Arrêter de fumer est un but; arrêter à deux est une méthode

« Pour faire comme les autres. » Voilà pourquoi, selon ses dires, Francis-Olivier Grégoire avait commencé à fumer, à l’âge de 12 ans. En cachette de ses parents, au début.

Après sept ans de tabagisme, rendu à un paquet de cigarettes par jour, le jeune homme en a eu assez. Et pour mettre la chance de son côté dans sa tentative d’arrêter de fumer, il s’est inscrit au Défi « J’arrête, j’y gagne! » de 2008 et a fait participer sa petite amie en même temps au combat. Valérie Duhaime fumait elle aussi. Les deux complices ont affronté ensemble les tentations et résisté avec succès, en découvrant notamment les vertus du patin à roulettes pour passer au travers d’épisodes de manque aigu de nicotine.

Des histoires semblables, tristes au début et qui tournent bien, le Défi « J’arrête, j’y gagne! » permettrait d’en raconter des dizaines de milliers, au bout de ses neuf ans d’existence. Personne ne sait comment finissent toutes les histoires, mais en 2004 comme en 2000, des sondages ont révélé que plus du tiers des personnes qui s’étaient inscrites aux six semaines du Défi n’avaient pas recommencé à fumer après six mois. 22% des volontaires de 2006 n’avaient pas recommencé à fumer douze mois plus tard.

Profil des volontaires

Sur les 19 014 inscriptions au Défi de 2008, on comptait 11 171 femmes et 7 843 hommes, autrement dit 58 % de femmes. Cette armée de femmes et d’hommes désireuse d’en finir avec le tabac avait en moyenne 39 ans.

Les femmes formaient 60 % de l’effectif en 2003, contre 61 % en 2004 et 63 % en 2006. Comme d’habitude, le Défi de cette année a donc mieux réussi à recruter les fumeuses que les fumeurs, alors que les femmes qui fument sont moins nombreuses au Québec que les hommes. La persistance d’une certaine réserve masculine ne peut pas s’expliquer par l’ignorance que les hommes auraient de l’existence du Défi « J’arrête, j’y gagne! ». Un sondage Léger Marketing réalisé cette année a indiqué que 77 % de la population adulte au Québec a déjà entendu parler du Défi, ou lu ou vu quelque chose à ce sujet, ce qui est une marque dont Acti-Menu, qui coordonne l’événement, peut se réjouir à bon droit.

Commanditaires du Défi

Faire s’engager des fumeurs et des fumeuses dans une entreprise de renoncement au tabac, ou susciter l’engagement de personnes à manger plus de fruits et légumes et à faire davantage d’exercice : voilà certes des opérations qui nécessitent la mobilisation de bien des volontés, comme on pouvait l’observer lors de la célébration de clôture commune du 9e Défi « J’arrête, j’y gagne! » et du 4e Défi Santé 5/30, le 24 avril à Montréal.

Le directeur national de la santé publique au Québec, le Dr Alain Poirier, a déclaré lors de cette fête qu’il préfère financer des efforts pour répandre de saines habitudes de vie que de regarder sans réagir 43 % des fonds publics québécois s’engloutir chaque année dans le soin des maladies. Le Dr Martin Juneau, de l’Institut de cardiologie de Montréal, a ajouté que l’insuffisante prévention en matière de tabagisme, d’activité physique et d’alimentation mène aux maladies du système cardiovasculaire, qui sont la première cause d’engorgement des salles d’urgence. Prévenir coûte moins cher.

De leur côté, les pharmacies Jean Coutu ont donné cette année encore des milliers de trousses d’accompagnement aux volontaires du Défi « J’arrête, j’y gagne! ». Comptaient aussi parmi les partenaires de la 9e édition la division québécoise de la Société canadienne du cancer, Novartis et Pfizer, fournisseurs de produits de désaccoutumance au tabac, Vacances Transat et Énergie Cardio. Ces deux firmes ont offert les prix aux gagnants de tirages au sort faits parmi les 12 000 vainqueurs des six semaines du Défi.

Baisse des inscriptions

Malgré de nombreuses apparitions médiatiques du comédien Jici Lauzon, figure emblématique et voix du Défi « J’arrête, j’y gagne! » en 2008 ; malgré le travail constant de l’équipe d’Acti-Menu ; malgré environ 146 000 visites du portail www.defitabac.ca en 2008 ; les inscriptions ont encore baissé cette année. Avec 19 014 recrues, l’entreprise reste un succès. Toutefois, après les sommets de 38 200 inscriptions en 2002 et de 37 900 en 2004, l’effectif avait chuté à 25 400 inscriptions en 2007, et a touché en 2008 son creux historique. Le chargé de projet chez Acti-Menu, Philippe Jacques, souligne que la période d’inscription a été cette année raccourcie de deux semaines, ce qui suffirait à expliquer le résultat moins bon qu’en 2007.

Avec un nombre de fumeurs environ 1,4 fois plus grand en Ontario qu’au Québec, le défi ontarien Mettre un frein à la cigarette, tenu lui aussi cet hiver, a recruté 26 632 personnes s’engageant à arrêter de fumer, contre 26 967 en 2007.

Pierre Croteau