Nouvelles brèves

Cigarettes oui, Nicorette non

L’Office des professions du Québec vient d’entériner la position de l’Ordre des pharmaciens : soit de confiner la mise en marché des gommes Nicorette aux pharmacies. Le géant pharmaceutique Pfizer souhaitait pouvoir distribuer son produit chez les détaillants d’alimentation, comme cela se fait dans toutes les provinces, sauf à Terre-Neuve et au Québec. « Il est anormal que les cigarettes, un produit mortel, soient en vente libre partout, alors que nos aides à l’arrêt tabagique voient leur distribution strictement contrôlée », déplore Nicolas Pépin de Pfizer Canada.

La rigidité québécoise limite également la distribution d’échantillons, qui ne peut se faire que par l’entremise de médecins ou de pharmaciens. Ailleurs au pays, des échantillons de la nouvelle gomme Nicorette à la menthe givrée sont offerts dans des lieux publics par des mannequins en habits de ski, faisant ainsi allusion à l’enrobage givré du produit.

Pour atteindre les Québécois différemment, Pfizer s’associe à des campagnes, tel que le Défi « J’arrête, j’y gagne! », ou à des émissions de télé, comme par exemple la revue de l’année de Jean-René Dufort, à Radio-Canada, qui coïncidait avec les résolutions du Nouvel An.

Discothèque sans fumée

Une première à Québec, Le Grand Salon, la discothèque hebdomadaire de l’Université Laval, a pris le virage sans fumée le 13 janvier dernier. Très fréquenté, le plancher de danse, qui peut accueillir jusqu’à 900 personnes, constitue le « rendez-vous du jeudi soir » de la jeunesse estudiantine.

C’est à la demande des membres de l’Association des étudiants de premier cycle que Le Grand Salon a choisi cette avenue. En plus d’améliorer la qualité de vie des usagers et des employés, l’Association croit que sa campagne Sans fumée, je t’ai dans la peau! est une bonne occasion de montrer que le tabac n’a pas sa place dans les milieux pédagogiques. Elle espère d’ailleurs que d’autres bars imiteront son initiative.

Fin décembre, le célèbre café Krieghoff, situé sur l’avenue Cartier à Québec, écrasait lui aussi. Ayant longtemps été le repère par excellence de l’élite fumeuse de la Capitale nationale, il n’y restait plus qu’une minuscule section fumeuse qui, selon le propriétaire, était souvent à moitié vide. Pour ceux qui aiment savourer leur café ou leur bière en plein air, le nouveau règlement s’applique également aux deux terrasses de l’établissement.

L’Ontario sans fumée le 31 mai 2006

Respectant une promesse électorale du Parti libéral de Dalton McGuinty, le ministre de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, George Smitherman, a déposé, mi-décembre, un projet de loi qui interdira de fumer dans tous les endroits publics intérieurs à compter du 31 mai 2006. Cette loi mettra fin à la réglementation de type mosaïque qui prévaut en Ontario, alors que bien des municipalités, telles qu’Ottawa, Kingston, Cornwall et Toronto, interdisent déjà l’usage du tabac dans les restaurants et les bars. La loi englobera toute la province et éliminera les salles pour fumeurs.

Plus vague en ce qui concerne l’étalage des produits du tabac dans les points de vente, la loi interdira les présentoirs de comptoir de même que l’exposition des produits, « sauf dans la mesure permise dans les règlements ». Le ministre George Smitherman considère son projet de loi juste et équilibré. « L’usage du tabac et l’exposition à la fumée secondaire constituent la cause de décès la plus évitable en Ontario », a-t-il rappelé.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a salué le dépôt du projet de loi ontarien. « Chaque année au Québec, le tabac tue prématurément 13 000 personnes, a indiqué son coordonnateur Louis Gauvin. Ça suffit, il faut adhérer rapidement aux mêmes principes et obtenir les mêmes droits qu’en Ontario.»

Journée mondiale sans tabac 2005

Cette année, la Journée mondiale sans tabac, qui se tiendra le 31 mai, aura pour thème Les professionnels de la santé et la lutte antitabac. En raison de leur influence et du contact direct qu’ils entretiennent avec leurs patients, les spécialistes de la santé sont invités à participer à l’évolution des mentalités en informant la population des méfaits du tabagisme. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les conseils prodigués par ces médecins, pharmaciens, psychologues, infirmières et autres professionnels constituent un moyen efficace de réduire l’usage du tabac.

Une trentaine d’organisations internationales réunies à Genève en janvier 2004 se sont d’ailleurs dotés d’un « Code de bonne pratique des organisations de professionnels de la santé en matière de lutte antitabac ».

Le 28 janvier, le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) conviait les adolescents non-fumeurs, en particulier ceux et celles qui militent contre le tabagisme dans leur école, à un spectacle professionnel à grand déploiement. Présenté à la Tohu, une nouvelle salle de spectacle montréalaise vouée au cirque, le spectacle « êtreallumé » proposait sur trois scènes des artistes aimés des jeunes, tels que Martin Deschamps, Lulu Hugues, Vincent Vallières, Marie-Pier Perrault et Crampe en masse, ainsi que plusieurs acrobates et danseurs. L’auteur Coriolan a interprété la chanson thème de la soirée, intitulée Penses-y même pas, qui fera l’objet d’un vidéo-clip. Les centaines de jeunes spectateurs, debout sur la piste centrale (à la manière d’un rave), ont aussi eu droit à de la vidéo et de la peinture urbaine sur murale.

Réalisé avec l’appui du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, de Santé Canada et de Pfizer, le spectacle de 90 minutes était diffusé en direct sur le site Internet de la Gang allumée. Il sera présenté en avril sur les ondes de Musique Plus. « Contrairement à la croyance populaire, près de huit adolescents québécois sur dix ont fait le choix d’une vie saine et sans tabac. Le spectacle-événement être allumé leur rend hommage », a déclaré le directeur général du CQTS, Mario Bujold.

Conférence francophone

Les personnes intéressées ont jusqu’au 15 mars pour faire parvenir leurs propositions de communications (affiches ou allocutions), en vue de la 2e Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac (CIFCOT-2), qui se tiendra à Paris, du 18 au 21 septembre 2005. À la mi-janvier, le comité organisateur dévoilait le site Internet de la Conférence, qui reprend les mêmes couleurs et la même adresse que celles de la première édition, laquelle avait lieu à Montréal en septembre 2002. Le site présente notamment les objectifs, le programme et le comité scientifique de la Conférence. Les frais d’inscription, reçus avant le 18 juin, sont de 410 euros (environ 675 $ CAN); ils incluent les réceptions d’ouverture et de clôture, les repas du midi et tous les documents inhérents à la Conférence.

L’objectif principal de cette rencontre internationale est de mobiliser les intervenants francophones contre la pandémie tabagique, et ce, de concert avec le mouvement mondial catalysé par la Convention-cadre de l’OMS. Ce thème sera développé sous quatre axes : dévoilement des stratégies de l’industrie du tabac; partage d’expériences et de connaissances sur les actions et les mesures efficaces de contrôle du tabac; promotion du contrôle du tabac dans les traités, programmes et politiques de développement; établissement des perspectives d’avenir de la lutte contre le tabagisme. « Les choses changent mais l’ennemi est encore vigoureux, pernicieux, puissant, sournois et corrupteur. Nul ne doit baisser la garde car le chemin sera encore long, fait d’avancées et de reculs », écrit le co-président de la Conférence, le professeur Gérard Dubois, dans son message de bienvenue.

Le 8 février, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a causé un précédent en autorisant le premier recours collectif canadien contre une compagnie de tabac. La juge Deborah Satanove a conclu que le plaignant, Kenneth Knight, a bel et bien le droit d’intenter une poursuite de groupe contre Imperial Tobacco Canada. M. Knight soutient que la mise en marché des « douces » et « légères » constitue une pratique commerciale trompeuse, car ces cigarettes ne sont pas moins dangereuses que les marques régulières.

Plutôt contrarié par le jugement, le plus important fabricant de cigarettes au pays a annoncé qu’il en appellerait de la décision d’autoriser le recours. Celui-ci prétend que c’est à la demande du gouvernement fédéral qu’il mis au point ces marques « à faible teneur en goudron ». Impliqué malgré lui dans le dossier, Santé Canada s’était opposé à l’autorisation de ce recours.

Revers au méga-procès

Le méga-procès opposant le gouvernement des États-Unis aux cigarettiers a rencontré un obstacle important, début février, alors que la Cour d’appel du District de Columbia a statué que le département de la Justice ne pouvait réclamer un dédommagement en vertu de la loi sur le crime organisé (RICO). Le fédéral exigeait 280 milliards $ US, représentant les revenus de la vente de tabac à des fumeurs devenus dépendants de la nicotine avant leur majorité.

En raison de cette décision partagée (deux juges contre un), le gouvernement ne peut, tout au plus, que demander des mesures correctives qui empêcheraient de nouvelles infractions. Le nouveau ministre de la Justice, Alberto Gonzales, a plusieurs avenues pour relancer la bataille. Il peut demander une révision du jugement par l’ensemble des juges de la même Cour, ou aller en Cour suprême. Selon l’organisme Campaign for tobacco-free kids, le gouvernement doit poursuivre le procès, estimant que les fabricants pourraient être condamnés à subventionner des programmes de prévention ou de sevrage tabagique.