Investir dans la lutte antitabac est très rentable

À Montréal, deux jours avant les annonces du 5 avril, un regroupement de 90 organismes avait demandé au gouvernement québécois de consacrer une portion importante de l’éventuelle hausse de taxe à la lutte contre le tabagisme, soit 75 millions $.

Formé à l’initiative de la Coalition québécoise, le groupement a rendu publics, d’une part un sondage de Léger Marketing démontrant que la population approuverait une telle mesure, et d’autre part une recherche évaluant les économies en soins de santé découlant d’investissements majeurs.

Selon le sondage, 74 % des fumeurs et 79 % des non-fumeurs seraient tout à fait, ou assez d’accord, pour que « toutes les nouvelles taxes sur le tabac servent à financer des programmes de prévention du tabagisme et d’aide aux individus qui veulent cesser de fumer ». Les 1007 répondants québécois étaient composés de 30 % de fumeurs, ce qui semble être la nouvelle prévalence.

Se basant sur les résultats de programmes antitabac américains, les chercheurs du Groupe d’Analyse Économique ont calculé les économies qu’entraînerait, pour le ministère de la Santé, une chute de la prévalence de 30 à 20 % sur dix ans, résultant d’un investissement annuel de 25 millions $. Selon les méthodes d’évaluation, le bénéfice sur dix ans – le coût du programme moins les frais en soins de santé évités – irait de 245 à 769 millions $. Un effort annuel de 75 millions $, tel que demandé, diminuerait de moitié la proportion de fumeurs (de 30 à 15 % sur dix ans) et se solderait en un bénéfice allant de 35 à 820 millions $.

Les investissements antitabac sont donc populaires pour le gouvernement et rentables pour le ministère de la Santé. Les années de vie sauvegardées et la souffrance évitée, inhérente à plusieurs maladies liées au tabagisme, n’ont pas été prises en compte dans ces calculs.

Denis Côté