Le cancer de la bouche : un mal méconnu
Juin 2004 - No 52
Chaque année au Québec, plus de 700 nouveaux cas de cancer de la bouche sont recensés, et environ 300 personnes en décèdent, dont une majorité de fumeurs. Même s’il figure parmi les cancers les plus meurtriers, les Québécois ignorent à peu près tout de cette maladie. Afin de remédier à la situation, l’Ordre des dentistes du Québec (ODQ) a effectué en avril, mois de la santé buccodentaire, une vaste campagne de sensibilisation et de dépistage.
Le cancer de la bouche s’attaque deux fois plus aux hommes qu’aux femmes. Il frappe surtout les personnes de plus de 45 ans. Ses principales causes sont le tabagisme et la consommation excessive d’alcool qui, combinés, ont des effets multiplicateurs. « Un gros fumeurs court 18 fois plus de risques de développer le cancer de la bouche qu’un non-fumeur, et s’il consomme aussi beaucoup d’alcool, le ratio grimpe à 80 », explique le Dr Robert Salois, président de l’Ordre des dentistes du Québec. Peu répandu au pays, l’usage de tabac à chiquer et à priser augmente les possibilités d’être un jour atteint; c’est également le cas d’une alimentation pauvre en fruits et légumes.
Les plus fréquents symptômes d’un cancer buccal sont des plaies ou des ulcères qui ne guérissent pas au bout de deux semaines. Des excroissances aux lèvres, ou encore des taches rouges ou blanches sur les gencives, la langue ou le rebord des lèvres, peuvent également être des signes avant-coureurs de cette affection. Puisque la plupart des lésions buccales sont indolores, l’ODQ recommande aux gens de bien examiner leur bouche de temps à autre, lorsqu’ils se brossent les dents. Les personnes qui pensent avoir un des symptômes mentionnés devraient consulter un professionnel de la santé.
En raison de son faible taux de détection, les probabilités de survivre à ce type de cancer n’ont presque pas évolué au cours des 30 dernières années. Pourtant, plus il est dépisté tôt, plus les chances de guérison augmentent. Cinq ans après un diagnostic de cancer buccal, huit personnes sur 10 survivent si leur maladie a été détectée dès le début. Découverte à un stade avancé, ce ratio diminue à deux sur 10.
Sauver des vies grâce au dépistage
En février, l’Ordre des dentistes du Québec a publié, à l’attention de ses 4 000 membres, un supplément au Journal dentaire du Québec sur le dépistage précoce du cancer buccal. Disponible en français et en anglais, ce guide scientifique incite les spécialistes de la santé buccodentaire à intégrer le dépistage de cette maladie à leur pratique régulière.
« C’est la première fois que l’Ordre des dentistes du Québec soumettait un thème unique à l’ensemble de ses membres dans le cadre du mois de la santé buccodentaire, dit Sylvie Vallières, directrice des affaires publiques et des communications à l’ODQ. En renseignant nos professionnels et la population sur la menace constituée par le cancer de la bouche, on espère que plusieurs vies seront sauvées grâce à la détection hâtive de la maladie. »
Au cours des mois d’avril et mai, une vingtaine de cliniques de dépistage ont d’ailleurs été organisées dans les différentes régions du Québec. En se présentant à la Clinique dentaire mobile de la Fondation de l’Ordre des dentistes du Québec, les intéressés pouvaient se faire examiner gratuitement. « Plus d’une soixantaine de personnes par jour se sont présentées à ces cliniques, signale Mme Vallières. Les gens apprécient énormément ce service, ne serait-ce que pour se faire dire qu’ils n’ont rien et que tout est beau. »
Dépliants disponibles
Un dépliant destiné au grand public a également été produit par l’ODQ. Le document, Votre dentiste peut vous éclairer sur le cancer de la bouche, énonce les principaux risques et symptômes de ce cancer. Distribué dans les centres dentaires et Centres d’abandon du tabagisme du Québec, il est aussi disponible à la direction des affaires publiques et des communications de l’Ordre des dentistes du Québec, au 1-800-361-4887.
Josée Hamelin