Nouvelles brèves

Provinces contre l’industrie

Après cinq ans de démarches juridiques, la Colombie-Britannique vient de remporter une manche importante contre les grands cigarettiers. Elle souhaite récupérer les milliards de dollars que son système de santé a dû débourser pour soigner les personnes devenues malades des suites de leur tabagisme. Le 20 mai, la Cour d’appel de la province a donné raison au gouvernement, dans un litige qui l’oppose aux trois principaux fabricants canadiens.

Alors qu’elle avait été discréditée en instance inférieure, la Loi sur le recouvrement du coût des soins de santé a été jugée constitutionnelle. La Société canadienne du cancer s’est réjouie de cette décision. « Il est primordial que les compagnies de cigarettes soit tenues responsables d’avoir trompé les gens sur les méfaits de leurs produits, affirme l’analyste politique Rob Cunningham. J’espère que ce jugement encouragera d’autres provinces à intenter des procès semblables contre l’industrie du tabac. »

Satisfaite de ce développement, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac demande au gouvernement du Québec de s’inspirer de la poursuite. « Le jugement de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique confirme la position des groupes de santé de partout au Canada, qui considèrent absurde que les contribuables doivent absorber les coûts faramineux de traitement des maladies associées au tabac, alors que les compagnies continuent à générer des profits et à inciter les Canadiens, surtout les jeunes, à commencer à fumer », commente le porte-parole de la Coalition, Louis Gauvin.

De son côté, le Conseil canadien des fabricants de tabac a déjà annoncé que les compagnies ont l’intention d’en appeler du jugement. Si la Cour Suprême du Canada accepte leur requête, une autre étape sera requise avant que le province ne dispose du feu vert pour sa poursuite.

Stade Uniprix

Début avril, Tennis Canada a annoncé que ses installations du parc Jarry à Montréal se nommeraient désormais « Stade Uniprix », cela pour au moins 10 ans. Entièrement rénové en 1996, en grande partie aux frais des contribuables, le complexe avait perdu son appellation de « Stade du Maurier » en octobre 2003, grâce aux dispositions des lois canadienne et québécoise sur le tabac.

« Il s’agit sans aucun doute de l’une des meilleures possibilités de commandite au Québec, et nous avons su la saisir », a souligné avec fierté le président d’Uniprix, François Castonguay. Contrairement à la commandite du cigarettier, qui en théorie ne s’appliquait qu’au court central, celle d’Uniprix englobe l’ensemble du centre sportif, dont les courts intérieurs ouverts à l’année. Fondé en 1977, Uniprix est la deuxième plus importante chaîne de pharmacies au Québec, avec un chiffre d’affaires de 1,1 milliard $ et 200 succursales.

Un autre important soutien du secteur de la santé profitera au siège de Tennis Canada, à Toronto. Construit au coût de 45 millions $, le centre « Rexall » sera inauguré cet été. Il tire son nom des produits maison du groupe pharmaceutique Katz, le plus grand consortium de pharmacies du Canada anglais. Les meilleurs joueurs mondiaux masculins s’y affronteront du 24 au 31 juillet. Quant au Stade Uniprix de Montréal, agrandi d’un nouveau court de 4 250 sièges, il accueillera les meilleures dames lors de la Coupe Rogers, du 31 juillet au 8 août. Manifestement, Tennis Canada, qui a fait la promotion de marques d’Imperial Tobacco pendant 24 ans, a bien avalé la pilule de l’interdiction des commandites du tabac.

Nunavut et Territoire du Nord-Ouest sans fumée

Depuis le 1er mai, il est interdit de fumer à l’intérieur des lieux publics du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest. Adopté en novembre dernier, le Règlement sur la fumée de tabac ambiante dans les lieux de travail du Worker’s Compensation Board (l’équivalent de notre CSST) aura un impact majeur sur la population inuite, qui compte 70 % de fumeurs. Appliqué aux restaurants et aux bars, le règlement empêche aussi de fumer dans un rayon de trois mètres de l’entrée des établissements. En cas de non-respect, les fumeurs fautifs s’exposent à une amende de 500 $, tandis que les gestionnaires pris à tolérer la consommation de cigarettes devront payer 5 000 $.

Saskatchewan et Manitoba sans fumée

Le 12 mai, le ministre de la Santé de la Saskatchewan, John Nilson, a introduit à l’assemblée législative de sa province, un projet de loi qui interdira l’usage du tabac dans tous les lieux publics intérieurs. Si la législation entre en vigueur au 1er janvier 2005, tel que prévu, il ne sera plus permis de fumer dans les restaurants, bars, salles de bingo, casinos, salles de quilles et clubs privés de la Saskatchewan. Un peu plus tôt ce printemps, le gouvernement du Manitoba avait déposé une réglementation similaire, dans le but de protéger entièrement les non-fumeurs de la fumée de tabac dans l’environnement. Cette mesure devrait s’appliquer dès le 1er octobre prochain.

Dans les provinces atlantiques, le Nouveau-Brunswick prévoit déposer un projet de loi sur la fumée ambiante pendant la session parlementaire en cours. La législation devrait entrer en vigueur la fin de l’année 2004 ou au début de 2005. Quant à la Nouvelle-Écosse, elle envisage de mettre fin, pour 2008, aux concessions accordées par sa loi en vigueur depuis janvier 2003; il est encore permis de fumer dans les bars après 21h, de même que dans des salles fermées de restaurants ne regroupant pas plus que 25 % des places.

Heather Crowe écrit au ministre Couillard

Serveuse pendant quarante ans pour subvenir aux besoins de sa famille, l’Ontarienne Heather Crowe n’a jamais fumé de sa vie, et pourtant, elle se meurt d’un cancer du poumon causé par la fumée de tabac. Souhaitant « devenir la dernière Canadienne à mourir à cause de la fumée secondaire au travail », elle a écrit en février au ministre de la Santé Philippe Couillard. Elle lui demande de renforcer les dispositions de la législation québécoise qui concernent la protection des non-fumeurs.

« Vous êtes le ministre responsable de la Loi sur le tabac. Il vous incombe donc d’aider les employeurs à remplir leur devoir légal. Vous les aideriez en mettant en vigueur des lois et des règlements pour interdire l’usage du tabac dans tous les lieux de travail, sans aucune exception », revendique-t-elle.

Le ministre Philippe Couillard est effectivement en charge du dossier du tabac au Québec. Lors du changement d’adjoint parlementaire à la Santé, il a repris la responsabilité directe de ce volet de la prévention. Son nouvel adjoint parlementaire, le Dr Pierre Marsan, n’assume donc pas la relève du député démissionnaire Russell Williams concernant le tabac.

Brad Pitt ne fume plus

Après avoir fait la promotion de l’usage du tabac au grand écran pendant bien des années, Brad Pitt a finalement cessé de fumer. Le célèbre acteur américain a dû se soumettre à un entraînement physique intense pour le tournage du film Troie, qui porte sur la guerre du même nom, où il tient le rôle d’Achille, guerrier de la mythologie grecque. « Je suis maintenant heureux du choix que j’ai fait, car ma consommation de tabac me tuait à petit feu, a-t-il confié en avril au magazine allemand Cinema. Au début, la cigarette me manquait beaucoup, mais l’agressivité occasionnée par mon sevrage, m’a servi à mieux incarner mon personnage. »

Selon le site Internet américain Smoke Free Movies, les adolescents qui voient leurs idoles fumer à l’écran ont jusqu’à 16 fois plus de risques que les autres de devenir fumeurs.

Institut national de santé publique

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a récemment embauché une coordonnatrice adjointe qui supervisera les travaux de sa nouvelle unité de recherche sur le tabagisme. Responsable des futures études de l’unité, Louise Guyon sera assistée par deux agents. Une des personnes recherchées par l’INSPQ devra détenir une formation en épidémiologie, alors que l’autre disposera de compétences en matière d’évaluation de programmes. Une fois ces postes comblés, la nouvelle équipe devrait amorcer ses premières recherches dans le courant de l’été.

De plus, l’Institut finalise actuellement deux avis scientifiques sur le tabagisme; le premier portant sur la prévention chez les jeunes et le second sur le concept de la dénormalisation. En raison du déménagement de l’Unité des communications, et du volet Développement des individus et des communautés (dans des nouveaux locaux situés au 500 boul. René-Lévesque Ouest, à Montréal), les activités en cours ont été ralenties. Les deux avis devraient donc être achevés d’ici l’automne.

Pilule pour écraser et maigrir

Fabriqué par la compagnie pharmaceutique française Sanofi-Synthelabo, le « Rimonabant » est le premier médicament expérimental à s’attaquer aux deux principales causes des maladies cardiaques : l’obésité et le tabagisme. Lors du congrès annuel de l’American College of Cardiology, qui se tenait en mars à la Nouvelle-Orléans, des chercheurs de l’Université de Cincinnati (Ohio) et de l’Université Laval (Québec) ont dévoilé des résultats d’essais cliniques sur ce comprimé.

À l’Université de Cincinnati, 787 grands fumeurs se sont prêtés aux expérimentations. Plus du tiers (36 %) d’entre eux, auxquels le Rimonabant a réellement été administré, sont demeurés non-fumeurs après 10 semaines, cela sans engraisser. Alors qu’un sujet sur cinq (20 %), ayant reçu le placebo, a réussi à s’abstenir durant cette période, tout en prenant 1,1 kg en moyenne.

Du côté de l’Université Laval, où on a étudié le cas de 1 036 individus aux prises avec une surcharge pondérale importante, 75 % des sujets ont réussi à perdre 5 % de leur poids après un an, contre 27 % de ceux sous placebo. En plus de favoriser l’amaigrissement, la molécule a également un impact positif sur la haute pression, le cholestérol et le taux de glucose sanguin. La pilule sera en vente aux Etats-Unis d’ici un an ou deux sous la marque Accomplia.

Budget ontarien

C’est au Québec que les cigarettes sont les moins chères au Canada, suite à la hausse de 2,50 $ de la taxation ontarienne, annoncée lors du dévoilement du budget de la province voisine, le 18 mai.

Le ministre ontarien des Finances, Greg Sorbora, qui a cessé de fumer en décembre 2003, a pourtant laissé les militants antitabac sur leur faim. Deux semaines auparavant, dans un discours enflammé livré devant la Conférence ontarienne sur le contrôle du tabac, son collègue de la Santé, George Smitherman, a révélé que le budget provincial allait démontrer à quel point son gouvernement prend au sérieux le problème de la dépendance au tabagisme. « La lutte à venir contre le tabac sera un des défis les plus importants de ce gouvernement, a lancé le ministre Smitherman. C’est assurément un des dossiers qui marquera mon mandat à la Santé. Et j’anticipe d’être jugé sur la façon dont notre gouvernement réussira. »

En fait, le ministre des Finances ontarien n’a que répété un engagement antérieur du gouvernement McGuinty, celui d’interdire de fumer dans tous les lieux publics intérieurs « d’ici trois ans », reportant ainsi l’échéance d’un an, à 2007. Concernant la modeste hausse de taxation, M. Sorbora a spécifié qu’il s’agissait d’un autre pas vers le niveau pancanadien souhaité, lequel se situe environ à 10 $ de plus la cartouche.

L’Inde s’attaque au tabagisme

Après avoir ratifié, en février, la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé, l’Inde a renforcé sa loi sur le contrôle de l’usage du tabac au début du mois de mai. En plus d’interdire de fumer dans les lieux publics intérieurs, la législation empêche également la vente de tabac aux moins de 18 ans, de même que la publicité et la commandite d’événements par les compagnies de cigarettes, rapporte la revue britannique The Lancet.