Santé Canada simplifie sa structure de lutte au tabagisme
Mars-Avril 2000 - No 31
En plus de proposer une série de 16 nouveaux avertissements illustrés pour les paquets de cigarettes, Santé Canada a profité de la Semaine nationale sans fumer, à la fin de janvier, pour rendre publics deux rapports qui, bien que peu couverts par les médias nationaux, devraient intéresser les intervenants en tabagisme.
Le Rapport sur la lutte contre le tabagisme présente les activités que le gouvernement du Canada a entreprises en 1999 dans ce domaine et il examine ses orientations futures. Il brosse un portrait de la prévalence et des méfaits du tabagisme pour ensuite résumer les quatre buts de la stratégie nationale, soit la prévention, l’abandon, la protection et la dénormalisation. La définition retenue pour ce nouvel objectif est de « Renseigner les Canadiennes et les Canadiens sur les stratégies de marketing et les tactiques de l’industrie du tabac ».
Regroupement des activités
Santé Canada signale avoir réuni pour la première fois dans une même direction générale toutes les activités relatives au tabac; les secteurs de cette direction sont l’élaboration de politiques, la recherche, la réglementation, la surveillance de conformité et l’éducation du public. Doté d’un budget global de 20 millions $ par année, le Bureau de la lutte au tabagisme compte un effectif de 105 employés à temps plein, dont 45 à Ottawa. Actuelle PDG de l’Agence d’hygiène et de sécurité du travail, le Dr Gillian Lynch en assumera la direction générale à compter du 1er mai.
Bien que cela ne soit pas expliqué dans le rapport, cette nouvelle structure simplifiée a pour but de réduire la lourdeur du processus décisionnel qui caractérisait les multiples départements auparavant impliqués dans les dossiers du tabac.
En 1999, le secteur de la Réglementation s’est surtout consacré à diminuer l’achat des cigarettes par les mineurs et à développer une nouvelle génération d’avertissements pour les paquets; il tentera aussi, notamment, d’établir une réglementation plus vigoureuse de l’étalage des produits. Le secteur de l’Éducation a mené des enquêtes sur le marketing du tabac et sa parade possible, la dénormalisation; il a lancé une série d’annonces télévisées frappantes, dont certaines visent directement l’industrie du tabac. En mai et en octobre, des fonctionnaires ont commencé l’examen de documents de British American Tobacco, en Grande-Bretagne.
Le rapport signale que le secteur Élaboration de politiques poursuit la défense de la Loi (fédérale) sur le tabac, contestée par l’industrie, et a lancé une poursuite contre JTI-Macdonald pour encouragement à la contrebande. Ce secteur a aussi contribué à une légère augmentation des taxes et a parrainé des activités internationales de lutte contre le tabagisme. Le gouvernement du Canada est un important partisan des efforts antitabac de l’Organisation panaméricaine de la santé et de l’Organisation mondiale de la santé.
Enfin, le secteur Recherche et surveillance s’est penché sur la compréhension des effets des thérapies de remplacement de la nicotine et sur une stratégie visant à modifier éventuellement la fabrication des produits du tabac pour les rendre moins nocifs.
27 % de fumeurs au Québec?
En janvier, Santé Canada a aussi dévoilé les résultats de la phase 1 de son Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC), basée sur 10 000 entrevues téléphoniques automatisées, réalisées auprès de 500 répondants de 15 à 24 ans et de 500 autres de 25 ans et plus dans chacune des dix provinces. En pondérant les données recueillies en fonction de l’importance des groupes d’âges et des provinces, l’enquête conclut que 25 % des Canadiens de 15 ans et plus fument tous les jours ou à l’occasion.
Pour le Québec, la proportion de ces fumeurs actuels ne serait que de 27 %, soit bien inférieure aux estimations habituelles qui tournent autour de 33 %. L’enquête suggère que la prévalence québécoise aurait presque rattrapé la moyenne canadienne chez les plus de 25 ans, ce qui n’est toutefois pas confirmé par d’autres sondages. L’utilisation du sondage automatisé, alors que le répondant est rapidement livré à une boîte vocale interactive, pourrait avoir causé le désistement de personnes peu scolarisées ou guère sympathiques au thème du questionnaire, parmi lesquelles se trouveraient une grande proportion de fumeurs.
L’enquête révèle que le taux de tabagisme des Québécois de 15 à 19 ans est le plus élevé au pays, soit de 36 %, comparativement à 24 % en Ontario ou à 20 % en Colombie-Britannique. Les dix feuillets résumant l’ESUTC, abordent aussi, entre autres, la cessation, l’appui aux mesures gouvernementales antitabac et l’utilisation du cigare.
On peut obtenir copies de ces deux rapports auprès du département des publications de Santé Canada, au (613) 954-5995. Par Internet, il est possible d’accéder aux documents, en format PDF, en passant par la page d’un communiqué de Santé Canada daté du 20 janvier. Quant au nouveau Bureau de la lutte au tabagisme, sa page d’accueil se trouve à www.hc-sc.gc.ca.
Denis Côté