Nouvelles brèves

Avertissements : injonction refusée

Le 20 septembre, la juge Danielle Grenier, de la Cour supérieure du Québec, a refusé la demande d’injonction de l’industrie du tabac, plaidée une semaine auparavant, qui visait à retarder l’apposition des nouveaux avertissements illustrés sur les paquets de cigarettes. Les trois fabricants canadiens souhaitaient attendre les résultats de leurs propres contestations juridiques de la loi fédérale, ce qui prendra plusieurs années.

La juge Grenier a plutôt retenu les intérêts de santé publique défendus par Santé Canada et la Société canadienne du cancer. Ces avertissements, couvrant la moitié supérieure des paquets, seront donc sur le marché dès décembre 2000, tel que décidé par le gouvernement en juin dernier.

Contrairement à ce qu’ont laissé entendre plusieurs médias, les nouveaux avertissements ne sont pas constitués essentiellement « d’images dégueulasses ». Parmi les 16 messages retenus, seulement quatre reproduisent des organes malades. Des cigarettes, un bébé, des enfants, une femme enceinte et un homme alité, apparaissent notamment sur les 12 autres mises en garde, comme on peut le constater sur Internet, en passant par jarrete.qc.ca.

Recours collectif relancé

Le 3 novembre, la Cour d’appel du Québec a permis la poursuite du projet de recours collectif du Conseil québécois sur le tabac et la santé contre l’industrie du tabac, en renversant une décision prise le 29 février par le juge Jean Normand. Ce dernier avait suspendu la requête du CQTS, invoquant qu’elle semblait trop similaire à celle défendue par le cabinet de Philippe Trudel et Bruce Johnston. Encore situées aux étapes préliminaires, les deux requêtes de recours collectifs québécois seront donc entendues en parallèle. Celle du CQTS porte sur le cancer et l’emphysème, tandis que celle de Trudel et Johnston est axée sur la dépendance à la nicotine et ses méfaits.

Restaurants sans fumée à New York

Par une annonce d’une page publiée dans le New York Times du 31 juillet, une imposante coalition demande que la métropole américaine suive l’exemple de la Californie en interdisant de fumer dans tous les lieux de travail, incluant les petits restaurants, les bars et les clubs de nuit. L’annonce débute ainsi : « LE TUEUR # 1 dans les lieux de travail américains est… La fumée de tabac ambiante. Elle cause le cancer du poumon, des maladies cardiaques, de l’asthme et des maladies respiratoires. Personne ne devrait la respirer pour garder son emploi. »

Parmi les 33 organismes signataires du message, on trouve des organismes de santé, mais aussi des syndicats et des groupes de défense populaires. En 1995, la Ville de New York avait déjà banni le tabac dans la plupart des lieux de travail, incluant les restaurants de plus de 35 places. La coalition indique que les chiffres d’affaires sont encore meilleurs dans les cinémas, les théâtres, les stades sportifs et les restaurants new-yorkais depuis qu’ils sont sans fumée. Selon le réputé guide gastronomique Zagat Survey, New York aura connu un nombre record de 311 nouveaux restaurants au cours de la dernière année.

Pneumologie à l’air de l’an 2000

L’Association des médecins de langue française du Canada a présenté son exposition annuelle, les 12, 13 et 14 octobre au Complexe Desjardins de Montréal, sous le thème de la « Pneumologie à l’air de l’an 2000 ».

À l’origine de nombreuses maladies pulmonaires dont le terrible cancer du poumon, le tabac occupait la vedette de cinq kiosques axés sur la prévention et la cessation, plutôt que sur l’aspect curatif. Ces kiosques étaient animés par des spécialistes des Directions de la santé publique de Montréal-Centre, de Laval et de la Montérégie, de même que du Conseil québécois sur le tabac et la santé. Les passants furent invités à subir des tests de monoxyde de carbone, révélant l’exposition à ce gaz nocif contenu notamment dans la fumée de tabac. Pour sa part, l’Association pulmonaire du Québec faisait la promotion de sa ligne d’aide à la cessation 1-888-POUMON-9, laquelle est en service gratuitement du lundi au vendredi de 13h à 20h.

Commandites assainies

Lancé par le gouvernement du Québec le 4 juillet dernier, le Programme d’abandon de la commandite du tabac n’a attiré que sept candidatures à la date limite d’inscription, soit le 1er octobre. L’International de feux d’artifices de Montréal, le Grand Prix de course automobile de Trois-Rivières et le Festival d’été de Québec, jusque-là respectivement associés aux marques Benson & Hedges, Player’s et du Maurier, font tous les trois partie de ce groupe restreint, ont confirmé leurs représentants à Info-tabac.

Au Québec, ce trio constituait les dernières commandites majeures encore parrainées par le tabac. Les quatre autres grands événements, soit les Internationaux de tennis, le Festival de jazz, le Grand Prix de Formule 1 et le Festival Juste pour rire, tous de Montréal, ont déjà trouvé de nouveaux commanditaires principaux.

De son côté, le ministère a refusé la demande de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, souhaitant que les messages requis, de la part des organismes en échange des subventions de compensation, soient réservés au domaine antitabac; ils pourront donc toucher d’autres secteurs de la santé en conformité avec l’article 74 de la Loi sur le tabac.

Semaine sans tabac : du 14 au 20 janvier

À l’instar des deux dernières éditions, la prochaine Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, du 14 au 20 janvier 2001, aura pour thème l’arrêt tabagique. Coordonnateur national de cette campagne, le Conseil québécois sur le tabac et la santé, proposera cette fois aux fumeurs et fumeuses de lui faire part de leurs réflexions sur la dépendance au tabac. Un nouveau dépliant d’information sera distribué à cet effet dans les pharmacies, les CLSC et les entreprises, avec coupon détachable.

Le Conseil invite ses partenaires habituels, de même que les nouveaux qui voudraient se joindre au mouvement, à faire connaître dans leurs milieux les avantages de la cessation et les manières de surmonter les difficultés souvent rencontrées lors de cette étape. Comme au début de 2000, la Semaine servira également d’introduction au Défi J’arrête, j’y gagne!, un concours d’arrêt tabagique organisé par Acti-menu et culminant le 1er mars 2001.

Appels canadiens aux États-Unis

Le 28 juillet, le ministère fédéral de la Justice a indiqué que le gouvernement canadien allait en appeler de la décision du juge Thomas McAvoy, de la Cour américaine de Syracuse, lequel a bloqué la poursuite d’un milliard $ US pour motif de contrebande intentée contre JTI-Macdonald, le fabricant des cigarettes Export‘A’. Le ministère affirme que la règle de droit citée par le juge McAvoy est caduque et qu’elle a été mise en doute par plusieurs tribunaux américains.

Pour sa part, le gouvernement de l’Ontario revient lui aussi à la charge dans une poursuite déposée aux États-Unis contre l’industrie du tabac. Cette action vise une compensation de 40 milliards $ US pour les frais médicaux occasionnés par les maladies liées au tabagisme. Le 6 septembre, les avocats du ministère ontarien de la santé ont déposé un appel à Washington, pour réviser une décision du juge Paul Friedman qui, le 7 août, a conclu que les torts causés aux fumeurs étaient trop anciens pour permettre un recours légal.

Centre Molson sans tabac

Le Canadien de Montréal vient de mettre fin à 75 ans de partenariat avec l’industrie du tabac, en particulier avec Imperial Tobacco. Cette relation, remontant à l’inauguration de l’ancien Forum, s’est poursuivie avec le déménagement de l’équipe de hockey au Centre Molson en mars 1996.

Comprenant aujourd’hui 22 000 places, l’aréna du Canadien avait toujours servi d’important support publicitaire aux marques de cigarettes. Le tableau indicateur géant était commandité, jusqu’au printemps dernier, par la marque Player’s.

Cet arrêt de promotion du tabac s’harmonise avec le nouveau statut d’« Immeuble non-fumeur », conféré au Centre le 17 décembre 1999. Ces deux améliorations découlent de la Loi sur le tabac du Québec. Depuis bientôt un an, les fumeurs sont refoulés à l’extérieur, dans des fumoirs et dans les cages d’escaliers. La consigne prévaut aussi pour les journalistes et les détenteurs de loges. Les restaurants fermés disposent toutefois de 40 % de places fumeurs. « Les clients non-fumeurs apprécient la transformation, qui s’est bien passée, et ils nous signalent même les fumeurs fautifs », rapporte Maryse Cartwright du Centre Molson.