Nouvelles brèves

Les prisons fédérales respirent

L’interdiction de fumer aussi bien dans les aires extérieures des prisons fédérales canadiennes qu’à l’intérieur des bâtisses est entrée en vigueur, par étapes, sans qu’on ait assisté jusqu’à présent à une émeute ou à des actes de violence qu’on puisse attribuer à l’application de ce règlement à une population d’environ 13 000 détenus. Les étapes étaient les suivantes : d’abord dans les pénitenciers à sécurité maximale (5 mai), puis dans ceux à sécurité moyenne (20 mai), enfin dans ceux à sécurité minimale et dans les établissements pour femmes (2 juin).

L’agent de relations publiques du Service correctionnel canadien pour la région du Québec, Jean-Yves Roy, n’a eu connaissance d’aucun incident fâcheux qui soit survenu dans les douze pénitenciers fédéraux au Québec, peuplés par environ 3 400 détenus. De la violence, le président pour la région du Québec du Syndicat des agents correctionnels canadiens, affilié à la CSN, Pierre Dumont, a déploré qu’il y en ait trop souvent dans nos prisons, mais il n’y en a pas eu davantage du fait du nouveau règlement, tranche-t-il. Le syndicaliste s’est réjoui que le Service correctionnel canadien ait « mis ses culottes » (sic) et mis fin à une situation où ses employés étaient parmi les seuls travailleurs canadiens à ne pas être protégés contre la fumée ambiante sur l’ensemble des lieux de leur travail. Pierre Dumont a ajouté que plusieurs détenus aussi se plaignaient de la fumée ambiante.

Le service des relations publiques du Service correctionnel canadien croit que l’annonce répétée du nouveau règlement longtemps à l’avance, couplée à plusieurs offres de produits de désaccoutumance aux détenus, expliquent une part du succès de l’opération. Au 30 avril, 1 632 détenus dans les prisons fédérales au Québec s’étaient inscrits en 2008 à une cure de désaccoutumance au tabac, a précisé Jean-Yves Roy.

Cannabis et cancer du poumon

En fumant régulièrement son joint, l’adepte de la marijuana augmente autant ses risques d’être frappé par le cancer du poumon qu’en fumant vingt cigarettes. C’est ce que révèle un article paru en janvier dans European Respiratory Journal. Selon le Dr Richard Beasley, de l’Institut de la recherche médicale de Nouvelle-Zélande, à l’origine de l’article, la fumée du cannabis contient encore plus de substances cancérigènes, notamment les hydrocarbures aromatiques polycycliques, que la fumée du tabac. L’étude mentionne également que la façon traditionnelle dont les consommateurs de cannabis fument, c’est-à-dire sans filtre et jusqu’à la toute fin du joint, accroît aussi le risque. Les fumeurs de cannabis ont en outre tendance à aspirer plus profondément et plus longtemps la fumée du joint, ce qui facilite sensiblement le dépôt des particules cancérigènes dans les voies respiratoires, ainsi que l’absorption de monoxyde de carbone, ajoute le docteur Beasley.

Fumer avec un enfant à bord : mise à jour

L’Assemblée législative de l’Ontario a voté le 16 juin une loi interdisant de fumer dans un véhicule où prend place un passager de moins de 16 ans. Le gouvernement McGuinty a notamment fait valoir que la fumée secondaire peut être jusqu’à 27 fois plus concentrée dans une automobile que dans la demeure d’une personne qui fume. Les contrevenants seront passibles d’une amende s’élevant à 250 $. L’interdiction de fumer s’appliquera autant aux véhicules qui roulent qu’à ceux qui sont stationnés, et vise l’ensemble des véhicules automobiles, que les vitres, le toit ouvrant, la capote ou les portes soient ouvertes, ou non. La date d’entrée en vigueur de la loi n’est pas encore connue.

Pendant ce temps, une loi semblable appliquée en Nouvelle-Écosse depuis le 19 avril a donné lieu à l’émission d’un avertissement à une personne surprise en flagrant délit. Un seul avertissement donné depuis le début, a confirmé Steve Machat, directeur du programme de contrôle du tabac au ministère de la Santé à Halifax. Au Québec, la section québécoise de l’Association pulmonaire canadienne a réclamé une interdiction semblable à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai. Le ministre Couillard a répété qu’il ne compte pas retoucher à la Loi sur le tabac avant 2010.

Moins de plaintes au sujet de la fumée

Entre le 1er avril 2006 et le 31 mars 2007, le Service de lutte contre le tabagisme (SLCT) du ministère québécois de la Santé, qui veille à l’application de la Loi sur le tabac, a reçu 3 166 plaintes relatives à l’usage du tabac dans des lieux où c’est prohibé, contre 2 253 plaintes entre le 1er avril 2007 et le 31 mars 2008. Il s’agit donc d’une baisse de 29 % dans les plaintes de ce type reçues au cours d’une année. En parallèle, le nombre de visites d’inspection menées en rapport avec l’usage du tabac a chuté de 6 646 à 3 157 de 2006-07 à 2007-08, soit 53 % moins de visites.

On ne doit cependant pas croire que les plaintes contre la fumée illégale étaient moins sérieuses en 2007-08 que l’année précédente, car 501 constats d’infraction avec amende avaient été émis par le SLCT en 2006-07, alors que 446 furent émis en 2007-08. En proportion de 100 plaintes reçues, cela donne 15,8 amendes en 2006-07 contre 19,8 amendes en 2007-08. D’évidence, les visites n’ont pas été inutiles. Info-tabac a donc demandé au Service de lutte contre le tabagisme pourquoi il y avait eu tellement moins de visites d’inspection relatives à l’usage du tabac en 2007-08 que durant l’année précédente. Eh bien, c’est parce que l’interdiction de fumer dans les bars, les tavernes, les brasseries et les restaurants entrait en vigueur le 31 mai 2006, et que dans les jours précédant et suivant cette date, le SLCT a effectué des visites d’inspection systématiques de plusieurs établissements dans divers secteurs visités, sans attendre de recevoir de plaintes, une campagne qui avait gonflé la statistique du nombre de visites d’inspection en 2006-07. Quant à elles, les visites d’inspection menées à la suite d’une plainte exigent davantage de planification et de temps en déplacements.

Les ventes de clopes clopinent

Des vidéastes en herbe auront beau s’exciter avec leurs films sur YouTube montrant des bars et discothèques de Paris où on pouvait encore se faire enfumer copieusement ce printemps, l’interdiction de fumer dans les bars et les restaurants en France, en vigueur depuis le 2 janvier, n’a pas été sans réduire les occasions d’enfumer ses voisins. Et la consommation de tabac du même coup! La Fédération des industries du tabac a annoncé au début de mai que depuis janvier dernier, les ventes journalières de produits du tabac en France avaient baissé en moyenne de 5 % par rapport à la moyenne journalière durant les quatre premiers mois de 2007. Il s’agit d’une diminution significative, qui préoccupe vivement les vendeurs de tabac et réjouit les défenseurs de la santé.

La locataire Fowler préfère s’en aller

Le 17 avril 2008, le juge Normand Amyot de la Cour du Québec a ordonné à Sandra-Ann Fowler de ne plus fumer dans son appartement. Le bail de madame Fowler ne contenait pas de clause écrite interdisant de fumer dans son logement. En revanche, sur la feuille que la propriétaire, Olesia Koretski, lui avait fait remplir avant de lui louer l’appartement à partir du 1er août 2006 — ce genre de formulaire où les locataires fournissent des renseignements pour gagner la confiance du locateur —, sur cette feuille, il était écrit en caractères gras majuscules : « ABSOLUTELY NO PETS AND NO SMOKERS. » Pas d’animaux de compagnie et pas de fumeurs. Puisqu’il n’y avait rien d’écrit de tel dans le bail, la Régie du logement du Québec donna raison à la locataire le 4 juillet 2007 : elle avait le droit de fumer dans son appartement.

Mais à l’étage du dessous, l’infirmière asthmatique Olesia Koretski et sa famille n’ont pas trouvé que c’était une juste fin à l’histoire. L’affaire a abouti devant une cour de justice. Le juge a cassé la décision de la Régie du logement et estimé que madame Fowler ne pouvait pas prétendre qu’elle n’avait pas remarqué la règle à propos du tabagisme, alors qu’elle avait négocié avec sa propriétaire une exemption à propos de la présence de son petit chien. Madame Fowler n’ira pas en appel et a choisi de quitter l’immeuble à la fin de juin 2008.

Marjolaine Imbeault, chef du Service

Au début de mai, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a annoncé la nomination de Marjolaine Imbeault au poste de chef du Service de lutte contre le tabagisme. Elle remplace Lise Talbot, qui poursuit sa carrière au ministère de l’Éducation après huit années en tête du Service. Gestionnaire expérimentée, Mme Imbeault a œuvré au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale dans diverses fonctions reliées à l’application des lois, aux enquêtes et à l’amélioration des services. Dans le cadre de ses fonctions, elle a su développer des collaborations avec des partenaires des secteurs public, privé et communautaire.

La Dre Marie Rochette, directrice de la promotion de la santé et du bien-être au Ministère, de qui relève le secteur des habitudes de vie, dont le tabagisme, est convaincue que l’expérience, les compétences et le dynamisme de Mme Imbeault apporteront beaucoup au Service de lutte contre le tabagisme. Cette unité comporte une soixantaine d’employés et est dotée d’un budget d’environ vingt millions $. Mme Imbeault nous a raconté qu’elle s’était préparée au concours menant à sa sélection en lisant notamment des bulletins Info-tabac trouvés sur Internet.

Fini les fumoirs

En plus de la disparition des étalages, au 31 mai, entrait en vigueur une autre disposition de la Loi sur le tabac du Québec, celle sur les fumoirs, laquelle a fait beaucoup moins jaser. Jusque-là, les employeurs avaient toujours le droit d’offrir à leur personnel des fumoirs avec ventilation indépendante. Sachant qu’elles devaient les démanteler avant juin 2008, rares sont les firmes qui en disposaient encore. Les quatre fumoirs les plus célèbres de la province, ceux de l’Hôtel du Parlement, ont bel et bien été fermés, a assuré à Info-tabac le directeur des relations publiques de l’Assemblée nationale, Patrick Gilbert. « Tout le monde doit maintenant aller fumer dehors, je ne sais pas exactement où parce que je ne fume pas personnellement », a-t-il déclaré. Le groupe de pression Monchoix.ca, entièrement financé par l’industrie du tabac, s’était indigné que le gouvernement ait retenu une loi qui excluait la fumée des bars et des restaurants dès mai 2006, mais permettait les fumoirs encore deux ans pour le personnel des compagnies ou des organismes, tel que l’Hôtel du Parlement où la loi fut votée.

JASP 2008

Se tenant au Centre des congrès de Québec du 17 au 20 novembre 2008, la 12e édition des Journées annuelles de santé publique (JASP) inclura une Rencontre francophone internationale sur les inégalités sociales de santé. Voulant souligner le 400e anniversaire de la fondation de Québec, ce forum mondial occupera les deux premières journées des JASP et attirera environ 800 personnes, surtout d’Europe, d’Afrique et du Canada.

Les JASP 2008 offriront des activités de formation continue sous le thème « Influencer l’histoire ». Les participants y aborderont les principales fonctions de la santé publique, dont la protection, la promotion, la prévention et la surveillance, sous l’éclairage des meilleures pratiques présentées par le biais d’une dizaine d’activités thématiques, de tables rondes et de nombreuses communications scientifiques. La promotion du congrès se fait essentiellement par son site Web, au www.inspq.qc.ca/jasp.