait au bulletin pour un Québec sans tabac. Tout l’édifice fut d’ailleurs jugé conforme, au plaisir de son administratrice Lise-Anne Deshaies, qui voit au strict respect de la loi depuis l’été 2000, époque de l’entrée en vigueur des sanctions pénales.

MM. Pichette et Laplante font partie des 27 inspecteurs provinciaux de la Loi sur le tabac, lesquels sont tous basés à Québec; lors des tournées en régions, notamment à Montréal, ils doivent donc loger à l’hôtel. À tour de rôle, ils répondent aussi aux appels du service des plaintes, au 1 877 416-8222. Incidemment, le bureau du Service de lutte contre le tabagisme a déménagé mi-mars dans des locaux plus vastes, au 1000, route de l’Église, 4e étage, Sainte-Foy, Québec G1V 3V9. Le chef d’équipe est Lise Talbot, dont on peut joindre la secrétaire Charlotte Giguère au (418) 643-6084.

Loi complète au Delaware

Situé sur la côte Atlantique, entre le New Jersey et la capitale Washington, le Delaware devient le deuxième État américain à interdire totalement le tabac dans tous ses lieux publics incluant les bars, après la Californie. Le 14 mai, le Sénat de l’État a approuvé, par un vote de 18 à 3, une loi en ce sens qui entrera en vigueur dans six mois, car la gouverneure Ruth Ann Minner a annoncé qu’elle l’entérinera. Comme le Québec, le Delaware possède trois casinos gouvernementaux, lesquels devront devenir 100 % sans fumée malgré la crainte de leurs dirigeants quant à une perte de clientèle. Même si le Delaware n’a que 780 000 habitants, les militants antitabac américains se réjouissent que l’exemple de la Californie soit enfin suivi par un second État, même cinq ans plus tard.

Également sur la côte Est, la ville de New York pourrait adopter prochainement un règlement antitabac plus musclé qui interdirait de fumer dans tous ses restaurants; de plus, une surtaxe municipale sur le tabac de 14,20 $ US la cartouche y monterait le coût des grandes marques, à la fin de juin, à l’équivalent de 14,50 $ CAN le paquet de 25.

Des gangs allumées à Musique Plus

Le 6 avril, l’émission Vitamine Pop de Musique Plus a présenté un spécial de deux heures en hommage aux projets de La gang allumée pour une vie sans fumée, réalisés par des jeunes de 11 à 17 ans dans leurs écoles ou dans des centres de loisirs. Les animateurs Marisol et Nabi avaient auparavant effectué une tournée de cinq semaines dans 13 régions du Québec, pour enregistrer autant de reportages sur des projets sélectionnés. L’équipe de Musique Plus a effectué 8 000 km, soit 100 heures de route, à la rencontre d’un jeune public toujours enchanté de les accueillir. En ondes, Nabi a affirmé que les animateurs de la station sont tous non-fumeurs maintenant, ce qui constitue un exemple attrayant.

Plus de 300 Gang allumées se sont formées cette année dans les écoles québécoises. Elles organisaient des projets de leur cru susceptibles de sensibiliser les jeunes aux bienfaits de la vie sans tabac. Profitant d’un appui financier du ministère de la Santé et des Services sociaux et de Directions régionales de santé publique, cette campagne était coordonnée par le Conseil québécois sur le tabac et la santé. Des kiosques furent notamment animés, en mai, aux salons Célébration-jeunesse de Montréal et de Québec, soit l’ancien Salon Pepsi qui se tient désormais également dans la capitale. Un jeu de poches géant y révélait certaines vérités du tabac, tout en arborant le slogan « Fumer, c’est full poche » (une trouvaille de l’agent de liaison André Bourgeois). La Gang allumée reprendra bien sûr ses activités à l’automne 2002; renseignements au (514) 948-5317.

Partenaires non-fumeurs

Révélant son nouveau statut de non-fumeuse, l’éditrice du magazine Rendez-vous, Chantale Tardif, s’est permis un éditorial sur l’avantage de ne pas fumer lorsqu’on est à la recherche d’un partenaire. Ce magazine québécois bimestriel, tiré à 30 000 exemplaires, aide les célibataires à profiter de leur état, tout en les renseignant sur les occasions ou services pour faire connaissance.

Dans son texte, Mme Tardif rapporte que sur un site Internet québécois populaire de rencontres (Compagnie.com – 360 000 membres), 60 % des hommes et 56 % des femmes inscrits sont non-fumeurs. Au téléphone, elle nous a précisé que dans les agences de rencontres, on trouve maintenant environ 70 % de non-fumeurs. Et dans presque tous les cas, ces gens recherchent des partenaires sans tabac…

« Et non, écrit l’éditrice à ses lecteurs, je ne suis pas en train de vous dire d’arrêter de fumer pour pogner davantage, sauf que…, si vous ajoutez cette motivation à une liste déjà convaincante… pourquoi pas? Je l’avoue, vous n’aurez plus cette excuse de demander du feu à celui ou à celle que vous reluquez depuis une demi-heure, mais ne saviez-vous pas encore qu’une personne qui prend soin de sa santé est d’ores et déjà beaucoup plus séduisante? Allez, bon courage! »