Nouvelles brèves

Couillard et Williams en charge du tabac

Contrairement à ce qui prévalait sous l’administration péquiste, c’est le ministre en titre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, qui sera responsable du dossier « Tabagisme et toxicomanie », et non pas le ministre délégué à la Santé. Neurochirurgien âgé de 46 ans, M. Couillard était auparavant chirurgien-chef et directeur du Département de chirurgie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. Pour faciliter son entrée en politique, le chef du Parti libéral Jean Charest, également de Sherbrooke, lui avait destiné la circonscription montréalaise de Mont-Royal, remportée haut la main.

Le nouveau premier ministre Charest a nommé Russell Williams, député de Nelligan, au poste d’adjoint parlementaire du ministre. M. Couillard a déjà demandé à son collègue de prendre en charge certains dossiers, dont celui du tabac. Il s’agit là d’une excellente nouvelle car M. Williams connaît bien ce sujet et avait talonné les ministres péquistes en faveur d’interventions plus énergiques. Quant au poste de ministre délégué à la Santé, aux Services sociaux et à la Condition des aînés, il demeure à combler suite à la démission surprise de la pharmacienne Julie Boulet, qui reste députée libérale de Laviolette.

Importantes baisses de livraisons

Selon Statistique Canada, les ventes totales de cigarettes de janvier à mars 2003 se montent à 8,9 milliards de cigarettes, soit 13 % de moins qu’à la même période en 2002. Quant à la production cumulative pour la même période, elle a aussi chuté de 13 %, pour s’établir à 9 milliards de cigarettes. Pour sa part, Imperial Tobacco Canada indique que dans les 12 mois précédant le 31 mars 2003, le nombre de cigarettes livrées (incluant les équivalents de tabac haché) par l’ensemble de l’industrie était de 43,7 milliards, en baisse de 10 % sur l’année précédente. Quant aux livraisons de cigarettes qualifiées « premium » (c’est-à-dire à haut profit pour les trois grands fabricants), elles sont passées de 40,5 à 34 milliards, soit une baisse intéressante de 18,5 %. Tant les rapports de Statistique Canada que les estimés du géant canadien du tabac révèlent donc des réductions remarquables de la consommation, lesquelles se confirment par les sondages sur la prévalence.

Peter Jackson moins chères

Devant le succès commercial des cigarettes moins coûteuses mises en marché par les petits fabricants, Imperial Tobacco vient d’abaisser d’environ 1 $ le prix de ses Peter Jackson pour le Québec et les Maritimes. Dans son premier bilan saisonnier de l’année 2003, ITC indique vouloir répondre à un autre grand fabricant canadien qui s’est engagé dans cette voie. Il s’agit de Rothmans, Benson & Hedges, qui offre depuis février à moindre coût des Number 7 complètement usinées. Les Number 7 étaient jusqu’alors une marque à achever soi-même, simplement en ajoutant une rondelle au filtre, histoire d’éviter une partie de la taxation. Le rapport financier d’ITC avertit les actionnaires que cette nouvelle concurrence pourrait abaisser le rendement bénéficiaire de la compagnie, lequel est actuellement très élevé (bénéfices d’exploitation record de 1,031 milliard en 2002, soit 54 % du chiffre d’affaires hormis les taxes).

Condamnation en Italie

Le 28 mars, l’Agence italienne de la concurrence a condamné Philip Morris International à une amende de 50 millions d’euros pour absence de compétition entre elle et son principal rival en Italie, le fabricant Ente Tabacchi qui appartient à l’État. Le bureau de surveillance a conclu que les deux fabricants ont harmonisé des hausses de prix de manière à freiner la concurrence tout en accaparant 90 % du marché, cela de juin 1993 à mars 2001. À titre de comparaison, au Canada, les trois principaux fabricants ont, depuis des décennies, partagé les mêmes prix et les mêmes hausses pour plus de 98 % du marché interne!

Dernières commandites

Imperial Tobacco Canada semble résignée à mettre fin à ses quelques commandites restantes d’ici le 1er octobre prochain, en conformité avec les lois canadienne et québécoise sur le tabac. Le 16 avril, par voie de communiqué, ITC annonçait qu’elle ne renouvellerait plus les activités de la Fondation mode Matinée, laquelle a versé depuis 1992 près de sept millions en soutien direct aux créateurs canadiens de mode masculine et féminine. Mais l’investissement principal du fabricant relatif à cette promotion (de plus de 50 millions, précise-t-il) a consisté surtout en placements publicitaires dans des publications grand public et en panneaux-réclame. Cette promotion associait l’image de jeunes dames élégantes au nom, logo et couleurs du paquet de cigarettes Matinée. L’Association pour les droits des non-fumeurs a réagi en rappelant que le commanditaire pouvait toujours continuer à appuyer la mode par le biais de dons philanthropiques. Il s’agit d’une alternative légale, et sans doute rentable sur le plan des relations publiques. Selon une entrevue du président d’ITC, Bob Bexon, parue dans le Journal de Montréal du 20 mai, la compagnie aurait l’intention de poursuivre les activités du Conseil des arts du Maurier sous la forme de dons corporatifs, cela sans véhiculer le nom d’une marque de cigarettes.

Le Maine sans fumée

Un second voisin du Québec deviendra bientôt totalement sans fumée. Fin juin, le gouverneur de l’État du Maine, John Baldacci, a entériné un projet de loi qui éliminera la fumée de tabac des bars, tavernes et salles de bingo ou de billard à compter du 1er janvier 2004. « Ne vous méprenez pas, a assuré le gouverneur Baldacci, les fumeurs resteront les bienvenus dans tout l’État du Maine. Nous leur demandons simplement de laisser leurs mégots à la porte des établissements, de manière à mieux protéger la santé des personnes autour d’eux. » Le projet de loi fut d’abord adopté par de fortes majorités, une semaine auparavant, par le Sénat et la Chambre des représentants.

Surnommé Land of Remembered Vacations (La contrée des vacances inoubliables), cet État touristique de 1 300 000 habitants avait banni l’usage du tabac de ses restaurants dès octobre 1999. Situé à l’extrémité nord-est des États-Unis, le Maine est l’État ayant la plus longue frontière commune avec le Québec (près de 300 km), joignant les régions de l’Estrie, de Chaudières-Appalaches et du Bas-Saint-Laurent. Il devient le 5e État américain à retenir une législation complète antitabac (incluant les bars), après la Californie, le Delaware, le New York et le Connecticut. Dans l’État de New York, autre voisin du Québec, cette interdiction totale est entrée en vigueur le 25 juillet.

Des projets allumés

Le forum annuel de la Gang allumé pour une vie sans fumée, une initiative du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), s’est tenu le 30 mai au Cégep Ahuntsic de Montréal. Plus de 350 jeunes « allumés » provenant des quatre coins de la province ont présenté des projets antitabac conçus dans leurs écoles. Créée en 1995, la Gang allumée rallie fumeurs et non-fumeurs de 12 à 18 ans qui réalisent ensemble des activités de prévention et de réduction du tabagisme. Pendant que des sketchs illustraient le tabagisme vu par des yeux d’adolescents, le CQTS tenait simultanément, dans un local voisin, une conférence de presse sur le rôle du tabac au cinéma et dans le milieu de la mode, dans le cadre de la Journée mondiale sans tabac.

D’autre part, veuillez noter que depuis le 7 juillet, le CQTS est déménagé au 4126, rue Saint-Denis, bureau 302, Montréal H2W 2M5. Les numéros de téléphone et de télécopieur demeurent inchangés.

Parole de l’industrie

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a rassemblé, dans un document-synthèse, quelques citations de l’industrie du tabac évoquant son mépris pour la santé publique. Disponible sur le site www.cqct.qc.ca, ce recueil montre, une fois de plus, que l’information véhiculée à l’intérieur des compagnies diffère énormément de leurs discours publics. Par exemple, même si les fabricants de tabac ont longtemps insinué que leurs produits n’étaient pas nocifs, ils savaient, dès les années 1950, que la cigarette pouvait provoquer certaines maladies. « Des résultats d’études cliniques tendent à confirmer la relation entre l’usage excessif et prolongé du tabac et le cancer du poumon », rapporte un mémo de R. J. Reynolds daté de 1953.

Île-du-Prince-Edouard

Plus petite province canadienne, en territoire et en population, l’Île-du-Prince-Édouard dispose d’une loi qui protègera très bientôt l’ensemble de ses travailleurs de la fumée de tabac. Par voie de communiqué début mai, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Jamie Ballem, a annoncé que le Smoke-free Places Act, adopté en novembre 2002, allait entrer en vigueur dès le 1er juin. Les restaurants et bars pourront toutefois disposer de salles fumeurs cloisonnées et ventilées, totalisant 25 % des places au maximum; ces salles ne pourront pas offrir le service aux tables.

S’exprimant au nom du Conseil pour une Île sans fumée, Vicki Bryanton espère que les employeurs et exploitants de lieux publics choisiront de ne pas bâtir de pièces pour fumeurs, pour lesquelles un permis de construction est d’ailleurs requis. Quant au président de l’Association touristique de l’Île-du-Prince-Édouard, Don Cudmore, il croit que cette loi est un pas dans la bonne direction. « Nous sommes satisfaits et considérons que notre industrie peut s’adapter », a-t-il déclaré. L’appui du secteur touristique s’avérait important pour le gouvernement, puisque cette province maritime de 138 000 habitants accueille environ 1,2 million de visiteurs par année.

Connecticut, 4e État

Après la Californie, le Delaware et l’État de New York, le Connecticut devient le 4e État américain à bannir l’usage du tabac dans tous ses lieux publics intérieurs. Au début de mai, le sénat et l’assemblée législative ont adopté par d’importantes majorités une loi qui interdira de fumer dans les restaurants dès le 1er octobre prochain, puis dans les bars à compter du 1er avril 2004. Le gouverneur John G. Rowland l’a entérinée le 23 mai. Situé au nord-est de New York, la métropole, le petit État du Connecticut compte tout de même 3,5 millions d’habitants.

Le militant antitabac new-yorkais Joseph Cherner, qui anime un réseau d’interventions sur Internet, prévoit une escalade dans l’adoption de lois solides de protection des non-fumeurs dans les États américains. « Les lois devraient protéger la santé de tous les travailleurs également, répète-t-il. Personne ne devrait être tenu de respirer la fumée de tabac pour garder son emploi, parce qu’elle cause le cancer, des maladies cardiaques et des maladies respiratoires. »

Le Rideau de fumée

Publié en avril aux éditions du Seuil, en France, Le Rideau de fumée – Les méthodes secrètes de l’industrie du tabac, de Gérard Dubois, dresse un portrait complet des multinationales du tabac. Retraçant les débuts de l’industrie jusqu’à nos jours, l’ouvrage est basé sur des documents internes des compagnies de cigarettes. La préface est d’ailleurs de Jeffrey Wigand, le transfuge américain de l’industrie ayant inspiré le film L’Initié. À dévorer comme un roman, Le Rideau de fumée rappelle que les fabricants savent depuis fort longtemps que la cigarette cause le cancer, crée une dépendance et tue bon nombre de ses consommateurs. L’auteur relate également la collaboration des cigarettiers afin de se protéger des initiatives antitabac, sans oublier les courantes questions de la contrebande et des cigarettes douces et légères. Gérard Dubois est professeur de santé publique et correspondant de l’Académie nationale de médecine française.

Le Rideau de fumée est distribué au Québec par Diffusion Dimédia de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal. Le livre de 370 pages coûte 42 $.

Cora sans fumée à Québec

Les huit restaurants Cora de la région de Québec deviendront complètement sans fumée à compter du 21 juin. Cette décision est en grande partie redevable aux interventions de l’Unité québécoise de recherche sur le tabagisme, qui a répondu aux inquiétudes des franchisés. « Avec cette transformation, les Cora de la région deviennent un chef de file dans le domaine et la première chaîne de restaurants, avec service aux tables, à devenir sans fumée », se félicite Élisabeth Lessard, professionnelle à l’Unité qui a travaillé à plein temps sur ce dossier. Depuis la mi-mai, des affiches sur les tables avertissent les clients de la nouvelle politique. Une conférence de presse est prévue pour le 18 juin, peu avant le retrait des cendriers.

Fondée en 1986 par Cora Mussely Tsouflidou, cette chaîne spécialisée dans les copieux déjeuners comporte près de 70 succursales, la plupart au Québec. La direction de la chaîne approuve l’initiative de ses franchisés, qu’elle perçoit comme un test régional. Les huit restaurants en question sont situés aux :

  • 1333-B, route de l’Aéroport, à Ancienne-Lorette;
  • 417, boul. Ste-Anne, à Beauport;
  • 8500, boul. Henri-Bourassa (Carrefour Charlesbourg), à Charlesbourg;
  • 4970, boul. de la Rive-Sud, à Lévis;
  • 9515, boul. de L’Ormière, à Neufchâtel;
  • 710, rue Bouvier, à Québec;
  • 545, rue de L’Église (Jardin St-Roch), à Québec;
  • 1020, route de l’Église, à côté du bureau du Service de lutte contre le tabagisme du Ministère, à Sainte-Foy.
Dunkin ne lâche pas

La transformation des 123 Dunkin’ Donuts québécois en lieux sans fumée progresse bien. Selon la directrice du marketing de la chaîne pour l’Est du Canada, Roxanne Benfason, la plupart des franchisés récalcitrants sont entrés dans le rang, plusieurs d’entre eux étant même aujourd’hui enchantés des nouvelles mesures. Leurs locaux sont plus propres, leurs clientèles plus familiales et leurs chiffres d’affaires plus élevés, rapporte-t-elle. Rappelons que depuis le 1er janvier, la direction de la chaîne oblige ses franchisés à bannir l’usage du tabac ou à aménager (à leurs frais) des salons fumeurs vitrés et ventilés. Avec plus de 5 000 succursales, Dunkin’ Donuts est la plus importante chaîne du genre au monde, servant 4,4 millions de beignes et 1,8 million de cafés par jour. De son côté, sa compagnie sœur Baskin-Robbins dispose de 4 600 comptoirs de crème glacée, dont une trentaine au Québec qui sont tous sans fumée, précise Mme Benfason.

Heather Crowe honorée

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décerné 33 récompenses à des personnalités ou organismes s’étant distingués en faveur de la réduction du tabagisme. Parmi la brochette d’éminents médecins et autres sommités honorés, se trouve une serveuse de restaurant, la Canadienne Heather Crowe, une non-fumeuse qui, atteinte d’un cancer du poumon, consacre les derniers mois de sa vie à revendiquer des lieux de travail sans fumée. Mme Crowe fut au centre d’une campagne médiatique de Santé Canada contre la fumée de tabac ambiante. La militante a aussi rencontré des maires et des ministres du travail pour leur dire qu’elle souhaitait être la dernière personne à mourir à cause de son emploi dans des lieux enfumés. « Son histoire et son combat ont procuré un visage réel à l’impact de l’exposition à la fumée des autres, loin de ce qu’on peut voir dans les films », indique l’OMS. Pour les Amériques, les cinq autres récipiendaires sont les docteurs Eduardo Bianco d’Uruguay, Graciela Gammarra du Paraguay, Eva Lewis Fuller de Jamaïque, Reina Roa du Panama et Stanton Glantz des États-Unis.

Nouveau site de l’Institut

L’Institut national de santé publique du Québec a dévoilé, fin mai, son nouveau site Web remanié, toujours à l’adresse www.inspq.qc.ca. Financé par le ministère de la Santé, l’Institut est né en 1998 d’une volonté d’améliorer la coordination, le développement et la mise à profit de l’expertise de santé publique au Québec. Sa mission s’articule autour de quatre dimensions : l’information, la formation, la recherche et la coopération internationale. Le Laboratoire de santé publique du Québec et le Laboratoire de toxicologie humaine font maintenant partie de l’Institut. Agente d’information et Webmestre de l’INSPQ, Chantal Pelletier est fière du site métamorphosé. « Le nouveau site a été conçu en fonction de l’utilisateur, dit-elle. Son architecture est claire et la navigation est simple, en dépit du fait qu’il contienne énormément d’informations. »

L’Institut se distingue notamment par son congrès d’automne, les Journées annuelles de santé publique. Elles sont de retour à Montréal, du 1er au 4 décembre 2003, à l’hôtel Le Reine Élizabeth.