Nouvelles brèves

Selon une compilation effectuée par l’Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario (OTRU), le Québec était en 2008-09 la province canadienne dont les dépenses par habitant consacrées à la lutte contre le tabagisme étaient les plus élevées, avec un total de 4,21 $C par tête. L’Ontario suivait en dépensant 4,12 $C par habitant. La proportion des fumeurs parmi les Québécois demeure cependant un peu plus élevée que parmi les Ontariens.

Des paquets neutres dès 2010?

À moins de trois mois d’élections générales en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord, le gouvernement du Royaume-Uni a manifesté le 1er février son intention d’imposer aux fabricants de tabac de vendre leurs produits dans des emballages neutres et uniformisés, ce qui donnerait suite aux directives d’application de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac, et serait un précédent mondial. Alors que les sondages montrent déjà une avance des conservateurs sur les travaillistes, au pouvoir depuis 1997, le parti du premier ministre Gordon Brown devra donc aussi composer avec l’hostilité des multinationales du tabac, dont deux ont d’ailleurs leur quartier général dans le pays. Actuellement, 36 % des adultes au Royaume-Uni sont des fumeurs, une prévalence que le gouvernement voudrait diminuer de moitié d’ici 2020.

Habitudes et tendances

Au pays, le nombre de cigarettes consommées par les fumeurs est directement relié à leur âge : plus ils sont âgés, plus leur consommation est élevée. Par ailleurs, parmi les fumeurs canadiens qui ont eu, au cours de l’année, pour une raison ou une autre, une consultation avec un médecin, plus de 40 % déclarent qu’ils n’ont pas reçu du médecin un avis d’arrêter de fumer. Enfin, les adeptes du cigarillo au Canada sont trois fois plus nombreux chez les hommes que chez les femmes.

Voilà un échantillon de trois faits épars qu’on peut trouver dans Tobacco Use in Canada : Patterns and Trends, un ouvrage de 100 pages dont les nombreux diagrammes colorés offrent une vue saisissante sur la réalité tabagique au pays.

À partir des données de 1999 à 2008 de l’Enquête de surveillance sur l’usage du tabac au Canada, les auteurs, David Hammond et Jessica Reid, de l’Université de Waterloo, en Ontario, montrent l’évolution et l’état récent de la prévalence du tabagisme, de la consommation de cigarettes, et de l’usage des autres produits du tabac, chez les hommes et les femmes, à différents âges, et dans différentes provinces. D’autres pages traitent des intentions et des tentatives d’arrêter de fumer, ainsi que des ressources utilisées par les fumeurs et anciens fumeurs. Une troisième section reprend l’analyse et l’applique au tabagisme juvénile.

L’édition 2009 du document a été lancée lors de la sixième Conférence nationale [canadienne] sur le tabagisme ou la santé, en novembre à Montréal. www.tobaccoreport.ca

1,15 million $ pour la campagne De Facto

Dans le cadre de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, le ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Yves Bolduc, a annoncé une subvention de 1,15 million $ à la campagne De Facto de la Fédération québécoise du sport étudiant (FQSE), une campagne qui vise à dénormaliser l’industrie du tabac et ses produits auprès des jeunes de 12 à 15 ans.

Cet appui financier permettra à la FQSE d’accentuer ses efforts, notamment grâce à une campagne télévisuelle à l’échelle du Québec. Il y aura aussi de l’affichage dans les établissements d’enseignement, dans des événements sportifs interscolaires, ainsi qu’hors du contexte scolaire. On rejoindra ainsi non seulement les jeunes, mais aussi leur entourage.

Il s’agit d’un travail important, signale le ministre Bolduc, puisque les statistiques de prévalence du tabagisme des jeunes fumeurs, bien qu’allant en s’améliorant, demeurent préoccupantes. Pour le ministre de la Santé, les actions menées dans le cadre de la campagne De Facto sont cohérentes avec l’esprit du Plan d’action québécois de lutte contre le tabagisme, qui vise trois objectifs fondamentaux : prévenir l’adoption d’habitudes tabagiques chez les jeunes, aider les fumeurs et fumeuses à abandonner l’usage du tabac et protéger la population contre la fumée de tabac dans l’environnement.

Moins de fumeurs en 2009?

Pas moins que 18 % de la population québécoise de 15 ans et plus fume la cigarette, alors que ce taux de prévalence atteint maintenant 17 % au pays dans son ensemble. Ces estimations, qui sont celles de la première partie de l’année 2009 de l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC), ont été rendues publiques le 8 février dernier.

Lorsqu’on compare ces taux de prévalence à ceux de la première partie de 2008 (comparaison méthodologiquement correcte), ou à ceux de l’ensemble de l’année 2008 (raccourci courant), la comparaison révèle, d’une façon ou d’une autre, une baisse d’un point de pourcentage, au Québec et au Canada. Les résultats de l’enquête de Statistique Canada comportent cependant des marges d’erreur supérieures à la baisse indiquée. La prudence reste donc de mise avant de conclure à la preuve d’un nouveau recul du tabagisme, entre 2008 et 2009.

Cette prudence est encore plus nécessaire lorsqu’on traite des estimations faites à partir de fractions de l’échantillon de personnes interrogées par les sondeurs. Le bond soudain de 17 % à 20 % de fumeurs parmi les Québécois de 15 à 19 ans, après une baisse ininterrompue de ce taux depuis 2002, pourrait ne pas refléter la réalité de l’univers étudié. L’avenir le dira.