20 400 Québécois relèvent le «Défi J’arrête. J’y gagne!»

Les organisateurs du Défi J’arrête. J’y gagne! ont eux-mêmes remporté leur pari. Ce concours québécois de cessation tabagique, qui en était à sa première édition, a dépassé son objectif de 20 000 inscriptions. Pas moins de 20 400 fumeurs et fumeuses se sont engagés, par le biais d’un bulletin d’inscription signé et validé par l’adhésion d’un parrain, à ne pas fumer du 1er mars au 11 avril.

À la lumière d’expériences comparables qui ont eu lieu ailleurs, le groupe Acti-Menu, promoteur du défi, avait placé la barre assez haute, car 20 000 fumeurs, pour le Québec, cela représente pas moins de 1,3 % d’entre eux. « Il s’agissait d’un objectif assez optimiste. Nous ne savions pas du tout si cela allait marcher. Nous sommes vraiment ravis de la compilation finale. Au-delà de 1 %, c’est un beau succès populaire compte tenu du changement de vie qui est attendu de chacun des participants », a déclaré Louise Labrie, coordonnatrice du Défi.

Commandité par le ministère de la Santé du Québec et par le gouvernement du Canada, lesquels ont fourni chacun 200 000 $, le Défi J’arrête. J’y gagne! fut lancé le 20 janvier au bureau montréalais de la Société canadienne du cancer, en présence du ministre délégué Gilles Baril et du secrétaire parlementaire du ministre fédéral de la Santé, le député Yvon Charbonneau.

Plusieurs vedettes écrasent

Devant la presse, les animateurs Gaston L’Heureux, parrainé par le Dr Richard Lessard, directeur de la DSP Montréal-Centre, et Éric Rémy, soutenu par le comédien Jean-Marie Lapointe, ont donné le coup d’envoi en s’engageant à écraser avant le 1er mars.

D’autres personnalités des médias ont emboîté le pas par la suite. Parrainé par son fils Olivier, l’humoriste Pierre Légaré a finalement promis de se sevrer de la nicotine. Le chanteur Gildor Roy a renchéri, soutenu par l’humoriste Michel Barrette. Ce dernier a affirmé qu’il se rendrait de Montréal à Chicoutimi en vélo si son protégé réussissait son défi.

La chroniqueuse artistique Nathalie Petrowski, pas toujours tendre envers les organismes antitabac, s’est aussi inscrite au Défi, motivée par son fils Louis. Quant à l’animateur de loteries Yves Corbeil, il a pris un billet pour une vie sans fumée, parrainé par son fils Olivier. Enfin, le comédien Patrice Bissonnette, de l’émission Virginie, était encouragé par l’animateur Claude Charron.

La participation de personnalités connues du public, en plus de sa valeur exemplaire, a suscité une promotion importante de la campagne dans les médias. Parmi les émissions qui ont le plus collaboré au Défi, signalons Liza, sur Radio-Canada, qui en a traité trois fois.

Des affiches géantes

Le Défi J’arrête. J’y gagne! s’était aussi mérité l’appui de sociétés d’affichage et de transport en commun. Environ 460 autobus et 53 enseignes géantes ont arboré la publicité jaune et bleu du Défi. Il est très rare qu’un organisme de santé puisse s’offrir une telle visibilité, pourtant courante dans l’industrie du tabac.

Partenaire de cette campagne, la Société canadienne du cancer a vu son service téléphonique envahi par plus de 6000 appels de janvier à mars, dont 600 le jour même du 1er mars, visant l’obtention de renseignements ou du dépliant officiel. Quant au Conseil québécois sur le tabac et la santé, il a répondu à 750 demandes de matériel de la part d’entreprises voulant s’impliquer; il a aussi hébergé le Défi sur son nouveau site Internet.

Abstinence récompensée

Des prix d’une valeur totale de 40 000$ seront distribués parmi les fumeurs qui auront maintenu leur abstinence. Le tirage au sort se fera dans une certaine discrétion puisque les gagnants ne pourront être confirmés qu’après avoir passé un test de monoxyde de carbone, prouvant leur nouveau statut de non-fumeur.

En incluant l’apport des parrains, cette campagne aura impliqué plus de 40 000 personnes. En outre, toute la publicité du concours, d’une valeur estimée d’environ deux millions $, alimente l’actuel climat de désistement tabagique auprès de la population. La firme Écho Sondage a évalué que 40 % des Québécois avaient entendu parler du Défi.

Il est déjà prévu que cette initiative sera renouvelée en 2001 et en 2002. De surcroît, le docteur Gilles Pineau, codirecteur d’Acti-Menu avec son confrère Louis Gagnon, a indiqué qu’une version jeunesse du Défi pourrait se tenir dès l’automne. « C’est d’abord aux adultes de donner l’exemple », a-t-il lancé pour expliquer pourquoi les adolescents ne pouvaient pas prendre part à l’activité.

Le Défi J’arrête. J’y gagne! a bénéficié de la collaboration des Directions régionales de la santé publique et de groupes de médias, en particulier d’hebdomadaires régionaux et de postes de radio. Les noms des principaux gagnants seront publiés dans le prochain Info-tabac.

Nouvelle édition du guide

Fait peu rapporté, le programme santé Acti-Menu a profité du Défi pour réviser et rééditer son fameux guide de cessation Emprise sur le tabac. La nouvelle version, publiée en 40 000 exemplaires, s’intitule J’arrête. J’y gagne!, ou Quit to win! en version anglaise. Elle est maintenant disponible sans frais dans les CLSC, grâce au support d’Hydro-Québec et de Glaxo Wellcome, le fabricant du Zyban.

Ce guide de 16 pages en couleur, de format 21 x 28 cm, est de lecture facile en plus d’être agrémenté d’une foule d’illustrations amusantes. Il est divisé en quatre étapes simples : J’y pense, Je me prépare, Je passe à l’action et Je continue. On peut regretter que ce bel outil de cessation ne soit pas distribué gratuitement dans tous les foyers québécois.

Denis Côté