RAP antitabac en Montérégie

Que faut-il pour réunir la ministre Pauline Marois, le comédien Anthony Kavanagh, le militant antitabac Rob Cunningham et le maire de Longueuil, Claude Gladu, sous un même toit? Un grand rassemblement de jeunes en Montérégie qui célèbrent la vie sans fumée.

C’est le 20 mars qu’a eu lieu le lancement officiel du Ralliement des ados pour une jeunesse en santé (RAP), un projet de la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux de la Montérégie pour lequel on a choisi cette année le thème du tabagisme. On ne s’est pas contenté d’une petite cérémonie et de quelques discours de circonstance; ce fut plutôt une explosion d’énergie qui a duré environ sept heures, avec une gamme très variée de spectacles, de musique et de défoulement collectif d’adolescents provenant d’une quarantaine d’écoles de la région.

Mme Marois s’est prêtée de bon gré à un match d’impros, format Ligue nationale d’improvisation, opposant élus et autres responsables adultes à une équipe d’adolescents du Collège Charles-Lemoyne, où se déroulait l’événement. Un des moments forts du match a sans doute été la prestation pas tout à fait musicale du Dr Luc Boileau, directeur de la Santé publique de la région, qui devait expliquer en chantant comment son cœur ne battait que pour une conseillère municipale de Saint-Jean, Mme Lise Dallaire-Durocher…

Plus tard, on a eu droit au procès de « Miss Tobacco », accusée de toute une série de manoeuvres douteuses pour induire les jeunes à fumer. Sans parler de jeux, de pièces de théâtre, de chansons et du spectacle IN VIVO très attendu du groupe Monopode.

Pour Guylaine Sirois, coordonnatrice de l’événement, l’un des aspects les plus impressionnants de la journée a été le nombre élevé de participants : 600 jeunes en provenance d’un peu partout dans la région. Il y en aurait probablement eu un bon millier si la crise du verglas du mois de janvier n’avait pas perturbé les préparatifs dans plusieurs établissements : 99 écoles, soit 80 % des 125 écoles montérégiennes, se sont inscrites à cette première année du programme RAP et se sont engagées à réaliser des activités de prévention du tabagisme par une sensibilisation des jeunes par les jeunes.

Le programme RAP de cette année s’insère dans le plan d’action de la Montérégie en prévention du tabagisme, qui comprend quatre volets :

  • la prévention du tabagisme chez les jeunes du niveau secondaire, à travers la Gang allumée pour une vie sans fumée – version montérégienne;
  • la réduction de l’accessibilité des produits du tabac auprès des jeunes, entre autres avec des achats de contrôle (voir notre numéro de novembre 1996);
  • la protection des non-fumeurs dans les lieux de loisirs municipaux;
  • la mobilisation pour le contrôle du tabagisme en Montérégie.

On vise évidemment une synergie entre ces différents volets, qui était d’ailleurs bien en évidence au rassemblement du 20 mars. On a même organisé une session « parallèle » pour les adultes, avec une conférence très intéressante du militant et auteur Rob Cunningham sur l’histoire et la réglementation du tabac qui a sans doute sensibilisé certains élus à l’importance de l’enjeu.

L’impact à long terme d’un événement ponctuel de ce genre n’est évidemment pas mesurable : y aura-t-il moins de fumeurs dans la région dans cinq ans, et pourra-t-on savoir exactement pourquoi? Par contre, l’effet mobilisateur dans les écoles, parmi les parents et aussi parmi les décideurs est très clair. Bien des adultes qui ont aidé à organiser les projets dans les écoles ont d’ailleurs déjà signalé leur intérêt à continuer le travail l’année prochaine.

Autre impact non négligeable : l’implication des jeunes tout au long de l’année et l’apprentissage du leadership dans un contexte pro-santé favorisera sans doute l’émergence d’une nouvelle génération de décideurs particulièrement sensibles à l’importance de la prévention.

Francis Thompson