Le Parti libéral entend « renforcer l’application de la Loi sur le tabac »

Même si le sujet de la santé occupait une place prépondérante dans la récente campagne électorale provinciale, la lutte contre le tabagisme n’a certes guère inspiré le discours de nos politiciens. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a tout de même réussi à arracher des prises de position de la part du Parti libéral et du Parti québécois.

Le 21 mars, la Coalition faisait parvenir aux trois principales formations politiques, avec copies aux médias, une série de six questions concernant des points chauds de la stratégie gouvernementale de réduction du tabagisme. Mais, après les deux semaines de réflexion accordées aux partis, le groupe de pression a dû émettre un communiqué se désolant de n’avoir obtenu aucune réponse ! Par contre, dès le lendemain, la Coalition recevait une lettre d’appui de la part de Jean Charest, chef du Parti libéral et aujourd’hui premier ministre. Puis finalement, ne voulant être en reste, le Parti québécois s’est distingué par ses réponses détaillées aux fameuses six questions.

Lettre de Jean Charest

« En 2003, un gouvernement libéral propose de continuer la lutte au tabagisme dans le cadre d’une politique de santé publique étoffée, signe Jean Charest. En plus de lutter contre le tabagisme et ses conséquences pour la santé, nous mobiliserons tous les agents socio-éducateurs, professionnels et organismes pouvant soutenir les victimes de toxicomanie, d’alcoolisme, de tabagisme et de jeu compulsif. » Le Parti libéral « va renforcer l’application de la Loi sur le tabac », ajoute-t-il, donnant toutefois un exemple peu convaincant, soit une interdiction aux enseignants de fumer sur les terrains des écoles. M. Charest avait d’ailleurs parlé de ce cas en campagne électorale.

La prudence de M. Charest contraste avec les propos déterminés de son critique en matière de lutte contre le tabagisme, Russell Williams, alors que les libéraux formaient l’opposition officielle. À plusieurs reprises, M. Williams avait offert la collaboration de son parti pour amender la loi québécoise, de manière à mieux protéger les non-fumeurs. Il avait aussi dénoncé le laxisme du gouvernement péquiste concernant la publicité de tabac liée à un style de vie, largement diffusée sous prétexte d’événements commandités. Le Parti libéral étant au pouvoir, il est à espérer que les positions de M. Williams soient maintenant partagées par le nouveau gouvernement.

Réponses du PQ

Pour sa part, le Parti québécois s’était donné la peine d’élaborer sur les six questions de la Coalition. Bien que cette formation ne soit plus au pouvoir, voici l’essentiel de ses réponses :

  • Commandites? – Le PQ s’engageait à mettre en vigueur l’interdiction totale des commandites du tabac, au 1er octobre prochain, tel que prévu par la loi. « Évidemment que nous sommes pour (…) C’est le Parti québécois qui est à l’origine de cette loi. »
  • Taxation? – Le gouvernement du PQ suivait la situation, envisageant des hausses en concertation avec l’Ontario et le gouvernement fédéral, tout en contrôlant étroitement la contrebande.
  • Budget? – Oui, le PQ était « tout à fait » d’accord avec le maintien ou l’augmentation du budget antitabac. (NDLR : Le gouvernement consacrait le plus haut budget per capita au Canada à la lutte antitabac, soit plus de 35 millions en incluant les aides pharmacologiques.)
  • Étalages? – Le PQ était possiblement d’accord avec un renforcement de la loi concernant la promotion dans les points de vente, si cela est prouvé efficace et applicable
  • FTE? – Pas d’engagement du PQ en faveur de la protection des non-fumeurs; le parti semble satisfait de la situation dans les restaurants.
  • Publicité antitabac? – Pas d’engagement du PQ pour des annonces plus agressives, mais « une approche du type des campagnes américaines n’est pas exclue de (ses) réflexions ».
Silence de l’ADQ

La Coalition n’a pas été en mesure de faire broncher le parti de Mario Dumont. Dans un historique des positions des trois partis sur le dossier du tabac, elle n’a relevé qu’une action – négative – de l’Action démocratique du Québec : la dénonciation, en 1998, du projet de loi 444 par M. Dumont et son absence le jour du vote. Ayant maintenant quatre députés à l’Assemblée nationale, l’ADQ aura sans doute un jour l’occasion de mieux se signaler contre une dépendance qui tue quelque 12 000 Québécois par année.

Denis Côté