Des cellules de la joue pour dépister le cancer du poumon

Du 29 octobre au 3 novembre, au Palais des Congrès de Montréal, plus de 5 000 chercheurs spécialisés en médecine thoracique, venus des quatre coins du monde, ont présenté leurs plus récentes découvertes. Cette 71e édition du congrès annuel CHEST, organisée par l’American College of Chest Physicians (ACCP), a entre autres permis d’apprendre qu’on pourra bientôt dépister le cancer du poumon à l’aide de cellules situées à l’intérieur de la joue.
Découverte canadienne

Parmi les recherches présentées, celle de la Dre Bojana Turic a particulièrement attiré l’attention. Directrice des affaires cliniques et régulatrices chez Perceptronix Inc, une firme d’innovation technologique de Vancouver, la Dre Turic souhaite mettre au point un test de dépistage simple qui pourrait être effectué lors des visites chez le dentiste. Pour ce faire, elle s’est inspirée d’études récentes indiquant que lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer, les noyaux des autres cellules du corps peuvent subir certaines transformations, même si elles sont très éloignées du site de la tumeur maligne. Ces transformations – qui n’évoluent pas en d’autres tumeurs comme le font les métastases – sont détectables dans les cellules recouvrant l’intérieur de la bouche. La Dre Turic a établi des liens entre ces dernières et le début des cancers pulmonaires chez les sujets à risque.

Détection rapide

Cette nouvelle technologie risque d’avoir un impact énorme sur la réussite des traitements du cancer du poumon. « On considère que ces cancers sont soignables, mais dans la plupart des cas, ils sont détectés beaucoup trop tard, indiquait la Dre Turic lors d’une conférence de presse où ses recherches ont été présentées pour la première fois. Nous croyons que le dépistage précoce est la clé pour réduire la mortalité due au cancer du poumon et nous avons donc concentré nos efforts pour le détecter dès ses débuts. »

L’ennemi : le tabac

Le président de l’ACCP, le Dr Michael Alberts, n’a pas hésité à dénoncer les causes de cette maladie, dont seulement 15 % des victimes réussissent à guérir. « L’ennemi principal ici, c’est le tabac », lançait-il avant de présenter les découvertes des membres de son association. « Le tabagisme est la cause principale du cancer pulmonaire. C’est notre devoir en tant que professionnels de la santé d’encourager nos patients fumeurs à écraser et, lorsqu’ils sont prêts à le faire, de les référer vers des ressources d’abandon tabagique faisant partie d’un ensemble de soins intégrés. » L’ACCP est d’ailleurs l’une des premières organisations à avoir émis des mises en garde contre les risques associés à la consommation de tabac, au début des années 1960.

À tous les ans, une section du colloque CHEST est dédiée aux enjeux reliés au tabagisme. Lors de cette édition, on a également présenté les travaux de la New-Yorkaise Virginia Reichert, directrice du Center for Tobacco Control du North Shore-Long Island Jewish Health System, qui portaient sur la perception des fumeurs inscrits à un programme de cessation tabagique. Une proportion étonnante – 71,9 % des femmes et 59,4 % des hommes – croit toujours que la nicotine cause le cancer. « Les gens fument pour obtenir la drogue dont ils sont devenus dépendants, la nicotine, mais cette drogue elle-même n’est pas cancérigène, indiquait-elle dans un communiqué. Son système de livraison, la fumée de cigarette, qui elle est bourrée de centaines de substances chimiques toxiques inhalées en même temps que la nicotine, l’est. »

ACCP

L’American College of Chest Physicians est une société médicale sans but lucratif regroupant 16 500 membres provenant d’une centaine de pays. Créée en 1935, elle a pour mission de promouvoir la prévention et le traitement des maladies thoraciques par l’éducation, la recherche et la communication. L’ACCP produit un périodique mensuel en 23 000 exemplaires, organise annuellement un colloque scientifique, offre des formations d’appoint, effectue des représentations auprès des décideurs et finance de nombreux projets de recherche.

Julie Cameron