Des milliers de nouveaux ex-fumeurs en Outaouais

Dans une société qui raffole de loteries, de casinos et de bingos, quoi de mieux qu’un grand concours pour convaincre les fumeurs d’écraser? C’est une des stratégies gagnantes adoptées par la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux de l’Outaouais, qui cette année a convaincu 2 200 nicotinomanes de la région de relever le défi d’une vie sans tabac.

C’est la quatrième fois de suite que la Régie organise le concours Le 1er mars j’arrête. Cette année, on a battu le record pour le nombre d’inscriptions, et il y a une grande nouveauté : le service de santé d’Ottawa-Carleton, de l’autre côté de la Rivière des Outaouais, s’est joint au projet et a aussi recueilli 2 200 inscriptions.

La grande visibilité médiatique du concours, qui compte beaucoup de médias régionaux parmi ses commanditaires, explique sans doute en bonne partie son succès étonnant : le taux de notoriété du concours dépasse les 60 % en Outaouais. La collaboration de nombreux employeurs permet aussi la distribution massive d’affiches et de dépliants annonçant le tirage, surtout en milieu de travail : cette année, on parle de 71 000 dépliants et 4 300 affiches distribués du côté québécois (120 000 dépliants et 7 200 affiches du côté ontarien, où travaillent bien sûr beaucoup de Québécois).

Grâce à l’aide d’autres commanditaires, les organisateurs du concours peuvent aussi offrir des prix alléchants pour stimuler l’intérêt. Cette année, le premier prix (tiré le 1er avril, parmi les participants qui n’ont pas eu de rechute) est un an de location gratuite d’une voiture, offerte par un concessionnaire local; il y a aussi deux billets d’avion pour la Floride, et un montant de 1 000 $ à tirer.

Il faut souligner que le concours n’est pas qu’un simple prétexte pour sensibiliser la population aux méfaits du tabagisme, mais bien un programme de cessation efficace. Un sondage auprès des participants au concours a montré qu’après huit mois, 27 % de ceux qui s’étaient inscrits avaient réussi à tenir le coup et n’avaient pas recommencé à fumer.

Ce taux de réussite se compare favorablement à celui de bien des programmes de cessation beaucoup plus coûteux. D’ailleurs, selon les calculs de la responsable du concours, Ghislaine Lemay, il n’en coûte qu’environ 100 $ par sevrage réussi – 100 $ à comparer à des dizaines de milliers de dollars en économies de coûts de santé et de perte de productivité.

« Les gens s’accrochent au concours comme à une bouée de sauvetage », note Mme Lemay, elle-même étonnée que certains fumeurs soient incapables de cesser de fumer uniquement pour des raisons de santé et qu’ils aient besoin d’un événement public comme ce concours pour vaincre leur dépendance.

Le concept de concours de cessation, déjà assez courant aux États-Unis durant les années 1980, pourrait maintenant se répandre ailleurs au Québec. Plusieurs ont demandé des précisions à Mme Lemay sur les modalités à suivre pour organiser un tel tirage.

Francis Thompson