L’Ontario apporte des améliorations à sa stratégie antitabac

Après avoir constaté que la stratégie de lutte contre le tabac de l’Ontario ne fonctionne pas, la ministre de la Santé, Elizabeth Witmer, a annoncé, le 23 avril dernier, la mise en place d’une nouvelle stratégie antitabac dans la province. Cette année, 10 millions $, en plus des 9 millions $ alloués annuellement, seront donc consacrés aux programmes de lutte au tabac.

La démarche comporte trois volets : des programmes d’éducation du public et de désaccoutumance, un réexamen des mesures coercitives et une poursuite judiciaire intentée contre l’industrie du tabac devant les tribunaux américains. La ministre Witmer indiquait que : « Des mesures efficaces de lutte contre le tabac sont un élément essentiel de la réforme des services de santé. » L’un des objectifs est de réduire l’usage du tabac chez les jeunes, a-t-elle ajouté : « La diminution de l’usage du tabac, particulièrement parmi les enfants et les jeunes, sauvera des vies et réduira le fardeau du système de santé et de notre économie. »

Le ministère de la Santé entend bien joindre ses efforts à ceux du ministère de l’Éducation et de la Formation afin de créer des programmes d’éducation communautaires et de prévention en milieu scolaire. « Notre gouvernement s’est engagé à poursuivre une stratégie antitabac qui conjugue l’éducation, l’action communautaire et les initiatives gouvernementales pour réduire l’usage du tabac. Nous devons faire preuve de dynamisme et d’originalité afin de trouver de nouvelles solutions à ce vieux problème de santé. »

Recommandations

Cette stratégie fait suite aux recommandations présentées dans un rapport modèle intitulé : Actions Will Speak Louder than Words : Getting Serious About Tobacco In Ontario, d’un groupe de spécialistes présidé par Mary Jane Ashley, Ph. D., à la demande de la ministre, en décembre dernier. Après l’étude des plus réputés programmes de lutte au tabac mis en oeuvre ailleurs, notamment dans les États du Massachussetts, de la Californie et de l’Oregon, le rapport propose 29 recommandations relatives à la cessation, à la prévention, à la protection des non-fumeurs ainsi qu’à l’institution de poursuites judiciaires.

Entre autres choses, les spécialistes prônent la hausse des prix du tabac et interpellent le gouvernement fédéral pour qu’il apporte, notamment, des améliorations à la mise en garde et à l’information concernant les ingrédients apparaissant sur les emballages des produits du tabac.

Ce rapport révèle que le tabac tue 12 000 citoyens ontariens par année, soit quatre fois plus que les accidents de la route, le suicide, les homicides et le SIDA combinés. Concurremment, les coûts des soins de santé liés au tabagisme atteignent chaque année plus de 1,1 milliards $ et entraînent un million de jours d’hospitalisation. 2,6 milliards $ sont perdus par la province à cause du tabac. Et, encore aujourd’hui, le pourcentage de fumeurs parmi les jeunes est à peu près le même qu’au début des années 1980. Plus de 250 000 élèves de niveau élémentaire et secondaire fument.

« Les mesures isolées ne fonctionnent pas. Cependant, des programmes complets et adéquatement financés de lutte contre le tabac peuvent réduire rapidement et considérablement l’usage du tabac », a conclu le groupe d’experts.

À la suite de l’annonce du ministre de cette nouvelle campagne antitabac, les experts se sont dit heureux qu’une révision de la stratégie antitabac de l’Ontario ait lieu. Toutefois, le groupe a réagi à l’annonce de la ministre et, dans une lettre lui étant adressée, il a déploré le fait qu’elle ait omis de parler de plusieurs recommandations jugées tout autant importantes.

Lucie Desjardins