Québec dévoile son plan quinquennal antitabac
Hiver 2002 - No 39
Le 13 décembre dernier, par le biais d’un communiqué, le ministère de la Santé et des Services sociaux a levé le voile sur son Plan québécois de lutte contre le tabagisme 2001-2005. Ce document de 28 pages présente succinctement le problème médical et social que constitue le tabagisme. Il énonce les orientations ministérielles, les stratégies d’intervention et les objectifs généraux. En annexe, il rappelle les programmes et le budget de l’année en cours (15 millions), laquelle se termine le 31 mars 2002.
« Chaque année au Québec, 12 000 décès sont attribuables au tabagisme, c’est pourquoi le gouvernement intensifie ses actions pour réduire l’ampleur de ce problème de santé publique », indiquait au début du communiqué la ministre Agnès Maltais, alors responsable du dossier du tabac et maintenant remplacée par Roger Bertrand. « Tous les secteurs de la société et l’ensemble de la population doivent se mobiliser pour lutter contre le tabagisme », concluait-elle.
Le nouveau plan d’action porte sur un horizon menant jusqu’en 2005, année où doit être déposé un rapport de mise en oeuvre de la loi québécoise sur le tabac, en vertu d’une de ses dispositions. Il s’appuie sur une stratégie d’ensemble comportant quatre volets : la prévention, la cessation, la protection et la recherche.
Au volet de la prévention, qui semble toujours prioritaire, on envisage, entre autres, d’introduire à l’école des activités pédagogiques visant les enfants de 10 à 13 ans. La mobilisation d’adultes significatifs pour les jeunes, notamment leurs parents, est aussi à l’ordre du jour. Comme objectif général, le ministère entend « inciter les décideurs et les acteurs de tous les secteurs de la société à adopter une approche qui favorise le non-tabagisme dans le cadre de leurs activités ».
Concernant la cessation, le plan prévoit la poursuite du financement public des aides pharmacologiques, le lancement d’un service téléphonique, le dépistage et counselling par les professionnels de la santé, des activités de communication et un soutien aux services d’abandon. Le document ne mentionne pas d’objectif chiffré quant à la prévalence, laissant cette responsabilité au nouveau Programme national de santé publique. Il rappelle que les Priorités nationales de santé publique 1997-2002 souhaitaient que la proportion de fumeurs soit baissée à 28 % pour cette année ce qui aurait été réalisé dès 2000. Étrangement, le texte ne fait état, ni de la remarquable baisse du tabagisme québécois rapportée par les récents sondages, ni du déclin de l’image de cette habitude. « Le tabagisme est donc encore perçu comme normal et il est accepté par la société », lit-t-on dans la présentation du problème de société.
Quoique fort prometteur par son impact indirect sur la cessation et la prévention, le volet de la protection est très brièvement résumé. Le ministère souhaite publiciser les méfaits de la fumée du tabac et faire respecter sa Loi sur le tabac. La population sera incitée à promouvoir le non-tabagisme dans les lieux fermés, qu’ils soient couverts ou non par la loi.
Intitulé « Connaissance et surveillance – Recherche – Évaluation », le dernier volet a pour objectif de suivre l’évolution du tabagisme au Québec. Le ministère surveillera aussi des activités de l’industrie du tabac, notamment par l’obligation, pour celle-ci, de remettre des rapports conformes à un éventuel règlement adopté en vertu de la loi. Le gouvernement évaluera la pertinence d’impliquer les fabricants dans le financement de la lutte antitabac et des coûts des maladies associées au tabagisme; on peut supposer qu’une telle implication découlerait d’une poursuite.
Coalition satisfaite
La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a accueilli avec satisfaction le Plan québécois. « Dans l’ensemble, la stratégie est positive et représente, sans aucun doute, le plan de lutte contre le tabac le plus ambitieux jamais élaboré au Québec. De nombreux points, comme la promotion d’une éthique sociétale et la sensibilisation à la problématique de l’exposition à la fumée secondaire, méritent notre plus haute considération », soutiennent ses dirigeants, Louis Gauvin et Heidi Ratjhen, dans leurs commentaires envoyés au Dr Richard Massé, chef de la Direction générale de la Santé publique, dont relève le Service de lutte contre le tabagisme.
Pour sa part, François Damphousse, de l’Association pour les droits des non-fumeurs, considère que le ministère hésite encore trop à adhérer à la stratégie de la dénormalisation du tabac. Bien en contact avec les programmes nord-américains ayant connu les meilleurs succès, son organisme propose que les campagnes antitabac jettent le blâme sur l’industrie plutôt que sur les fumeurs. Cette tactique est particulièrement efficace chez les adolescents, a observé M. Damphousse.
Pour obtenir un exemplaire du Plan québécois de lutte contre le tabagisme 2001-2005, il suffit de télécopier sa demande au (418) 644-4574.
Denis Côté