La réussite des tentatives d’arrêter de fumer va de pair avec l’intensité de la participation au groupe

Dans le cadre d’un programme du type Vivre mieux sans fumer, plus un fumeur persiste dans sa participation aux activités du groupe d’abandon du tabac, plus sa chance est forte de ne plus être un fumeur, six mois après la fin des rencontres, quand on l’interroge à ce sujet. 

Voilà une des observations faites par Hawa Sissoko, agente de recherche à la Direction de santé publique de Montréal, observation qu’elle a communiquée aux délégués à la 6e Conférence nationale sur le tabagisme ou la santé, laquelle se tenait dans la métropole québécoise en novembre. Ainsi donc, la science confirme l’intuition.

Le programme Vivre mieux sans fumer (VMSF) tel qu’il est appliqué sur l’île de Montréal (voir note 1) prévoit une série de huit rencontres hebdomadaires précédée d’une séance d’information, l’usage de matériel écrit et audiovisuel, ainsi que la possibilité d’utiliser en parallèle une thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) ou une autre aide pharmacologique.

Mme Sissoko et ses coéquipiers chercheurs ont observé le cheminement d’un échantillon de 253 participants au programme VMSF au sein de 24 groupes en activité à partir de l’automne 2007 et durant l’année 2008, sur l’île de Montréal. Les francophones constituaient 85 % des participants et les femmes 63 %. La moyenne d’âge dans les groupes était de 55 ans, avec un écart-type de 11,5 ans.

À la fin du programme, 49,2 % des participants avaient cessé de fumer  alors que 10,4 % déclaraient avoir réduit leur consommation. Six mois plus tard, il ne restait que 19 % des 253 personnes présentes à au moins une réunion qui persistaient à ne pas s’adonner au tabagisme. Certains participants n’avaient cependant pas suivi le programme jusqu’au bout. Chez les 191 participants présents jusqu’à la quatrième rencontre, on observait 58 % de non-fumeurs à la fin du programme, et encore 21,4 % de non-fumeurs six mois plus tard, ce qui est un résultat nettement supérieur au résultat moyen (13,9 %) observé par les scientifiques américains auprès de la clientèle de semblables thérapies de groupe. Tous ces taux d’abstinence se basent sur l’hypothèse que les non-répondants et les « décrocheurs » sont restés ou redevenus fumeurs.

Six mois après la fin du programme, 87 % des nouveaux non-fumeurs déclaraient que celui-ci les avait aidés à trouver des stratégies pour surmonter les difficultés. De plus, 75 % jugeaient que le programme leur avait appris à mieux gérer le stress. Quant aux participants qui ont recommencé à fumer avant la fin des six mois, 28 % d’entre eux ont invoqué les symptômes de sevrage comme la principale cause de leur rechute, cette cause se classant en tête des causes invoquées. Seulement 44 % de l’ensemble des participants avaient utilisé une aide pharmacologique à la désaccoutumance au tabac, et cela même si la RAMQ et les autres assureurs-santé sont tenus légalement de rembourser au patient une telle aide lorsqu’elle est l’objet d’une ordonnance, et même si le candidat à l’arrêt tabagique peut obtenir des TRN grâce à une ordonnance collective, ce qui l’exempte de devoir dénicher un médecin de famille.

Mme Sissoko souhaite que les stratèges de l’arrêt tabagique identifient les moyens pour prolonger la participation des fumeurs inscrits aux rencontres de groupe, et pour augmenter l’utilisation des aides pharmacologiques.

Pierre Croteau

Note [1] :  La première mouture de ce programme a été conçue en Montérégie il y a plus d’un quart de siècle et s’est vite répandue dans plusieurs autres régions du Québec.